Depuis l’entame du tournoi, une impressionnante sérénité se dégage du groupe de Marc Lammers. Les joueurs sont extrêmement concentrés et focalisés sur leurs objectifs. Rien ne semble pouvoir les atteindre et les empêcher d’atteindre les buts qu’ils se sont fixés dans cette compétition. Certains ont d’ailleurs évoqué un véritable déclic avant la victoire historique face à l’Australie, vendredi dernier.
« Les joueurs n’ont plus peur de personne, reconnaît Jef Brouwers, le préparateur mental, de ces Red Lions. Ils possèdent une totale indépendance mentale. Mais attention, soyons bien clair, il est impossible de parvenir à ce niveau sans être parfaitement prêt physiquement, techniquement et tactiquement. Le mental, c’est le dernier aspect qu’il faut travailler. A l’heure actuelle, plus personne ne remet en cause leurs qualités intrinsèques au niveau du hockey. »
Si dans la tête, les Belges semblent imbattables, sur le terrain également, les progrès enregistrés sont impressionnants. Défensivement, ils parviennent à proposer un bloc extrêmement solide structuré. Mais c’est surtout au niveau du pressing et de la récupération de balle que l’évolution est la plus significative. Les Lions récupèrent ainsi un nombre incalculable de balles, ce qui les placent souvent en position de force en zone offensive. « Nous pouvons, aujourd’hui, battre tout le monde. Nous sommes à forces égales avec les meilleures nations mondiales. Mais, attention, cela ne signifie pas que nous gagnerons à chaque fois. »
Mais pour Jef Brouwers, ce constat est la juste récompense d’un travail minutieux entrepris, avec l’équipe, au lendemain des Jeux de Pékin en 2008. « Il s’agit d’une tâche de longue haleine. Ils sont parvenus à devenir indépendants et imperméables à tous les facteurs extérieurs. Aujourd’hui, les joueurs ont terminé de se concentrer sur les autres. Au contraire de nombreuses autres nations, ils se focalisent uniquement sur leurs forces, leurs compétences et leur jeu. C’est l’erreur de nombreux coachs qui pensent avant tout à l’analyse des autres avant de regarder quels sont ses propres points forts et qualités. »
Pionnier dans le domaine du coaching des athlètes, le psychologue, qui collabore également avec l’équipe cycliste Omega-Pharma Quick Step, avec le clan Borlée pour le 4x400m, le staff du club de Bruges, travaille de manière très spécifique. « Je ne travaille, en fait, pas tellement en séances de groupe. Je privilégie des courtes réunions d’une vingtaine de minutes dans laquelle je parle de choses très précises. En fait, je retire toutes les informations utiles des mes séances individuelles et de mon observation de la vie quotidienne en groupe. »
Face à la Nouvelle-Zélande, ce vendredi, à 17 heures, les joueurs ont déjà annoncé la couleur. Ils ne se contenteront pas d’une rencontre pour la troisième place. Et ce qui frappe dans leurs commentaires, c’est qu’ils se préoccupent assez peu de leur adversaire mais qu’ils sont nombreux à évoquer le plaisir de disputer ce match. « Dans la vie, il est essentiel de s’amuser, ponctue encore Brouwers. C’est la base de tout. Si on ne s’amuse pas, cela ne marche pas. Je le répète sans arrêt à tous les athlètes avec qui je travaille. Il y a également le plaisir de faire les choses ensemble, en groupe. On est une équipe et on va tous dans la même direction. Il n’y a pas de différences entre les joueurs. Même entre le staff et les joueurs, on ne ressent pas spécialement de hiérarchie même si tout le monde sait bien qui est le patron. »
Les Red Lions ont donc encore faim dans ce tournoi. Et ce duel face aux Black Sticks aura même une saveur toute particulière puisqu’ils croiseront la route de leur ancien coach, Colin Batch, l’homme qui les avait déjà emmené lors d’une partie du chemin les menant vers les sommets mondiaux. Mais il n’y aura pas de sentiments dans ce duel. Les Belges ne se focalisent plus sur leurs adversaires mais uniquement sur leurs qualités.
Laurent Toussaint, In Le Soir, vendredi 21 juin 2013.