Si le hockey poursuit son développement à vive allure dans notre pays, c’est grâce au travail de forçat fourni, au quotidien, par la Fédération belge (ARBH) et ses deux Ligues, qui doivent, outre l’accompagnement et l’encadrement de leurs membres, proposer un arbitrage de qualité au plus grand nombre. Pourtant, il demeure compliqué de recruter de nouveaux talents, surtout du côté féminin. Sur 256 officiels nationaux recensés à la Fédération (arbitres, coachs d’arbitres et match officers), on dénombre seulement 19 femmes, soit à peine plus de 7 % du total. Un chiffre interpellant alors qu’on atteint pratiquement la parité en termes de membres. « Nous sommes bien dans ces proportions à tous les niveaux, malgré tout le travail déjà mis en place depuis plusieurs années », reconnaît, un brin dépité, Laurent Colemonts, le patron de l’arbitrage belge. « On ne parvient pas à trouver d’explication satisfaisante à ce phénomène. Les deux Ligues ont mis en place de nombreuses initiatives pour y remédier, mais la crise sanitaire les a coupées dans leur élan. Nous souhaitons atteindre un équilibre entre les hommes et les femmes, mais cela semble utopique. »
Pourtant, au niveau des Ligues, on travaille d’arrache-pied pour former de nouveaux talents et on propose un parcours de formation stimulant pour augmenter le nombre de club umpires (ils sont 91 du côté francophone, avec 10 à 15 % de femmes). « Il faut surtout démystifier le côté compliqué et sûr de soi que peuvent véhiculer certains arbitres », embraye Alexandre Plaisant, responsable arbitrage de la Ligue francophone de hockey. « Nous devons montrer que c’est accessible à tout un chacun, quel que soit l’âge ou le sexe. Dans notre programme de formation, nous insistons beaucoup sur les bases, comme la connaissance des règles et le placement. »
Le parcours exceptionnel de Laurine Delforge, l’une des meilleures arbitres du monde, et l’émergence, plus récente, de la Namuroise Céline Martin-Schmets sont donc les deux arbres qui cachent la forêt, comme l’explique Sebastien Michielsen, arbitre international, en charge du développement de l’arbitrage pour la Ligue néerlandophone. « Les hommes sont souvent plus convaincus qu’ils ont raison… même quand ils ont tort. De leur côté, les femmes sont plus réfléchies et elles ont moins tendance à se mettre en avant. Je suis convaincu que plein de femmes possèdent les capacités et le talent pour se lancer, mais elles n’osent pas. Le meilleur exemple à suivre, c’est Pauline Cuypers. A 22 ans, elle a abandonné son casque et ses guêtres pour se lancer totalement dans l’arbitrage, avec beaucoup de réussite. Elle ose et elle se remet en question quand il le faut. »
Un audit, publié en 2010, avait déjà mis en lumière le manque d’arbitres, le peu de respect manifesté à leur égard, leur niveau trop bas par rapport aux évolutions du sport et, enfin, le manque de moyens mis à leur disposition. Dix ans plus tard, la situation a beaucoup évolué et la stratégie s’appuie sur trois axes principaux : attirer plus de femmes vers l’arbitrage, améliorer la qualité du coaching et augmenter le niveau physique général. Pour Laurent Colemonts, le hockey est sur la bonne voie, mais il ne faut pas relâcher l’attention et il faut surtout poursuivre les investissements. « Il y a de plus en plus de joueurs et d’équipes, et il faut accompagner cette courbe ascendante avec de nouveaux arbitres. Les nouveaux clubs ont rapidement compris qu’ils devaient mettre en place une structure arbitrage efficace. Ce n’est pas toujours le cas au sein des clubs historiques. Combien faudrait-il de nouveaux arbitres dans le futur ? C’est difficile à chiffrer. Mais grosso modo, notre objectif est de sortir 40 à 60 nouveaux arbitres nationaux chaque saison. Aujourd’hui, on en proclame 25, mais, dans le même temps, on en perd 20. »
Le niveau général s’est nettement amélioré avec le circuit de formation mis sur pied, et il existe un engouement de plus en plus affirmé pour se consacrer à l’arbitrage. Et si la crise sanitaire a brisé net la dynamique positive de ces dernières années, la reprise sera essentielle pour poursuivre le travail accompli et susciter de nouvelles vocations, avec un focus tout particulier sur le coaching, l’accompagnement et la formation dans les club.
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 20 mars 20201.
Photo : FIH.