Même si, fort logiquement, Shane McLeod tente encore d’évacuer un maximum de pression, à quelques jours du coup d’envoi de la compétition, les Red Lions sont, qu’ils le veuillent ou non, les grands favoris de « leur » Euro. Deuxième au classement mondial, championne du monde et vice-championne d’Europe en titre, la Belgique sera, devant son public, l’équipe à battre, à Anvers. Mais au vu des qualités et du niveau de l’équipe actuellement, le titre européen peut-il réellement lui échapper ? Il est tentant de répondre que non, pour plusieurs raisons. Mais gare à la glorieuse incertitude du sport…
1. Le meilleur bloc défensif et le meilleur gardien du monde
Lors de la conquête du titre mondial, à Bhubaneswar (Inde), en décembre dernier, la Belgique avait remporté la mise car elle s’était montrée tout simplement intraitable au niveau défensif. Dans le dispositif cher au coach néo-zélandais, c’est le bloc qui défend. A onze. Le pressing est souvent haut et quasi constant. Dans le hockey moderne, la rigueur défensive constitue la clé incontestable pour remporter des matches, car elle permet de prendre le contrôle sur la rencontre. « La Pro League nous a permis de poursuivre notre processus de développement », se réjouit le mentor des Lions. « Mais le challenge de cette préparation est incontestablement que les joueurs soient prêts pour disputer le tournoi continental le plus difficile au monde. Chacun devra évoluer à son meilleur niveau afin que l’équipe soit la plus compétitive possible. Ce n’est que de cette manière que nous aurons une chance de conquérir le titre, mais surtout d’empocher le ticket pour les Jeux de Tokyo, ce qui demeure bien notre plus grand objectif en 2019. » En outre, les Red Lions peuvent s’appuyer sur Vincent Vanasch, le meilleur gardien du monde (2017 et 2018), pour asseoir la solidité défensive de l’équipe et tenir la baraque lorsque la pression se fait trop forte ou que les adversaires parviennent à contourner le bloc.
2. Un collectif rodé et expérimenté qui change très peu
Avec un groupe pratiquement inchangé depuis la finale de l’Euro, à Amstelveen, en 2017, ou par rapport à la finale mondiale, en Inde, les Red Lions s’appuient sur un collectif performant et très expérimenté. La Belgique est rodée à l’exercice des grands tournois internationaux. Elle gère parfaitement ses efforts et la récupération en se fixant des objectifs ambitieux lors de chacune de ses sorties. Depuis le premier titre mondial, c’est comme si plus aucun élément extérieur ne pouvait, à présent, déranger les Lions. Ils sont parfaitement concentrés sur le système de jeu à appliquer. Certains ont critiqué le groupe lors de certaines de leurs prestations en Pro League ou lors de la défaite face à l’Australie, lors du Grand Final.
Mais qu’importe. Ce groupe sait parfaitement où il va et quels sont les véritables objectifs fixés. Shane McLeod connaît parfaitement ses joueurs. Il les a remis les pieds sur terre. Tous les joueurs sont humbles et bien conscients de la tâche qui les attend à l’Euro. « Les autres pays veulent mettre la pression sur nous en prétendant que nous sommes les grands favoris », poursuit le mentor des Red Lions. « Mais les choses ne sont pas aussi simples. Nous ne sommes pas favoris. Je le pense sincèrement. Nous sommes peut-être l’équipe la mieux classée parmi les participants, mais les Pays-Bas et l’Allemagne possèdent également des effectifs redoutables et très expérimentés. Nous avons de bonnes chances de remporter l’Euro, c’est une évidence. Nous ne devons pas nous cacher, mais il faudra batailler ferme pour y parvenir. »
3. La magie semble prête à opérer dans un stade anversois comble
Après deux finales perdues (2013 et 2017), le moment semble venu pour la Belgique de remporter, enfin, un premier sacre européen. Tous les signaux sont au vert, en tout cas, pour y parvenir. Les Red Lions peuvent s’appuyer sur leur meilleure équipe. Ils ont fait le plein de confiance durant les derniers mois. Et ils évolueront devant leur public, dans un stade comble (on l’espère !) et déchaîné d’environ 8.000 personnes, lors de chacune de leur sortie. Ce momentum, c’est cette petite étincelle, ce détail, cette atmosphère si particulière qui peuvent faire basculer une décision, un match, un… tournoi. Comme à Bhubaneswar, en décembre dernier, la magie semble prête à opérer.
Laurent Toussaint, In Le Soir, mardi 12 août 2019.
Photo : Kristof Van Accom (Belga).