Si les puristes regretteront, à raison, le manque de maîtrise des Lions lors du dernier quart d’heure du duel avec l’Espagne, samedi, les protégés de Shane McLeod ont démontré que, même s’ils perdaient quelque peu le fil de la rencontre ou de leur structure, ils pouvaient compter sur le meilleur gardien du monde et une défense extrêmement redoutable pour conserver le zéro derrière. Le bilan chiffré de ce retour à la Pro League est parfait avec 2 victoires à ajouter dans leur escarcelle, ce qui permet aux Belges de creuser encore un peu plus l’écart avec les Pays-Bas (9 succès et 3 partages en 13 rencontres).
Pour Vincent Vanasch qui s’est illustré superbement en arrêtant un stroke en fin de match, son équipe a surtout fait preuve d’une mentalité exemplaire lors des 2 rencontres. « Je ne possède pas réellement d’explications pour cette 2e mi-temps moyenne. L’énergie était moins présente et on se trouvait un peu plus en difficulté sur le terrain. Mais il faut avouer que cela m’arrangeait bien d’avoir quelques balles. Cela faisait presque un an que je n’avais plus disputé une rencontre avec l’équipe nationale et j’avais besoin de retrouver toutes mes sensations. Je reconnais que la machine a connu certains petits ratés, mais nous avons, à chaque fois, évolué à un très niveau lors de la première période. Il ne faut pas sous-estimer la fatigue de l’ensemble du groupe après le stage. Nous avons travaillé comme des bêtes et nous avons effectué de nombreux gros pas en avant, que ce soit au niveau tactique, technique et physique. »
À Las Palmas, les Red Lions ont pu se concentrer à 100 % sur le hockey dans un cadre idyllique en profitant de conditions météos parfaites (18ºc). De quoi entre entreprendre un travail de fond essentiel et lancer la préparation olympique. « Nous sommes conscients de la chance que nous avons reçue de disposer de ce confort incroyable », reconnaît le dernier rempart belge. « Ce n’est pas le cas de 2 de nos principaux concurrents, l’Allemagne et les Pays-Bas, par exemple, qui sont restés au pays. Le stage a été monstrueux avec 17 sessions planifiées en 12 jours. C’était intensif. Le niveau de l’équipe est hallucinant au retour de cette trêve hivernale. Tout ce qui est réalisé, aujourd’hui, sera bénéfique pour la suite. Le travail de cet hiver portera ses fruits en été au niveau physique. Nous pourrons dès lors nous concentrer uniquement sur le hockey jusqu’aux Jeux. Ce seront peut-être les 10 à 15 % qui feront la différence lors des grands tournois. »
Il n’y a pas d’égo dans ce groupe
Pour Shane McLeod et le staff, les premiers jalons du succès à Tokyo ont donc été posés durant ces 3 dernières semaines. Un travail méticuleux qui permettra au groupe de se focaliser sur l’essentiel comme le souligne Florent van Aubel. « Nous avons placé les bases pour les JO. Ces 2 matchs face à l’Espagne étaient importants mais il faut avoir une vision plus large. C’est au Japon que nous devrons être au sommet de notre art. J’ai vu des joueurs arrivés à ce stage dans le meilleur état de forme de leur vie. C’est incroyable. Nous sommes effectivement passés en mode olympique, ce qui signifie qu’il y a un changement de mentalité, dans la manière dont on s’entraîne, dont on s’entraide, dans les connexions. Notre force, c’est le collectif et notre mentalité. Si la Belgique est si redoutable, c’est grâce au groupe. Pas aux individualités. Il n’y a pas d’ego. Tout le monde travaille l’un pour l’autre. La concurrence est saine et on se tire tous vers le haut. Chacun est conscient que tout le monde n’ira pas aux Jeux et que certains resteront sur le carreau. Mais c’est la dure loi pour le sport de haut niveau. »
Les Red Lions sont rentrés au pays ce dimanche soir et resteront en quarantaine au sein de leur bulle. Ils pourront dès lors s’entraîner 2 à 3 jours ensemble, en milieu de semaine. Ils seront ensuite testés le week-end prochain avant de pouvoir rejoindre leur club afin de préparer le second tour. Toutefois, ils reprendront rapidement le collier en équipe nationale et s’entraîneront, de nouveau, quotidiennement, afin de ne pas perdre le bénéfice de ces 3 semaines de travail acharné.
Laurent Toussaint, In Le Soir, lundi 8 février 2021.