Comme lors de chaque compétition internationale, Hockeybelgium peut compter sur l’analyse pointue et attentive de Maxime Luycx. Notre consultant décortiquera les prestations des Red Lions et tentera de tirer les enseignements essentiels après chaque rencontre de ce tournoi olympique.

Maxime, cette finale a réellement répondu à l’attente. Elle était passionnante d’un bout à l’autre.
« Oui, quel match. Les 2 équipes avaient parfaitement préparé cette échéance et le rendez-vous. Et la Belgique a été patiente et appliquée comme il le fallait. C’était un match assez fermé avec finalement très peu d’occasions franches. Mais les Belges sont restés très calmes même quand les Australiens sont revenus au score. Pour être tout à fait honnête, il n’y avait pas une équipe qui méritait de s’imposer à l’issue des 60 minutes. Je dois souligner le contrôle et la maturité dans le camp des Red Lions. Ils ne se sont pas laissé submerger par les émotions. Et nous avons pu compter sur le talent exceptionnel du meilleur gardien du monde lors des Shoot-outs. »

Les Lions ont réalisé le tournoi parfait ?
« Exactement. Leurs parcours a été incroyable avec des victoires face aux Pays-Bas et à l’Allemagne en phase de poules. Puis un succès face à l’Espagne en quarts et à l’Inde en demies. Ils ont presté à un très haut niveau durant ce tournoi. J’avais certains doutes avec le report des Jeux l’été dernier. Je me demandais si on allait pouvoir conserver cet avantage sur les autres nations et prester au même niveau que celui atteint en 2020. Mais ils ont encore augmenté leur niveau de jeu. Ils ont travaillé dans les détails. Tous les scénarios ont été envisagés par Shane McLeod comme lors de cette finale. Le tacticien néo-zélandais avait absolument tout prévu. C’est, comme si, il ne pouvait rien leur arriver même durant ces Shoot-outs. »

Quelle est justement la part de Shane dans cette réussite depuis 5 ans ?
« Elle est naturellement importante mais comme celle de l’ensemble de son staff. Michel van den Heuvel a également énormément apporté à ce groupe depuis son arrivée. Mais le Néo-Zélandais a réussi à apporter ce qu’il manquait. Il a compris comment donner la confiance et la liberté aux joueurs. Cela se voit sur le terrain. Personne ne se cache. Tout le monde assume ses responsabilités. Je n’ai pas envie de sortir quelqu’un du lot mais comment ne pas souligner les prestations, en finale, d’Arthur De Sloover ou d’Antoine kIna. Je suis admiratif par rapport à ce qu’ils font. »

Son départ survient au bon moment pour les Red Lions ?
« Shane est un coach incroyable mais ce changement va faire du bien à l’équipe. II a tout gagné depuis qu’il est arrivé comme T1. Ce n’est donc pas plus mal que Michel prenne la relève à l’automne. Le Néerlandais possède également une telle expérience. Il sait parfaitement ce qu’il a à faire pour relancer la machine. Il va apporter une touche nouvelle pour aborder les prochaines échéances. »

Avec quel groupe ?
« Je ne suis pas certain qu’il y aura beaucoup de départs après cet été. La Coupe du monde va très vite arriver. Les plus anciens, à savoir John-John Dohmen, Felix Denayer, Cédric Charlier ou Thomas Briels, ont disputé un tournoi incroyable. Et ils pourraient être tenté de poursuivre l’aventure. Son arrivée à la tête de l’équipe pourrait également constituer une source de motivation supplémentaire. Ce groupe veut marquer l’histoire. Et ils vont poursuivre cet objectif même s’ils ont déjà tout gagné. Ils sont capables de remporter un nouveau titre de champion du monde en janvier 2023, en Inde. »

Un dernier mot quand même sur Vincent Vanasch. Il a été exceptionnel en finale comme durant tout le tournoi d’ailleurs.
« On ne peut évidemment que souligner son apport dans le collectif. C’est un ami à moi et je suis tellement heureux pour lui. On l’oublie trop souvent mais c’est une personne qui a des difficultés à certains moments de sa carrière. Mais il n’a jamais rien lâché. Il travaille comme un dingue. Mais c’est surtout un gars simple, accessible et gentil. Il possède une telle force de caractère sur le terrain Son palmarès est immense. Avoir un tel gardien dans une équipe te permet de gagner des titres. Vinchou a été monstrueux durant ces Jeux. Mais il a toujours été décisifs dans les moments importants de sa carrière. »

Quelle image vas-tu garder de ces Jeux ?
« Celle du podium avec les réservistes qui viennent rejoindre les 16 joueurs qui ont disputé la finale. L’image de ce groupe soudé qui chante la Brabançonne. C’est le rêve de tout athlète et surtout l’aboutissement de 5 ans de travail acharné. Ils attendaient ce moment si particulier depuis Rio. »

Entretien : Laurent Toussaint

Photo : Dirk Waem (Belga).

Maxime Luycx : 345 sélections en équipe nationale – capitaine des Red Lions durant 3,5 ans – deux participation aux JO : Pékin (2008) et Londres (2012). Consultant hockey sur VooSport.