Depuis son intronisation à la tête de l’Euro Hockey League (EHL), en avril 2015, Hans Erik Tuijt, également directeur général du sponsoring chez Heineken, n’a eu de cesse de remettre l’ouvrage sur le métier pour offrir toujours plus de visibilité et d’attractivité au tournoi européen qui en est déjà à sa 11 e édition. Avec un budget annuel avoisinant le million d’euros, le tournoi entend bien conserver une place de choix dans un calendrier international surchargé.
Hans Erik Tuijt, ce nouveau rendez-vous a-t-il répondu à vos attentes ?
« Notre volonté est de proposer, chaque saison, un événement de très grande qualité et ce dans les moindres détails de l’organisation. Ce n’est pas un hasard si nous avons réussi à attirer plus de 16.000 personnes lors de ces quatre journées de compétition à Rotterdam. Nous avons, une nouvelle fois, battu le record d’assistance pour ce KO16. La qualité des rencontres a, une nouvelle fois, été impressionnante et le suspense était au rendez-vous. »
Quel est l’avenir de l’EHL ? Y a-t-il encore de la place pour une grande compétition de clubs alors que le calendrier international est devenu un casse-tête ?
« J’adore les compétitions de clubs. Et lorsque vous voyez la passion que ces matchs suscitent, cela répond déjà en partie à la question. C’est vrai qu’il s’agit d’une spécificité européenne. Toutefois, je pense que si nous parvenons à démontrer l’utilité et la pertinence de ce rendez-vous, nous n’avons pas de soucis à nous faire. Devons-nous nous battre pour conserver une place dans le calendrier ? Oui, c’est une certitude. Devons-nous continuer à proposer un tournoi unique en son genre en proposant de temps à autre des innovations ? La réponse est encore oui. Nous ne survivrons que si nous proposons une compétition attractive et passionnante. »
L’EHL demeure plus que jamais un laboratoire du hockey.
« Nous n’avons jamais innové pour le simple plaisir d’apporter de nouveaux changements. Notre volonté est de proposer un rendez-vous à chaque fois plus attractif. Je continue à croire que le hockey reste sous-estimé. Il faut que notre discipline soit toujours plus séduisante pour attirer plus de spectateurs, que ce soit dans les tribunes ou devant le petit écran. Et même si vous ne comprenez pas l’ensemble des règles, vous pouvez vous enthousiasmer pour un but, un geste technique ou une phase de jeu spectaculaire. L’important est de rendre le sport toujours plus lisible et compréhensible. Nous restons une petite discipline à l’échelle mondiale et nous devons donc travailler deux fois plus dur que les autres pour rester attractifs. »
La nouvelle règle attribuant deux goals pour un but inscrit de plein jeu a suscité de nombreuses réactions négatives de la part des joueurs et des spectateurs. Vous entendez ces critiques ?
« Attention, que l’on se comprenne bien : je ne suis pas opposé aux penalty corners (p.c.). Ils font évidemment partie intégrante du hockey. Mais je pense sincèrement que les spectateurs veulent voir avant tout de véritables buts. Les p.c. ont pris trop d’importance dans le hockey moderne. On voit aujourd’hui certains joueurs râler parce qu’ils n’ont obtenu qu’un penalty. C’est donc positif parce qu’ils voulaient marquer un but valant deux goals. Mais nous allons d’abord attendre la fin de cette saison pour mesurer l’impact de cette nouvelle règle. »
Cela signifie que vous effectuerez une évaluation à l’issue de la finale ?
« Oui, naturellement. Et nous ferons, pourquoi pas ?, un pas en arrière pour revenir à l’ancien système si nécessaire. Il y a quelques années, cela avait déjà été le cas avec la règle du own goal qui avait été abandonnée à la suite d’une évaluation négative. Nous avions reconnu notre erreur. Si la règle des deux goals pour un but n’obtient pas l’adhésion de tous, nous l’abandonnerons immédiatement. Mais chaque changement, quel qu’il soit, amène toujours son lot de critiques. »
D’autres adaptations ou changements sont-ils d’ores et déjà prévus pour la saison prochaine ?
« Non. Mon rêve est à présent de pouvoir disposer d’un stade pouvant accueillir la finale chaque année, à l’image de Twickenham pour le rugby ou d’un Wimbledon pour le tennis. Pour bâtir un grand événement, vous avez besoin d’un endroit fixe où vous pouvez vous retrouver, chaque année, à la fin du mois de mai. Si vous accueillez 6.000 personnes, ici, à Rotterdam, pourquoi ne pourriez-vous pas viser 10.000 spectateurs pour une finale ? Nous devons donc afficher cette ambition pour les prochaines éditions. »
Propos recueillis par Laurent Toussaint (à Rotterdam).
Photo : Philippe Demaret – Okey.be.