Joy Jouret, au-delà des préjugés

La coach de Namur a entamé sa 3e saison à la tête de l’équipe messieurs. Même si la mission « maintien » s’annonce des plus périlleuses, elle ne lâchera rien. A l’image de son groupe dont la mentalité et l’investissement restent exemplaires malgré l’ampleur de la tâche.

Quand le club de Namur l’a contacté en 2018 pour prendre en main son équipe messieurs, l’ancienne capitaine des Red Panthers (une centaine de sélections de 2001 à 2011) n’a pas dû réfléchir très longtemps avant d’accepter le défi proposé. Sa mission : permettre au club de revenir en Division d’honneur dans les 3 ans. « Mais nous sommes montés directement. Et personne n’était prêt pour cela. La différence entre la DH et la D1 est abyssale. Et sans moyens, c’est très compliqué. Toutefois, le groupe a relevé le défi avec tellement de cœur et d’investissement que c’est un plaisir au quotidien d’être à la tête de cette équipe. »

Dès son intronisation, la Bruxelloise, qui possède un CV à rallonge autant en club (Racing, Léopold, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, La Rasante, Wellington, White Star) qu’en équipe nationale, a imposé sa marque de fabrique. Ancienne responsable de l’académie des Jeunes à Wolvendael (Bruxelles), formatrice à la LFH (Ligue francophone de hockey), diplômée de la Fédération européenne de hockey, où elle a suivi le programme de transition « top player to coach », et de la FIH où elle vient de réussir son « Level 4 », Joy Jouret a rapidement gagné l’adhésion de son noyau grâce à sa philosophie de jeu. « Je me sens extrêmement proche de Shane McLeod que j’ai eu l’occasion de côtoyer quand j’étais Red Panthers. Il est très proche de son groupe et il privilégie l’aspect mental et humain. En ce qui concerne mon style, j’aime que le jeu soit offensif, collectif et intelligent. J’essaie de laisser beaucoup de libertés aux joueurs. Je ne suis pas un coach « Playstation ». Ce qui essentiel pour moi, c’est que chacun apprenne à prendre les bonnes décisions sur le terrain en fonction des séquences de jeu mais aussi de sa propre lecture du jeu, et ce, en fonction de ses atouts et de ses compétences. »

Introspection

Seule coach féminine de division d’honneur, cette diplômée en communication à l’ULB, ancienne attachée de presse, peut vivre, aujourd’hui, pleinement de sa passion. Minutieuse, perfectionniste et pédagogue, Joy est une bosseuse. Elle ne néglige aucun détail tout en insistant énormément sur la notion de plaisir. Et à 37 ans, elle semble plus épanouie que jamais. Pourtant, il n’a pas été simple de passer outre les clichés pour diriger une équipe de garçons. « Je n’ai pourtant jamais été confrontée au moindre problème. Mais je me suis rendu compte que c’est plutôt moi qui avait des obstacles internes. Mon coach m’a beaucoup aidé à dépasser les préjugés et les stéréotypes. C’est vrai que j’ai parfois pu éprouver le sentiment que je n’étais pas légitime, que je n’avais pas de crédit ou je n’aurai pas l’autorité naturelle sur un groupe de garçons. J’ai donc dû faire une introspection pour appréhender ces obstacles. »

Après l’arrêt inopiné de la saison dernière, Namur est donc resté en Division d’honneur avec la ferme intention d’éviter de redescendre à l’échelon inférieur. « Dès notre montée en DH, nous avions décidé de nous entrainer très dur afin d’être prêts pour les playdowns. Malheureusement nous n’avons jamais pu mesurer où nous étions réellement. Est-ce que nous étions prêts ? Nous ne le saurons jamais. Mais je suis admirative de ce groupe. Ils ne sont pas payés et ils s’entrainent quasi tous les jours de la semaine. Leur motivation est immense malgré les défaites. »

Joy Jouret, qui vient d’entamer sa dernière année de contrat, mettra donc en œuvre pour essayer de maintenir Namur parmi l’Elite. La mission s’annonce délicate, c’est une évidence. Mais malgré la jeune de son effectif et le manque d’expérience de celui-ci, elle ne lâchera rien. Tout comme ses joueurs d’ailleurs qui font preuve, chaque dimanche, d’une abnégation sans faille et d’une volonté à toute épreuve.

Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 26 septembre 2020.

Photo : Laurent Faucon.

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