La descente conjointe, en division 1, de l’Orée et d’Uccle Sport pose de sérieuses questions quant à la formation des jeunes dans notre pays. En effet, les deux clubs bruxellois possèdent, chacun, une école des jeunes considérée, depuis des années, comme faisant partie des références en Belgique.
Pour Alain Geens, qui s’occupe activement de la formation des jeunes hockeyeurs depuis près de trente ans, et qui a la responsabilité de l’école des jeunes à l’Orée, le souci est pourtant ailleurs. « Je vais parler principalement pour le club que je connais le mieux. Cela fait de nombreuses années que nous parvenons à sortir des joueurs très talentueux de l’Orée. Ainsi, dernièrement, c’est Florent van Aubel, capitaine de l’équipe championne d’Europe U18, qui était le plus grand espoir du club et qui a choisi de rejoindre le Dragons à l’entre-saison. Mais ce que nous avons constaté, c’est que la difficulté n’est pas réellement de former des jeunes au plus haut niveau mais bien de les garder pour son équipe première. C’est la même chose à Uccle Sport, ou, à l’Héraklès, qui a vécu exactement la même situation l’an dernier en descendant, lui aussi, à l’échelon inférieur. »
Principal responsable de cette situation, l’évolution du hockey vers le plus haut niveau. « Les joueurs ne prennent plus le temps de rester dans leur club d’origine, poursuit encore Alain Geens. Dès qu’ils pointent le nez en équipe A, ils veulent déjà jouer dans les meilleurs clubs du pays. Il ne faut pas se leurrer, la professionnalisation du hockey et les défraiements ont changé les règles du jeu. Et certains clubs qui consacrent une grosse partie de leur budget à leur école des jeunes n’ont pas les moyens d’attirer ou de payer des joueurs pour leur équipe première. »
Et la solution serait peut-être de faire comme dans d’autres disciplines sportives, dont le football, à savoir de pouvoir dédommager financièrement les clubs formateurs lors des transferts des joueurs en dessous d’un certain âge. « C’est effectivement une des pistes de réflexion qui est étudiée depuis une petite dizaine d’année. Et, actuellement, plusieurs présidents de division d’honneur ont repris le dossier en main. Mais il est temps de trouver une solution pour récupérer une partie des sommes importantes qui sont consacrées par de nombreux clubs à la formation. Il s’agirait d’une juste récompense. »
Et lorsque l’on s’intéresse à ce dossier, il est impossible de ne pas comparer par rapport à nos voisins européens. Pour Alain Geens qui est, avec Bert Wentink, responsable de la formation des coaches à la Fédération, le niveau belge est tout simplement très bon. « Cela fait des années que nos équipes nationales jeunes font partie du top européen avec les Pays-Bas, l’Allemagne ou l’Espagne. Mais c’est au moment d’attaquer les études supérieures que la problématique survient pour nos internationaux. Primo, il est très compliqué de combiner les études et le haut niveau. Secondo, dans les autres pays, les compétitions domestiques sont qualitativement supérieures à la nôtre. Enfin, tertio, les joueurs s’entraînent beaucoup plus chez nos voisins. Et ce sont ces différents facteurs combinés qui créent le fossé. »
Laurent Toussaint, In Le Soir, lundi 3 mai 2010.
© Philippe Demaret – Okey.be
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Au basket, il existe aussi un système de dédommagement suite à un transfert, le montant étant proportionnel au nombre d’années de formation suivies dans le club cédant le joueur.
Peut-être une autre piste à étudier…