3e génération de terrains, la facture salée d’un nouveau synthétique : à l’achat, et à l’usage…

Le gazon synthétique est indissociable du hockey. Avec son arrivée dans les années 70, pour remplacer le véritable gazon, la discipline devient plus rapide, mais également bien plus spectaculaire. Les règles de jeu sont adaptées, les techniques affinées et la fibre synthétique constitue l’un des éléments essentiels du sport. La construction du premier terrain synthétique du Royaume remonte à 1980, à Auderghem. Mais il faut attendre le début des années 2000 pour disposer enfin d’un véritable mouillé en Belgique. Ce n’est finalement qu’à l’aube de la saison 2007-2008, que la Fédération impose l’obligation de disputer tous les matchs de division d’honneur (DH) sur une surface mouillée.

Mais pour les clubs et leurs dirigeants, il n’est pas évident de se lancer dans un projet de construction d’un nouveau terrain. Les embûches sont nombreuses et le manque d’expérience peut souvent être fatal et avoir des conséquences financières désastreuses. Du côté de la Ligue francophone de hockey, il existe d’ailleurs une commission des infrastructures composée de Claire Monseu, de Philippe Enderlé, de Robert Lycke et de Jean-Pierre Joly, également responsable des infrastructures au Waterloo Ducks. « Nous sommes là pour homologuer les terrains, mais avant tout pour prodiguer des conseils et épauler les clubs lors de ce processus long et délicat , nous dit-il. Tous les choix sont importants et il existe, sur le marché, une dizaine de sociétés qui construisent des terrains. La moindre erreur d’appréciation lors de la mise en œuvre du chantier pourra avoir de lourdes conséquences. »

Il existe deux principaux types de surface pour les terrains de hockey : les mouillés et les semi-mouillés, avec des prix allant de 500.000 à plus de 750.000 euros (hors TVA) pour les mouillés de troisième génération. « Mais attention, ces tarifs ne comprennent bien souvent pas toutes les finitions comme l’éclairage led, les aménagements extérieurs ou l’arrosage, insiste Jean-Pierre Joly. Au Watducks, nous disposons d’une citerne de 32.000 l pour stocker l’eau que nous récupérons dans une nappe phréatique située à proximité du club. On n’arrose pas les terrains avec de l’eau de ville. Vous imaginez le coût que cela représenterait quand on sait que trois arrosages de 6.000 litres par jour sont nécessaires en été. Ces coûts représentent parfois plus de 30 % de la facture globale ! »

Mais Jean-Pierre Joly insiste également sur deux autres aspects capitaux dont il faudra tenir compte lors de la mise en œuvre du projet : « Premièrement, il est essentiel de faire homologuer les fondations de son futur terrain par un organisme agrée comme l’Ercat, le centre de test des pelouses synthétiques lié à l’Université de Gand. Cela évitera de se rendre compte d’un éventuel souci après l’installation du tapis. Enfin, il ne faut pas oublier de tenir compte du poste entretien dans le budget initial. Ce n’est bien souvent pas signalé aux clubs, qui pensent être tranquilles durant 30 ans. Mais c’est une erreur fondamentale puisqu’il faut le nettoyer régulièrement et utiliser une série de produits fongicides ou anti-algues, par exemple. Sans oublier, le gros entretien annuel qui avoisine les 5.000 euros. »

Et pour construire ces magnifiques terrains, les clubs du Royaume ont naturellement besoin, pour la plupart, d’une substantielle aide financière. Mais la situation n’est pas la même dans les trois Régions du pays. « En Wallonie, c’est Infrasports qui peut octroyer 75 % de la somme totale avec un maximum de 1,5 million d’euros. Un subside qui nécessite une signature ministérielle. A Bruxelles, ces aides peuvent provenir de la Cocof ou d’autres organismes régionaux. Mais, bien souvent, c’est le bourgmestre ou les députés provinciaux qui seront sollicités. Enfin, en Flandre, si le bourgmestre ne met pas la main au portefeuille, ce sont les clubs qui interviendront en fonds propres. »

Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 7 mai 2016.

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