Le hockey a perdu les faveurs indiennes

Ce sont des milliers d’Indiens qui se sont pressés, jeudi, toute la journée aux alentours du Kalinga Stadium pour avoir une chance d’acquérir leur précieux sésame pour les quarts de finale de la compétition face la Belgique. Ils ont patiemment fait la file sous un soleil de plomb pour acheter l’une des 7.000 places mises en vente au prix de 150 à 1.000 roupies (soit 2 à 13 euros). L’enceinte sera donc une nouvelle fois comble pour le match attendu par tout un pays.

Enfin, plus vraiment… Si, durant les années septante, le hockey était encore le premier sport national et même une religion pour toute nation, il faut bien admettre que la situation a bien changé. Aujourd’hui, c’est le cricket qui fait l’objet d’un véritable culte de la part des 1,27 milliards d’habitants que compte le pays. « Le hockey est devenu le deuxième sport juste devant le football, explique le journaliste Sandeep Nakai, qui suit son équipe nationale aux quatre coins du monde depuis plus de vingt ans. Il conserve une certaine notoriété même s’il fait reconnaître qu’on ne dénombre environ que 30.000 hockeyeurs dans le pays. C’est extrêmement peu. La discipline reste extrêmement populaire dans le Penjab, dans la Région d’Orissa, à Mumbai, à Bengalore. Mais, à Delhi, par exemple, on ne dénombre que très peu de pratiquants même s’il s’agit d’un sport que l’on pratique encore à l’école. Il n’existe pas de véritables compétitions comme en Europe à l’exception de tournois. Cela est dû principalement à la taille du pays. »

L’Inde a pourtant dominé la discipline au niveau mondial durant près de quarante ans, terminant onze fois sur le podium aux JO en douze éditions (entre 1928 et 1980), avec six médailles d’or à la clé, de 1928 à 1956. Mais c’était au temps du véritable hockey sur gazon ! Ensuite, ce sont les nations européennes ont pris, petit à petit, le dessus avec l’apparition des terrains synthétiques.

Aujourd’hui, la Fédération indienne met tout en œuvre pour retrouver le sommet mondial mais, comme souvent dans le pays, elle doit faire face à des problèmes financiers et de corruptions malgré la mainmise du gouvernement sur le sport. Mais depuis l’arrivée du Néerlandais Roelandt Oltmans comme Directeur technique national, en janvier 2013, la situation s’améliore. Actuellement neuvième au classement mondial, l’Inde est d’ailleurs le premier pays à avoir décroché son ticket pour les Jeux de Rio en remportant la médaille d’or lors des Jeux asiatiques, à Incheon, en Corée du Sud.

« Les joueurs sont considérés comme des professionnels, poursuit encore Sandeep Nakai, même s’ils ne sont pas payés par la Fédération. Ils possèdent chacun un travail rémunéré dans de grandes entreprises privées ou publiques comme Tata ou Air India alors que certains appartiennent aux forces de police. Mais ils sont mis à la disposition de l’équipe nationale pour les stages de préparation ou les tournois internationaux. »

A Melbourne, lors du Champions Trophy 2012, la Belgique avait également affronté l’Inde à ce stade de la compétition mais elle s’était inclinée 1-0 après avoir dominé une grande partie de la rencontre. Ici, les Lions devront donc gérer au mieux leur duel mais surtout la pression de 7.000 supporters survoltés.

Laurent Toussaint (à Bhubaneswar), In Le Soir, jeudi décembre 2014.

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