Auteur de deux buts face à la Russie, l’attaquant du Racing est en forme au meilleur moment pour aider les Red Lions à atteindre leur objectif dans ce Championnat d’Europe. Après une saison difficile et une blessure qui l’a tenu éloigné des terrains pendant la moitié de la saison, il veut vivre à nouveau l’ambiance olympique lors du prochain rendez-vous fixé à Londres. Pour lui, il ne faut donc pas spéculer et gagner contre l’Espagne, demain soir.
Cédric, quel regard portes-tu sur ce succès face à la Russie ?
« C’est vrai que cette large victoire nous a fait beaucoup de bien même si nous sommes bien conscients que tout n’était pas parfait. Les éléments importants que nous retenons, ce sont avant tout le score final et l’envie. Nous avons fait le boulot. Le fait de marquer rapidement nous a naturellement enlevé un peu de pression. Nous voulions aller chercher des p.c. et nous avons réalisé un bon pourcentage en convertissant quatre de nos sept penalty. Mais c’est vrai que la Russie était assez faible et on a obtenu de nombreuses opportunités. »
Il y a donc encore pas mal de petits détails à améliorer ?
« Exact. Mais c’est normal qu’il y ait toujours des points à travailler quelque soit le résultat. A certains moments de la seconde période, nous avons perdu notre structure et cela nous a mis en difficulté. Nous leur avons ainsi laissé trop d’espace. Nous devons parvenir à corriger cela plus rapidement en match en nous replaçant plus vite. »
Jérôme Dekeyser me confiait, hier, après la rencontre que la Belgique n’évoluait qu’à 70% de ses capacités. Tu partages cet avis ?
« Oui, tout à fait, il a raison. Nous continuons à grandir et nous devons tous nous remettre en question au quotidien pour poursuivre notre progression. Il y a encore trop de déchet dans notre jeu et il faut surtout être bien plus réaliste dans le cercle adverse. La finition est loin d’être parfaite. Mais nous n’avons pas non plus été très chanceux depuis l’entame de l’Euro. Ca pourrait tourner lors des prochains matchs. Il faut impérativement avoir ce « Killer instinct » dans le cercle. C’est ce qui fait peut-être défaut à l’heure actuelle. »
Face à l’Espagne, il faudra être à votre meilleur niveau si vous souhaitez avoir une chance…
« Bien entendu. Je m’attends à une rencontre dans le même style que celle de samedi face à l’Allemagne. Cela va se jouer sur des détails comme souvent. Le match sera très physique car il s’agira d’un duel pour un ticket olympique. Mais nous serons prêts mentalement et physiquement. Nous jouerons avec beaucoup de discipline, énormément de motivation et il faudra être combatif à chaque instant. Nous devons assumer notre nouveau statut de grande nation européenne. Notre treizième place mondiale ne reflète pas cette réalité. Nous savons que nous pouvons gagner contre les grandes nations du hockey. »
Vous ne viserez donc pas le match nul ?
« Bien sûr que non. Ce serait suicidaire. En hockey, tout va trop vite et ce serait bien trop risqué. Les buts peuvent arriver trop vite. A côté de cela, les Red Lions ne jouent plus que pour gagner et ce quelque soit notre adversaire. Nous faisons confiance à notre système de jeu. »
Si vous loupez la qualification ici à Mönchengladbach, ce sera un drame ?
« Ce sera avant tout une immense déception, à la limite de la catastrophe. Nous ne pouvons pas passer à côté de cette chance-ci même s’il reste un tournoi qualificatif l’an prochain, au Beerschot. Mais le groupe ne pense pas à cela et il ne peut d’ailleurs même pas l’imaginer. Cela reflète bien l’état d’esprit qui anime ce groupe. Nous jouerons pour nous imposer et décrocher ce ticket olympique même si cela doit passer par un succès face à la cinquième nation mondiale. »
A un niveau plus personnel, on imagine à quel point tes deux buts d’hier ont dû être particuliers pour toi après cette saison difficile.
« Tu as tout à fait raison. Je suis resté éloigne des terrains durant pratiquement cinq mois après ma blessure lors du premier tour de l’EHL à Eindhoven. J’ai connu des hauts et des bas. Il m’arrive d’ailleurs encore de ressentir parfois des raideurs à la clavicule. Mais la participation au Championnat d’Europe a été une source de motivation incroyable pour mon retour. J’ai travaillé très dur pour retrouver ma condition et mon niveau. Lorsque l’on vit des moments comme ceux-là, on profite encore plus des grands moments comme ce rendez-vous. Mais c’est vrai que j’ai douté comme lorsque je n’ai pas été repris pour le stage en Nouvelle-Zélande au début de l’année. Ca a été très difficile mais cela m’a motivé d’autant plus pour travailler de mon côté. »
Tu as vécu les Jeux de Pékin. J’imagine que c’est encore une motivation supplémentaire pour vivre ceux de Londres.
« Il s’agit d’une expérience humaine et sportive hallucinante. Vivre de l’intérieur la cérémonie d’ouverture, monter sur le terrain lors de la première rencontre, c’est une expérience de vie. C’est l’aboutissement d’un projet de quatre ans et d’un travail de tous les jours. Il s’agit d’une consécration. Prendre part aux Jeux de Londres, ce serait juste énorme ! »
Entretien : Laurent Toussaint à Mönchengladbach