Thomas Briels : « Les Red Lions veulent écrire l’histoire »

Un an, jour pour jour, après le 1er titre majeur des Red Lions conquis face aux Pays-Bas en finale de la Coupe du monde, à Bhubaneswar, les internationaux profitent de vacances bien méritées avant d’attaquer, dès le 5 janvier prochain, la dernière ligne droite de la préparation de la 2e édition de la Pro League. Ils s’attaqueront ensuite, dès le mois de juin à la conquête de leur objectif majeur de 2020, les Jeux de Tokyo. Mais qu’est-ce qui a réellement changé depuis le sacre indien pour le groupe de Shane McLeod ? La Belgique a-t-elle changé ses méthodes de travail ? Peut-elle conquérir le titre olympique ? Le capitaine Thomas Briels préface les 12 prochains mois qui s’annoncent une fois de plus intense pour les tous récents champions d’Europe.

Thomas, qu’est-ce qui a changé pour les Red Lions depuis le titre à Bhubaneswar ?
« Nous avons gagné en confiance. Et nous savons surtout que nous pouvons remporter de grands tournois. Nous sommes réellement sur le bon chemin. Avant décembre dernier, nous avions perdu beaucoup de finales. Et nous commencions tout doucement à nous faire connaître comme la génération « tout juste pas ». Ce n’est pas qu’il y avait un souci mais nous avions du mal à franchir ce cap. Nous avions certainement besoin d’engranger un peu plus d’expérience. La victoire en Inde nous a clairement permis de nous imposer également à Anvers, lors du Championnat d’Europe. Tout le monde a évolué à son meilleur niveau et nous avons eu, également, un peu de chance. Mais nous avons naturellement gagné, aussi, en maturité. »

Quel regard portes-tu sur cette Coupe du monde avec le recul ?
« C’est le plus beau souvenirs de ma carrière. C’était un moment unique. Tout s’est mis en place au fur et à mesure des rencontres. Ce n’était pas évident car nous étions loin de la maison sans supporters. C’était nous contre le reste du monde. Mais c’est pour ce type de tournoi et pour disputer des matchs de cette intensité tu joues au plus haut niveau et que tu travailles si dur tout au long de la saison. Mais pour le même prix et nous sommes en tous conscients, nous pouvions tout autant perdre ce matchs aux Shoot-outs face aux Néerlandais. »

Mais cette victoire ne constitue clairement pas un aboutissement ?
« Non, effectivement. 3 semaines plus tard, nous nous sommes remis au travail tous ensemble après nous être fixé de nouveaux objectifs. Aujourd’hui, tout le monde veut nous détrôner et c’est très excitant. »

Photo : FIH.

Vous n’aviez jamais aussi bien joué au hockey que lors de cette dernière semaine en Inde ?
« C’est toujours difficile de comparer des prestations entre différents tournoi ou périodes de l’année. Une compétition n’est jamais la même qu’une autre. Tout le monde évolue. Il est impossible de comparer. En Inde, nous avons effectivement évolué à un très haut niveau. Mais c’était déjà le cas, à Rio, lors de l’été 2016, aux JO, ou en août dernier, à Anvers, lors de l’Euro. Nous avons proposé 3 tournois de haute facture mais qui peuvent difficilement être confrontés pour en ressortir un plutôt qu’un autre. »

Vous n’avez rien modifié dans votre manière de travailler au quotidien ?
« Non. Nous nous entrainons de manière identique même si se fait de manière encore plus professionnelle. D’un point de vue tactique, nous travaillons de manière encore plus approfondie. Nous affinons encore plus certains détails. Tout est analysé encore plus profondément par l’ensemble du staff. Nous jouons ensemble depuis très longtemps et nous nous comprenons très vite sur le terrain. Nous avons atteint un tout autre niveau. »

Le regard des autres nations a changé par rapport aux Red Lions depuis 1 an ?
« Oui, en quelques sortes. Nos adversaires nous analysent extrêmement bien. Nous l’avons encore vu lors de la demi-finale de l’Euro. Ils ont tenté de mettre en place un schéma tactique pour parvenir à nous battre. Personne ne sous-estime. Toutes les nations veulent nous battre car nous sommes, aujourd’hui, champions du monde et d’Europe. »

Vous devez, à présent, adapter votre manière de jouer pour continuer à surprendre ?
« C’est clair. Nous préparons évidemment de nouveaux schémas de jeu. Shane McLeod pense à tout. Et il est toujours 2 ou 3 étapes plus loin dans la réflexion pour continuer à faire progresser l’équipe afin qu’elle reste compétitive. Mais cette équipe est tellement expérimentée qu’elle peut s’adapter très vite. Nous parvenons également à réagir en plein match et à nous adapter à nos adversaires en fonction du jeu développé. Les joueurs essaient également de trouver des solutions. Tout le monde peut réellement avoir de l’impact. »

Photo : FIH.

L’envie et la motivation sont plus présentes que jamais dans ce groupe ?
« C’est génial d’avoir les Jeux de Tokyo comme nouvel objectif. Ne tournons pas autour du pot. Nous voulons remporter les JO. Personne n’a jamais réalisé le triplé après une Coupe du monde et un Championnat intercontinental. C’est un nouveau challenge qui se dresse devant nous. Nous voulons écrire l’histoire. Ce n’est donc pas très compliqué d’être motivé pour atteindre un tel objectif. Cela demande toutefois beaucoup de travail et d’implication. Mais nous nous amusons tellement tous ensemble que cela n’est jamais un problème de bosser si dur. »

Les sollicitations sont plus nombreuses aujourd’hui pour les joueurs et l’équipe ?
« Cela avait déjà débuté à l’issue de la médaille d’argent à Rio. C’est chouette car tout le monde parle beaucoup de nous, de l’esprit de ce groupe, mais aussi de nos valeurs sur et en dehors du terrain. On attend beaucoup de nous. Mais nous sommes heureux de pouvoir inspirer certaines disciplines ou d’autres sportifs. Nous avons énormément de respect pour les autres athlètes. Lorsque nous avons participé pour la toute 1e fois au stage du COIB, on nous prenait pour des touristes et des amateurs. Et, l’année prochaine, certains d’entre nous vont disputer leur 4e Jeux consécutifs. Certains disent que nous apportons un plus au niveau de l’ambiance. C’est certainement le cas. Nous partageons beaucoup de moments avec les autres athlètes. A Belek, nous avons ainsi joué au football avec les gars du taekwondo et les gars du volley. Nous voulons transmettre cet esprit d’équipe au reste du groupe belge. »

Quelles sont vos chances réelles à Tokyo ? Vous êtes les grands favoris ?
« Il faut rester les pieds sur terre. Ce sera très difficile. C’est le rêve de tous les athlètes de remporter l’or aux Jeux. Il reste 7 mois pour préparer cette échéance mais nous allons tout mettre en œuvre pour y parvenir. Je pense pas que nous sommes les grands favoris du tournoi avec Australie. Les Kookaburras travaillent très dur et ils sont également ensemble depuis très longtemps. Mais il ne faudra pas sous-estimer non plus les Pays-Bas et l’Inde. Mais c’est cette concurrence qui rendra la victoire finale encore plus belle. »

Entretien : Laurent Toussaint

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