Faut-il limiter le nombre de joueurs étrangers en Division d’honneur ?

Si notre compétition nationale est devenue, au fil du temps, l’un des championnats les plus compétitifs et surtout les plus attractifs au monde, c’est certainement grâce à son ouverture. Comme pour ses voisins néerlandais et allemands, l’arrivée par vagues successives des joueurs en provenance des quatre coins de la planète a naturellement changé le visage de la discipline. Ils ont réellement participé à la mutation de notre hockey en apportant leur savoir-faire, leur vision et leur culture au sein des clubs du Royaume. C’est l’international néerlandais Erik Parleviet (155 sélections et 47 buts) qui a été le premier à sauter le pas en rejoignant le Dragons durant trois saisons 1989 à 1992. Ensuite, c’est le Biélorusse naturalisé belge, Vitali Kholopov, qui a rejoint l’Old Club en mai 1992 mais en division 3. Puis, au fil du temps, les transferts ont été plus nombreux avec des fortunes diverses. Il y a eu de magnifiques intégrations (les frères Garreta, Adam Commens, Pau Quemada…) mais aussi des échecs (Sardar et Sandeep Singh à Louvain).

Cela fait donc plusieurs années que le nombre de joueurs étrangers augmente de manière exponentielle dans notre pays. Cette saison, ils seront ainsi 77, originaires de 12 pays (avec une grosse majorité de Français (15) et de Néo-Zélandais (9). Cela représente une proportion d’un peu moins de 31 % des joueurs de division d’honneur. Un record. L’an dernier, au moment de préfacer le nouveau championnat dans nos colonnes, Serge Pilet, le secrétaire-général de la Fédération, avait déjà pointé cette problématique. Avec 21 joueurs supplémentaires par rapport à la saison dernière, le constat est donc inchangé. « Je trouve effectivement qu’il y a bien trop de joueurs étrangers dans notre championnat. Mon discours reste inchangé. Mais ce que je regrette surtout, c’est l’exode d’une partie de nos Red Lions vers les Pays-Bas (NDLR : ils sont 8 désormais à évoluer en Hoofdklasse). C’est dommage que nous ne parvenions pas à retenir ces internationaux en division d’honneur. Leur présence est essentielle dans notre championnat. A côté de cela, je ne comprends pas pourquoi les clubs ont besoin de transférer, outre des joueurs étrangers expérimentés qui apportent une plus-value, d’autres qui ont parfois moins de 21 ans. Cette situation est réellement néfaste pour l’éclosion de nouveaux talents dans notre pays. »

Respecter des quotas…de formation ?

Si l’ARBH regrette la situation, peut-elle faire quelque chose pour y remédier ? La discussion a été entamée avec les clubs par l’intermédiaire de la THL (Top Hockey League). Mais pas question pour Serge Pilet d’imposer une quelconque décision. « Faut-il obliger un club à évoluer avec un minimum de joueurs issus de son école des jeunes ? Ou faut-il limiter le nombre d’étrangers par équipe ? J’ai naturellement mon idée concernant cette problématique. Mais il faut explorer les différentes pistes et étudier ce qu’il est possible de mettre en place légalement. Nous travaillons actuellement sur un projet de licence comme au football. C’est un sujet qui est sur la table avec la THL. J’ai déjà fait une proposition concrète qui doit à présent être discutée. Cette licence comportera différents critères comme le fair-play financier ou fiscal, la qualité des infrastructures. Mais nous ne voulons rien imposer aux clubs, c’est à eux de décider quel cadre ils souhaitent mettre en place. »

Doit-on dès lors imposer des quotas pour limiter le nombre d’étrangers en division d’honneur ? « Pas obligatoirement, conclut encore Serge Pilet. A titre totalement personnel, je suis plutôt favorable à imposer aux clubs un nombre minimum de joueurs formés par leur école des jeunes. Il faut en effet éviter également que certains clubs de Nationale 1 se fassent piller par ceux de DH et que l’on crée du hockey à deux vitesses dans notre pays. Le débat n’est pas simple et tout le monde doit s’y retrouver. »

Laurent Toussaint, In Le Soir, jeudi 30 août 2018.

Photo : Philippe Demaret.

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