Florent van Aubel au sommet de son art

Même si certains pensaient que la récompense ne pourrait pas échapper à son coéquipier des Red Lions, Arthur De Sloover, c’est bien Florent van Aubel qui a émergé à l’issue des votes de l’ensemble des joueurs et des coachs de l’élite à l’issue de la défunte saison. Et ce 3e trophée est plus que mérité pour l’un des cadres du club de Brasschaat qui demeure, plus que jamais, une valeur sûre du championnat de Belgique mais aussi sur la scène internationale. Les amateurs de « tricks », de dribbles en 3D et de beaux gestes aux quatre coins de la planète admirent tous l’attaquant anversois qui, stick à la main, est capable de réaliser les mouvements les plus improbables avec une simplicité et un spontanéité tout simplement déconcertante. Son contrôle de balle et son toucher sont tout simplement prodigieux. D’où son surnom de « magicien »…

« Vous n’entendrez jamais dire que je suis le meilleur », sourit le lauréat du Stick d’or 2019. « Mais je pense que je suis un joueur qui effectue toujours le bon choix à la balle face à mon adversaire. Je sais quand je dois tenter une action individuelle ou que je dois plutôt opter pour un jeu en combinaison. Je sais quand je dois garder la balle. Ma principale force est, peut-être, ma simplicité dans mon jeu même si tout le monde prétend que je suis le magicien. Je sais que quasi personne ne sera d’accord avec moi mais c’est pourtant la réalité. »

C’est à l’âge de 4 ans que le Gantois effectue ses premiers pas sur le terrain de l’Indiana, le club fondé par son grand-père. Enfant, il passait des heures, avec son frère, à répéter inlassablement les gestes de base dans le jardin familial en maltraitant, au passage, le goal de football transformé en cage de hockey à l’aide de quelques planches de bois. Rapidement, il impressionne par son sens inné du jeu et ses qualités naturelles. A 12 ans, il rejoint alors l’Orée, considérée comme l’une des meilleures écoles de jeunes du pays, afin de parfaire son apprentissage et de poursuivre son développement à vitesse grand V. Jean Willems, séduit par son talent naturel, décide de lui accorder sa chance en équipe première à seulement 15 ans.

Rien ne pourra plus arrêter son évolution. Dans la foulée, il intègre l’équipe nationale et il rejoint le Dragons alors qu’il n’a encore que 17 ans. Ses ambitions sont très claires. Il veut remporter des titres, participer aux Jeux olympiques et s’imposer comme titulaire sous le maillot des Red Lions. Flo gagne rapidement en maturité et en expérience. Son explosivité fait des ravages. Sa lecture du jeu est impressionnante. Il excelle en combinaisons et devient indispensable dans le dispositif anversois grâce à son jeu sobre et efficace. Il enchaîne les titres (six en neuf saisons !) et les succès.

Si certains regrettent parfois son manque de folie sous le maillot de l’équipe nationale, l’explication en est pourtant tout simple. « Mon rôle chez les Red Lions ou au sein du Dragons sont réellement très différents. Mais j’adore les 2. Dans mon club, je dispose naturellement de bien plus de libertés. Je peux dribbler et tenter des actions individuelles. En équipe nationale, je m’intègre dans un système. C’est une machine où il n’y a pas de place pour laisser s’exprimer un joueur qui voudrait se débarrasser, seul, de 4 adversaires. Cela va tellement vite que c’est impossible. Mais je pense que cela qui a réellement façonné notre succès. Chez les Red Lions, il n’y a jamais un joueur qui sort du lot. Notre force, c’est le collectif. Mais cela n’altère en rien la créativité et le plaisir. »

Avant de rêver à l’or olympique, l’été prochain, comme les autres Red Lions, Florent van Aubel s’est remis au travail avec passion et abnégation. « Cette période est vraiment très chouette car nous avons enfin le temps de travailler individuellement pour améliorer différents aspects de notre jeu. Je dois encore travailler mon physique, mon agilité et mon explosivité. Et je fais cela 3 fois par semaine avec un petit groupe de 5. C’est un véritable luxe. »

Un travail de fond qui lui permettra de franchir encore de nouveaux paliers et qui pourrait certainement aider le Dragons à renouer, pourquoi pas, avec les lauriers nationaux après une saison de transition.

Laurent Toussaint, In Le Soir, mardi 12 novembre 2019.

Photo : David Catry (Belga).

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