Après une courte nuit de sommeil, il flottait encore un léger parfum d’euphorie à l’hôtel des Red Panthers au moment où les joueuses se rendaient, en groupe, à une légère séance de décrassage. Les protégées de Niels Thijssen prenaient consciences de leur exploit face à l’Allemagne, mais elles ne semblaient pas prêtes du tout à se contenter simplement de cette place en finale.
Pour les plus anciennes du groupe, ce succès avait également une saveur toute particulière après les désillusions du passé et, principalement, le cruel revers de Brasschaat, en 2015, lorsqu’un but coréen les avait privées de Jeux olympiques à 35 secondes de la fin du match. Les Red Panthers avaient frôlé la dislocation. Mais les cadres avaient tenu bon et faits preuve de courage en acceptant de rester malgré l’absence de grands rendez-vous internationaux durant deux ans. Parmi ces pions expérimentés figurait Louise Cavenaile. « C’est vrai qu’une fois que nous avons réellement réalisé, les souvenirs des moments plus compliqués et de ces jours où il fallait se remettre au travail après de grosses déceptions sont remontés à la surface. Et c’est là qu’on se dit qu’on bien fait de se remettre en selle, de mordre sur sa chique et de croire au projet de l’équipe. »
À 28 ans, la défenseur du Waterloo Ducks a tout connu sous le maillot national puisqu’elle y a débuté à l’âge de 14 ans. Elle savourait donc d’autant plus cette qualification historique. « Ce n’était clairement même le même genre de matchs que lors de la phase de poule puisque nous y visions avant tout le résultat. Nous avons abordé cette demi-finale avec de tout autres ambitions. Nous avons osé et nous nous sommes appliquées dans les différents secteurs du jeu. Je suis fière de notre défense car nous avons montré beaucoup de contrôle. Nous n’avons pas volé notre place en finale. L’équipe a joué de manière très libérée car nous avions accompli déjà atteint notre principal objectif qui était une place dans le dernier carré. Cette victoire est une grande victoire pour le hockey féminin belge. »
Les Pays-Bas ont tout à perdre
À l’issue de la World League, à la Rasante, deux gros chantiers se dégageaient lors des différentes analyses. Le mental et la tactique. Mais le travail minutieux accompli ces 6 dernières semaines a permis de corriger le tir. « C’est vrai qu’il avait pas mal de déceptions à l’issue de ce tournoi. Mais nous avons travaillé avec beaucoup d’assiduité pour corriger nos points faibles. Nous avons effectué plusieurs pas en avant depuis ces dernières semaines. Nous avons des qualités. Cela devenait lassant d’entendre que nous jouions bien, mais que les résultats ne suivaient pas. Face aux Pays-Bas, même si nous sommes loin d’être favorites, nous n’aurons rien à perdre. Nous savons que nous pouvons bien défendre, mais nous devrons aussi soigner notre reconversion offensive. Nous devrons aussi oser pour faire vaciller nos adversaires. »
Lors de son 1er duel du tournoi, la Belgique avait défendu avec brio face à la nation mondiale nº1 mais elle n’était pas parvenue à inquiéter son adversaire. Sans pression, l’histoire pourrait être bien différente. Les Pays-Bas auront tout à perdre après avoir loupé les JO, l’été dernier. Ils ne pourront pas faillir. Tout bénéfice pour les Panthères.
Laurent Toussaint (à Amstelveen), In Le Soir, 26 août 2017.