« Je ne voulais pas faire de burn-out ! »

Figure emblématique du hockey féminin belge et du Watducks, Aisling D’Hooghe a décidé de faire un pas de côté en club, prenant -au moins- une année sabbatique. Un choix mûrement réfléchi pour l’internationale belge qui continuera néanmoins à défendre les cages de l’équipe nationale belge lors des futurs mois.

Aisling D’Hooghe, cette décision d’arrêter votre carrière en club n’a pas dû être facile à prendre…
« Certainement pas, d’autant plus que j’ai connu seize magnifiques saisons au Watducks, dont treize en équipe première. Mais j’ai pesé le pour et le contre, et, j’estime qu’il était important pour mon propre bien de prendre un peu de recul. »

Qu’est ce qui vous a poussée à prendre cette décision ?
« Depuis treize ans, j’ai trois entraînements par semaine en soirée et tous mes week-ends planifiés par rapport à mes matches. À côté de cela, je suis aussi gardienne des Red Panthers depuis seize ans et je suis devenue Échevine il y a un an et demi. Mes journées sont lourdes, chargées et ma vie est dictée à 100 % par ces trois axes. »

Pourquoi avoir, dès lors, fait un pas de côté en club et pas en équipe nationale, dont vous défendrez encore les couleurs lors des prochains mois, des prochaines années ?
« Je souhaite tout simplement m’investir à 100 % dans tout ce que je fais. Et il devenait très difficile d’y parvenir avec mon train de vie actuelle. Cela devenait trop lourd physiquement et mentalement. Je n’avais finalement pas assez d’heures dans ma journée pour assurer mes trois fonctions. Avec les Red Panthers, je veux disputer les Jeux olympiques de Paris en 2024, tout comme je souhaite me représenter aux élections communales de fin 2024. Et puis, j’ai toujours adoré m’entraîner, tant en club qu’en équipe nationale. Mais ce qui m’apporte le plus en qualité d’entraînement, c’est bien les séances avec les Red Panthers. À partir de là, le choix était plus simple à mes yeux… »

Un choix qui doit, donc, vous soulager, non ?
« Très clairement. Il fallait que je fasse une pause à un moment donné. Je n’avais pas envie de connaître un burn-out dans deux ans et détester tout ce que je fais. Je sentais que j’avais besoin de repos, de ralentir la cadence. »

N’avez-vous pas peur de perdre votre niveau de jeu ?
« Sans me vanter, j’arrive à me motiver afin de m’entraîner seule. Je suis capable de planifier des séances de musculation ou de cardio et de m’y tenir. L’avantage, c’est que pour bien commencer ma journée, j’ai besoin d’avoir une idée bien précise de la manière dont elle se déroulera. Et je vais, donc, pouvoir m’organiser afin de me tenir à un niveau physique digne d’une athlète internationale. »

Vous ne manquerez, finalement, que du rythme des matches…
« Dans un certain sens, oui, mais j’ai la chance de pouvoir disputer de nombreuses rencontres de ProLeague avec les Red Panthers, ou un championnat du monde et un Euro. À moi d’être professionnelle et sérieuse. »

Avez-vous définitivement refermé le chapitre du Watducks ? Ou y aura-t-il une Aisling D’Hooghe 2.0 à Waterloo à l’avenir ?
« Je n’exclus pas de revenir pour le début de la saison 2021/2022. Je souhaite avant tout reprendre un maximum d’énergie avant de me pencher sur la question. La décision d’arrêter fut difficile à prendre puisque j’ai adoré jouer pour le club. Je sais aussi que cela me manquera un jour ou l’autre. Et à 25 ans, on ne peut pas dire que ma carrière en club est déjà terminée. »

Une histoire waterlootoise qui vous a menée jusqu’au sacre, en 2018 !
« Ce titre de championne de Belgique, avec mon club, ce fut une apothéose. Je ne remercierai jamais assez le club, l’équipe, le staff, pour ce merveilleux moment. »

Vous reverra-t-on dans les travées du Watducks la saison prochaine ?
« Certainement, quand j’en aurai l’occasion. Mais ce qui est certain, c’est que je ne change pas de club. Si je reprends la compétition, ce sera à Waterloo. Pendant cette année sabbatique, je resterai aussi affiliée au club. Si la nouvelle gardienne se blesse, qu’elle est absente pour raisons privées, j’ai proposé de rester à disposition du noyau. Si j’en ressens le besoin, on m’a également proposé de m’entraîner parfois. »

Pas question, néanmoins, de vous lancer dans le coaching.
« Certainement pas. Je veux libérer du temps, le coaching m’en prendrait plus. Je ne veux plus, pendant un an, devoir choisir entre mes activités de hockey et celles de la commune. Je souhaite pouvoir être présente à un maximum d’événements organisés par cette dernière. Le but, c’est d’être présente afin de rendre la confiance qui m’a été donnée.  »

Propos recueillis par Sébastien Hellinckx, In La Capitale, vendredi 17 avril 2020.

Photo : Luc Claesen (Belga).

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