À 30 ans, Anouk Raes a décidé de tirer un trait sur sa carrière en équipe nationale. Présente dans la sélection des Red Panthers en 2006, la Brabançonne aura été une des grandes artisanes de la progression du hockey féminin belge. Avec 281 sélections, la joueuse du Racing aura tout vécu avec les Panthères dont les Jeux Olympiques en 2012 à Londres ou encore la médaille d’argent à l’Euro en 2017.
Anouk, vous avez décidé de prendre votre retraite internationale. C’est une décision qui a été dure à prendre ?
« Oui et non. C’est toujours difficile d’arriver à un point où on veut arrêter en équipe nationale. Seulement, je m’y étais préparé mentalement depuis quelques mois. Ma blessure a joué un rôle dans ma décision mais ce n’est pas la seule raison. Je n’ai pas eu une bonne réunion avec le coach (NDLR : Niels Thijssen). Il m’a mise dans une position difficile. C’est quelqu’un qui a toujours été honnête avec moi mais je sentais que nous n’allions pas dans la même direction. Cela m’a un peu refroidi. De plus, je suis arrivée à un âge où j’ai aussi envie de faire autre chose. Je m’étais donc préparé à devoir prendre cette décision. »
Sur quels points n’étiez-vous pas d’accord avec le staff ?
« Il vantait mes qualités mais d’un autre côté, il insistait énormément sur mon manque de vitesse, ce qui est vrai. Le hockey commence à être un sport qui demande beaucoup de vitesse et je sais que je ne suis pas la plus rapide. Seulement, je pouvais travailler sur ce point. Nous n’étions pas d’accord sur l’importance que je pouvais avoir sur l’équipe au niveau du jeu. Il mettait trop d’importance sur mon manque de vitesse alors que j’avais d’autres qualités qui pouvaient être utiles. Cela m’a refroidi et c’est la première fois que je ressentais cela. »
Quel regard portez-vous sur votre carrière en équipe nationale ?
« Cela aura été un parcours vallonné. En tant que joueuses, j’ai vécu des moments très forts dont la qualification et la participation aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. J’étais entourée de nombreuses amies dont je suis toujours très proche. Ce qui est paradoxal, c’est que le hockey était moins beau que maintenant mais on sentait que c’était le début de quelque chose. Il y a aussi eu la médaille d’argent à l’Euro en 2017. Cela a été comme une sorte de consécration. Je n’ai pas l’habitude de penser comme cela mais le ressenti du monde extérieur par rapport à ce que nous avions réalisé était important. Ce sont mes deux meilleurs souvenirs avec l’équipe nationale. Ma plus grosse déception ? La non-qualification pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Cela a été très dur de passer outre et je ne cesse de me ressasser les deux rencontres face à la Corée du Sud et au Japon. Manquer les JO, c’est très frustrant car on doit chaque fois attendre quatre ans. »
Comment est-ce que vous avez vécu la progression du hockey en Belgique depuis vos débuts ?
« J’ai commencé en 2006 en équipe nationale et la différence est complètement folle. Nous suivons de près les progrès des garçons et on voit la différence notamment sur le plan physique. Les règles ont changé le jeu également. Nous sommes plus rapides mais aussi plus puissantes. Le hockey est en pleine évolution. La seule chose qui ne change pas, c’est l’aspect mental. Nous avons tellement grandi que nous avons aussi changé nos objectifs. Aujourd’hui, nous rivalisons face à des équipes contre qui nous nous contentions de défendre à Londres en 2012. C’est totalement différent maintenant car nous pouvons regarder des grosses cylindrées droit dans les yeux en nous disant que nous pouvons gagner. Quand on vit cela de l’intérieur, on ne se rend pas tout de suite compte de la progression. »
Désormais vous allez pouvoir vous concentrer sur votre nouveau rôle au Pingouin, en quoi consistera-t-il exactement ?
« À la base, je ne voulais pas rester dans le hockey après ma carrière mais finalement l’envie de continuer e est bien présente. J’ai pris du plaisir à entraîner et au Pingouin, je reprendrai l’école de jeunes des U6 aux U12. Je m’occuperai de la gestion des entraînements, du planning mais aussi de superviser les entraîneurs le samedi matin. J’entraînerai également des jeunes le lundi et je vais essayer de relancer une bonne structure au niveau des stages car c’est compliqué en club de faire des stages de bon niveau. De plus, sur le côté, je cherche aussi un travail à mi-temps en ressources humaines car je suis sur le point d’obtenir mon master. »
Vous serez toujours une joueuse du Racing la saison prochaine ?
« Oui car je me sens très bien dans ce club et je pense que c’est là que je terminerai ma carrière. Il y a toujours le Pingouin qui m’appelle aussi et je pense que j’y jouerai encore également mais peut-être à un autre niveau. »
Thomas Leloup, In Sud Presse, vendredi 19 juillet 2019.
Photo : Worldsportpics / Rodrigo Jaramillo.