Le camera-tracking : la nouvelle arme du Waterloo Ducks ?

Cela fait déjà plus de 10 ans que les innovations technologiques se sont invitées dans le hockey. GPS, applications connectées, plate-forme de codage, cardio, la discipline a toujours été en pointe et elle continue à chercher de nouveaux développements qui pourraient lui permettre de gagner encore en efficacité dans l’analyse du jeu ou la formation.

A Waterloo, le club a décidé de s’équiper d’un nouveau système qui lui permet de filmer les rencontres ou, plus précisément, les prestations de ses joueurs grâce au « camera-tracking ». Sa principale particularité : filmer et suivre un capteur, sans que personne ne soit derrière la caméra. « Effectivement, il n’y a plus besoin de cameraman, explique Frédéric Barré, l’un des administrateurs du Watducks, qui a importé de France le système. La caméra fonctionne à l’aide de trois balises GPS disposées sur les autres côtés du terrain. Les joueurs à suivre doivent porter un tag qu’ils mettent soit en poche, soit au poignet, ou ils peuvent porter une montre connectée. Celui-ci est identifié grâce à un système de géolocalisation. »

Si le système Pixio (dont le coût de base s’élève à environ 2.500 euros pour un robot, une caméra et 3 montres) a été développé, à l’origine, pour l’équitation (qui représente toujours 80 % du marché) et les sports individuels, il a rapidement suscité l’attention de disciplines collectives comme le hockey sur glace ou le cyclisme sur piste. Arrivé en Belgique il y a un an et demi, le système est utilisé, actuellement, au Waterloo Ducks mais également par les Indoor Red Panthers de Pierre-Emmanuel Coppin.

« Un petit côté placebo »

« L’objectif premier du système est d’analyser les performances individuelles des joueurs, poursuit Frédéric Barré. Ce qui est intéressant, c’est qu’il possède une portée psychologique sur les gamins. Quand vous leur posez un tag et que vous commencez à les filmer à l’entraînement, vous pouvez observer un comportement assez différent. Ils donneront souvent le maximum d’eux-mêmes. C’est très motivant pour les joueurs. Il y a un petit côté placebo intéressant à observer. »

Si Alix Perrocheau l’a exploité avec succès pour mener les joueuses du Watducks vers un deuxième titre indoor consécutif, Xavier De Grève, le coach de l’équipe première, ne l’utilise pas avec ses A. « Pour le moment, nous testons le système sur les jeunes du club. Il s’agit d’un investissement très intéressant pour le futur. Cela permet de suivre de manière très précise les individualités dans nos équipes de la filière Top hockey . On analyse leurs prestations durant les entraînements et les matchs. Il s’agit de prises de vues tactiques qui nous permettent de vérifier la position du corps sur les gestes de base, les appels de balle, les tirs, les passes, la manière dont ils se déplacent. Je suis adepte du système pour mes U19. Cela permet d’encadrer au mieux leur développement technique. »

Le « camera-tracking » s’utilise donc à côté de l’analyse vidéo traditionnelle déjà utilisée de manière intensive dans les clubs même au niveau des jeunes. « C’est effectivement complémentaire avec l’analyse vidéo classique que nous réalisons depuis la tour, conclut le T1 du Watducks, également responsable de l’école des jeunes du club de Waterloo. Mais nous ne sommes toujours en phase de test. Dans le futur, nous coderons toutes ces informations et nous pourrons les recouper avec celles de la vidéo classique. Le hockey moderne ne pourra plus se passer de la vidéo. Dès les U14, les joueurs du club assistent à des séances d’analyse vidéo. C’est essentiel pour atteindre et se maintenir au plus haut niveau. »

Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 9 mars 2019.

Photo : James Arthur Gekiere (Belga).

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