Impossible d’avoir pu échapper aux exploits de notre équipe masculine de hockey sur gazon depuis le titre de champions du monde conquis en Inde, en décembre 2018. Les Red Lions et le hockey belge vivent des années dorées. Ils emportent tout sur leur passage. Et la moisson de médailles et de titres ne semble pas près de s’arrêter, vu la rage de vaincre et la soif de victoires des protégés de Shane McLeod.
Vincent, vous venez de vivre une nouvelle année exceptionnelle avec les Red Lions ?
« C’est difficile de dire le contraire. Je pense sincèrement que nous ne pouvions faire mieux. Nous avons remporté notre premier titre de champions d’Europe, cet été, à Anvers, après avoir fêté un premier sacre mondial, en Inde, en décembre 2018. Nous avons également décroché le Trophée National du Mérite Sportif et un nouveau titre d’Équipe sportive belge de l’année après celui de l’an dernier. Sans compter les plus importantes distinctions individuelles au niveau mondial avec le meilleur joueur pour Arthur Van Doren, meilleur jeune pour Arthur De Sloover et meilleur entraîneur pour Shane McLeod qui a également remporté le titre de coach de l’année au niveau belge. De mon côté, j’ai eu l’honneur d’être sacré meilleur gardien du monde pour la seconde année consécutive et nous avons remporté avec mon club du Waterloo Ducks, le titre de champions d’Europe en club. »
Vous imagiez pouvoir atteindre, un jour, ces résultats avec ce groupe ?
« Tout est arrivé progressivement, à force de travail et de sacrifices. Quand on se pose 5 minutes, évidemment que nous sommes impressionnés par ce parcours. C’est notre coach néo-zélandais, Shane McLeod, qui nous a permis d’exploser. Mais les générations précédentes avaient construit des bases très solides avec la Fédération pour permettre cette réussite. Avant de remporter ce premier titre majeur, nous avons connu plusieurs désillusions ou défaites douloureuses en finale de grands tournois. Certains doutaient de notre future réussite. Mais nous savions que nous étions capables de nous imposer au sommet mondial. »
Cette équipe ne semble jamais rassasiée. Elle veut marquer l’histoire du sport belge ?
« Oui, c’est évident. Mais nous savons d’où nous venons. Et c’est là l’essentiel. Une carrière sportive est courte. Nous voulons tout gagner et écrire l’une des plus belles pages du hockey belge. Nous avons la possibilité de réaliser un triplé historique à Tokyo. Si nous décrochons l’or olympique, nous aurons tout gagné. L’adrénaline de la victoire est sans commune mesure. C’est pourquoi des stars de la trempe de Federer ou Nadal ne s’arrêteront jamais. Mais cela ne constitue certainement pas une obsession non plus. Ce qui est essentiel pour l’équipe, c’est de pouvoir inspirer. À l’image des All Blacks en Nouvelle-Zélande et de ses 5 millions d’habitants. Il faut arrêter de dire que la Belgique est un petit pays. J’espère qu’un jour, quand on pensera à la Belgique, on évoquera aux Red Lions. »
Malgré ce palmarès, vos salaires sont très loin de ceux du football ou du tennis ?
« L’argent n’a jamais été notre moteur. Même si, à l’issue de notre carrière, chacun d’entre nous aimerait pouvoir mettre sa famille à l’abri, ce qui ne sera pas le cas. Nous vivons juste normalement. Sans excès. On me demande souvent de comparer notre statut avec celui des footballeurs mais cela ne sert à rien. Je suis juste jaloux parce qu’ils évoluent souvent devant plus 50.000 personnes. Et cela, j’en rêve. Ils étaient 8.000 dans les tribunes, à Anvers, pour l’Euro et cela nous a déjà donné des ailes. Je trouve juste dommage que les primes de victoires comme après la Coupe du monde ou aux Jeux soient, à ce point, taxées. »
La médaille d’or est la seule option pour Tokyo, l’été prochain ?
« Ce sera compliqué. Mais j’ai très envie de retourner chez le Roi et à la Grand-Place, au mois d’août (Rires). C’est le rêve de toute l’équipe de réussir ce triplé. Mais ce sera le parcours du combattant. Remporter l’or aux JO est plus compliqué que dans les autres tournois. Mais nous avons toutes les cartes en main pour y parvenir même s’il ne faudra pas négliger, non plus, le facteur chance. Toutefois, si nous repartions avec une médaille d’argent ou de bronze, ce sera toute de même une immense fierté pour nous et pour la Belgique. »
Propos recueillis par Laurent Toussaint, In Sud Presse, mardi 31 décembre 2019.
Photo : Kristof Van Accom (Belga).