Shane McLeod : « Ce n’est pas un cadeau d’endosser le rôle de grand favori aux JO »

Alors que 2020 s’annonçait comme une nouvelle année faste pour le hockey belge, la pandémie mondiale a chamboulé tous les plans et repoussé d’un an le rêve olympique de cette génération dorée, déjà championne du monde et d’Europe. Shane McLeod, le mentor des Lions, a dû jongler, ces derniers mois, pour réorganiser le quotidien de ses ouailles et leur fixer de nouveaux objectifs en attendant d’aborder, enfin, la dernière ligne droite vers Tokyo. Mais pas de quoi tracasser le Néo-Zélandais qui possède une confiance absolue dans son groupe. L’annulation du stage hivernal en Afrique du Sud n’a pas non plus entaché l’enthousiasme habituelle du sélectionneur national qui rêve de quitter les Red Lions avec une médaille d’or, le 5 août prochain, au soir de la finale olympique.

Shane McLeod, comment les Red Lions ont-ils, finalement, traversé 2020 ?
« Comme tout le monde. L’année a été très difficile alors qu’elle avait débuté de manière très prometteuse en Pro League lors de notre tournée en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Inde. Mais le virus a affecté chacun de nous d’une façon ou d’une autre. Nous ne faisons évidemment pas exception. »

L’équipe a réussi à maintenir son niveau malgré la situation ou, peut-être, a-t-elle même encore progressé ?
« Je n’avais jamais vu les Red Lions aussi prêts à en découdre sur la scène internationale que durant les 6 premiers mois de l’année. Mes joueurs étaient impressionnants dans la manière dont ils s’entraînaient mais, également, lors des matchs de la Pro League. Durant un moment, j’ai pensé que ce serait peut-être difficile de recréer cet état de grâce. Mais, connaissant ce groupe, je reste extrêmement confiant pour qu’il retrouve ce niveau et même, qu’il devienne encore plus fort en 2021. »

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué à gérer depuis le mois de mars dernier ?
« C’est que les joueurs ont atteint un sommet mental au moment où les JO devaient avoir lieu. Ils ont dû également affronter le lockdown qui les a privé des 3 éléments fondamentaux dans leur mode de vie. Ils ont manqué de structure durant leur semaine. Ils n’ont pas pu se connecter les uns aux autres sur base régulière, et, enfin, ils ont été privés de compétitions. Pour la plupart d’entre eux, cela faisait plus de 10 ans qu’ils n’avaient plus disputé de matchs à enjeux durant une aussi longue période. »

Comment le groupe a-t-il digéré le report des Jeux ?
« Chacun l’a fait à sa manière. Je suppose que la seule pensée commune partagée par l’ensemble du groupe était la désolation. Nous étions prêts. Alors, oui, nous serons à nouveau prêts, mais à ce moment-là, nous savions que nous étions réellement au sommet. Nous devons, à présent, recommencer l’ensemble du processus. »

Qu’est-ce que 2020 vous a appris sur les Red Lions ?
« Rien que je ne savais déjà. C’est un groupe incroyable composés d’individualités qui mettront tout en œuvre pour rester les meilleurs du monde. »

Comment abordez-vous 2021 ?
« Que la bataille commence ! L’année olympique est la plus enrichissante dans un cycle de 4 ans, 5 dans ce cas-ci. Les joueurs sont extrêmement diligents dans la façon dont ils s’entraînent et ils jouent. Ils recherchent par n’importe quels moyens de progresser encore, ici et là. C’est vraiment amusant d’être impliqué dans un groupe qui fait cela. »

Mais l’année ne démarre pas idéalement avec l’annulation de votre stage hivernal en Afrique du Sud. Quel est le plan B ?
« Nous devrions partir pour Las Palmas, aux Canaries, le 16 janvier. Nous sommes convaincus que nous pourrons y créer une bulle sûre et nous nous entraîner sous de bonnes conditions météorologiques. C’est vital à ce stade de notre préparation. »

Qu’est-ce que cela risque d’avoir comme incidence dans votre préparation ?
« Pas grand-chose. Je pense que nous pouvons reproduire ce que nous avons déjà connu dans le passé. Il y a évidemment le hockey mais aussi, et surtout, toute la dynamique de groupe qui est devenue un ingrédient essentiel de notre succès. Nous demanderons donc aux joueurs d’investir énormément durant cette étape. »

Comment allez-vous organiser ces 7 premiers mois de l’année avec l’enchainement des échéances : la compétition nationale, la Pro League, l’Euro et enfin les JO. Ce sera extrêmement chargé…
« Nous aurons disputé une abondance de rencontres au moment d’entamer les Jeux. C’est une belle année pour les joueurs qui adorent jouer des matchs. Notre mission sera de nous assurer qu’ils reçoivent des entrainements de qualité entre les matchs. »

Que reste-t-il encore à finaliser pour décrocher le titre olympique ?
« C’est la sélection finale qui constituera probablement le plus grand défi de ces 6 premiers mois. »

Vous avez déjà en tête votre sélection pour Tokyo ?
« Non. Même s’il y a des joueurs qu’il serait impossible de laisser à la maison. Notre tâche principale sera de sélectionner les combinaisons qui fonctionnent bien ensemble. »

La Belgique reste-t-elle toujours la grande favorite pour remporter la médaille d’or ?
« Pour le moment, nous sommes pointés comme le candidat numéro 1. Mais cela signifie simplement que tout le monde cherchera à nous battre. Ce n’est pas un cadeau d’endosser ce rôle mais nous devrons utiliser ce statut à bon escient. »

Le Championnat d’Europe programmé fin mai ne tombe-t-il pas un peu comme un cheveu dans la soupe ?
« Non, le timing du tournoi est bon pour la préparation des JO. Nous allons d’ailleurs utiliser l’Euro comme un tremplin. Il est possible de remporter les deux compétition même si ce sera incroyablement difficile à accomplir. Si nous jouons bien à Amsterdam, c’est très bien tant que nous avons la capacité de jouer encore mieux, durant l’été, au Japon. 2021 est l’année olympique, pas l’année européenne. »

Qu’est-ce qui fera la différence lors de la finale des JO ?
« C’est l’équipe qui sera prête à gagner le dernier match qui s’imposera. Il faut une combinaison gagnante de plusieurs éléments pour remporter les Jeux. L’équipe devra avoir soif de vaincre mais, également, suffisamment de réalisme pour savoir que ce ne sera chose acquise qu’à l’issue des 60 minutes. »

Les Red Lions peuvent donc réussir le triplé historique : Coupe du monde, Euro et Jeux ?
« Oui. »

Propos recueillis par Laurent In Le Soir, samedi 09 janvier 2021.

Commentaires