Ces Red Lions valent désormais de l’or

C’est au courage et à l’expérience que les Red Lions sont allés chercher leur ticket pour les demi-finales du tournoi olympique. Impuissants en première période, les ouailles de Shane McLeod se sont arrachés, dès le retour des vestiaires, pour renverser la vapeur et remporter, avec panache, leur quart face à l’Inde (3-1). Ils ont donc, enfin, réussi à vaincre le signe indien en parvenant à se hisser dans le dernier carré d’un tournoi majeur (même s’ils ont toutefois été finalistes à l’Euro 2013, à Boom, et lors de la dernière édition de la World League, à Raipur, en 2015).

C’était même devenu une très mauvaise habitude de chuter à ce stade de la compétition (comme à la Coupe du monde 2014, au Champions Trophy 2014 ou à l’Euro 2015). Les joueurs ne parvenaient pas à répondre présent sur le terrain, comme tétanisés par l’enjeu. Et les constats étaient toujours les mêmes : peu ou pas de jeu, créativité inexistante, mauvaise gestion de la rencontre et surtout des moments clés, par des joueurs mentalement beaucoup trop fragiles.

Mais tout cela semble, aujourd’hui, être de l’histoire ancienne. Cette équipe est transfigurée. Elle fait preuve d’une maturité exceptionnelle et d’une solidité à toute épreuve. Comme si plus rien ne semblait pouvoir lui arriver…

1. Un mental et une solidarité exemplaires.
Pointé depuis des années comme le principal responsable de tous les maux, l’aspect mental est aujourd’hui devenu le point fort de cette équipe. A son arrivée à la tête des Red Lions, Shane McLeod a décidé de se séparer de Jef Brouwers, le préparateur mental monté dans l’aventure en 2008, au lendemain des JO de Pékin. Le Néo-Zélandais a choisi une approche toute différente avec ses joueurs. D’un calme olympien et très paternaliste, il passe énormément de temps à discuter avec ses protégés. Et autant il était exigeant avec eux lors des entraînements et des matchs, autant il est protecteur avec son groupe en dehors du terrain. Il trouve toujours les mots justes et son discours fait mouche. Les Belges sont passés du statut de « gentils outsiders », qui craquaient sous le poids de la pression, à celui de véritables « machines à jouer ». La principale qualité de cette équipe est, à présent, l’impressionnante maturité dont elle fait preuve lors des moments clés. La gestion du tournoi et des matchs est parfaite. Comme si plus aucun élément extérieur ne pouvait venir entraver sa marche vers le podium…

2. Des tests qui portent leurs fruits.
Les Red Lions avaient abordé le Champions Trophy, à Londres, en juin, et le tournoi « Quatre Nations », à Dusseldorf, en juillet, comme de véritables tournois de préparation. Peu importe les résultats enregistrés, Shane McLeod et son staff voulaient surtout peaufiner plusieurs détails tactiques et fignoler encore certains schémas de jeu. Le Néo-Zélandais avait ainsi emmagasiné des tonnes d’informations et relevé certains points d’attention comme la concrétisation, les penaltys, la reconversion offensive, la gestion des moments clés ou le jeu en sous-nombre. A Rio, ces enseignements ont porté leurs fruits et les Lions ont utilisé cette expérience déterminante à bon escient. « Nous sommes devenu une équipe très difficile à battre, prévient Tanguy Cosyns. Avec toute l’expérience que nous avons emmagasinée depuis trois ans et demi, lorsque nous avons entamé ce nouveau cycle, mais, aussi et surtout, au cours de ces derniers mois, nous possédons toutes les cartes en main pour aller au bout. Il n’y a aucune crainte à avoir. La pression est présente parce que nous voulons bien faire. Notre collectif et notre expérience en tant que groupe constitueront un véritable atout. Nous voulons montrer une bonne image dans le sport et dans cette équipe belge. Nous allons donc tout faire, maintenant, pour décrocher cette place en finale. »

3. Une puissance physique qui fait la différence.
Lors des six premiers matchs de la compétition, les Red Lions ont prouvé, s’il le fallait encore, qu’ils étaient l’une des équipes les plus physiques au monde. Même sous les fortes chaleurs à Deodoro, les joueurs n’ont jamais faibli. La préparation de Mick Beunen a été rigoureuse et les Belges ont atteint leur pic de forme au bon moment. A Londres, en 2012, ils étaient costauds. Quatre ans plus tard, à Rio, ils ont atteint une dimension supplémentaire. La Belgique peut évoluer à un train d’enfer et dégoûter physiquement ses adversaires comme face à l’Inde, lors de la seconde période. La puissance physique et athlétique, capitale dans les duels, sera certainement une des clés de la rencontre face aux Pays-Bas. « Nous nous sentons très bien malgré l’accumulation des matchs, souligne Sebastien Dockier. La gestion des journées de repos par le staff est parfaite et nous travaillons toujours de manière spécifique pour répondre présent au match suivant. Enfin, les kinés effectuent un travail remarquable pour nous garder dans les meilleures conditions. Nous serons donc prêts à 100 % face aux Néerlandais. »

Laurent Toussaint (à Rio de Janeiro), In Le Soir, mardi 16 août 2016.

Photo : ARBH/World Sport Pics.

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