Pour les Red Lions, seule la victoire compte

Maxime Luycx (345 sélections – capitaine 3,5 ans – J.O. de Pékin et de Londres) et Thomas Van den Balck (240 sélections – capitaine 2 ans – JO de Pékin) suivent attentivement le tournoi de Brasschaat. Consultants respectivement pour la RTBF et Be Tv, les deux anciens capitaines des Red Lions jettent naturellement un œil avisé sur les prestations de leurs anciens coéquipiers. Sans tabou, ils donnent leur avis sur cinq thématiques qui font débat depuis l’entame de la compétition, à quelques heures de la demi-finale face à l’Inde (18h30).

Le coaching de Jeroen Delmee

Max Luycx : « Jeroen prône un style de jeu assez direct et assez technique, dans le style des Néerlandais. L’équipe cherche les longues balles de Loïck Luypaert et d’Arthur Van Doren. Elle aime aussi beaucoup joué par les flancs. Avec Delmee, les Red Lions alternent le jeu court et le jeu long. Cela nous offre donc beaucoup de possibilités. Mais attention, le Néerlandais n’aime pas beaucoup que les joueurs portent la balle. Les désillusions des derniers tournois ont modifié l’approche qui privilégie, à présent, la force collective du groupe, et, non plus les exploits individuels. »

Thomas Van den Balck : « La Belgique est devenue une véritable machine, très proche du jeu allemand. L’important, aujourd’hui, c’est uniquement la victoire alors que les Red Lions nous avaient habitué à propose un peu plus de jeu. Il y a beaucoup moins de magie ou de coups d’éclat. La tactique n’évolue guère. C’est le jeu des Belges. On procède toujours avec de longues balles que l’on essaie d’envoyer dans le cercle. Les joueurs ont dû adapter leur manière de jouer. C’est la balle qui doit circuler, plus les joueurs. Les individualités ont cédé la place au collectif. »

La défense

M.L. : « En pertes de balle, Jeroen Delmee insiste beaucoup sur le travail des attaquants qui doivent immédiatement se replacer et défendre. Il exige une grosse pression sur le porteur de la balle. Pour lui, il est essentiel de défendre à onze. Mais, paradoxalement, face à la France, la défense a vécu un match très compliqué alors que c’était très clairement notre point fort depuis des mois. »

T.V. : « Face à la France, la défense a pris l’eau. Mais de manière générale, je trouve que, depuis l’entame de tournoi, on encaisse trop de buts pour le peu d’occasions que l’on concède à nos adversaires. Lors de ce quart de finale, c’est comme si cette équipe jouait avec une boule au ventre. Lorsque l’on encaisse des buts, c’est parce qu’il y a, à chaque fois, trop peu de pression sur le porteur de la balle. Nous avons encore de gros efforts à fournir à ce niveau-là. »

Le mental

T.V. : « Ils ont fait d’énormes progrès dans ce domaine. Ils ont pris un gros coup sur la tête lors du Champions Trophy en terminant à la dernière place. Le stage en Afrique du Sud leur a fait beaucoup de bien car ils ont tout remis à plat. Ils sont dans la maîtrise du sujet, au niveau mental et psychologique. En six mois, ils ont effectué beaucoup de chemin. Ils savent qu’ils doivent gagner sans spécialement bien joué. D’ailleurs, on ne les a jamais vu nerveux durant l’un de ces cinq matchs. »

M.L. : « Ils ont entamé un gros travail de fond, au Cap. Jef Brouwers, le préparateur mental, les aide à progresser dans la gestion des moments importants. Mais de manière générale, ils sont passés dans une toute autre sphère. Ce groupe est beaucoup plus mature et serein. »

Tom Boon 

M.L. : « Il n’a peut-être pas presté à son meilleur niveau lors des derniers grands rendez-vous, mais les supporters attendent énormément de lui. Quand il évolue à son plein potentiel, c’est l’un des meilleurs attaquants du monde. Mais les gens s’impatientent. Ils veulent qu’il empile les buts. Je suis convaincu qu’avec un Tom Boon à 100%, nous remporterons encore de nombreux matchs. Il sera très important pour le groupe à Rio. Il est actuellement dans un petit creux même s’il affirme le contraire. »

T.V. : « Il est très médiatisé. C’est le premier joueur belge professionnel qui reçoit une attention quotidienne. Et cela gêne peut-être certains de ses coéquipiers dans le noyau. Il est aussi victime de sa participation à l’India League et de son absence lors du stage en Afrique du Sud. A Bloemendaal, il évolue en totale confiance. Mais, avec les Red Lions, c’est autre chose. Je trouve le jugement des gens très sévère. Il a parfois des difficultés à se fondre dans le collectif mais l’équipe a besoin de lui comme individualité. Il monte en puissance dans ce tournoi et il n’est certainement pas moins bon que certains de ses coéquipiers. »

La médaille à Rio ?

M.L. : « Je pense que la Belgique a acquis une nouvelle dimension même si les résultats ne suivent pas encore vraiment. L’ambition est très élevée. Ils devront prester à un tout autre niveau et encore franchir un nouveau palier pour atteindre un podium aux Jeux. Ils doivent encore gagner en maturité et en régularité. »

T.V : « Il y a moyen d’aller chercher une médaille mais il faudra encore travailler et corriger certains détails comme le penalty qui reste insuffisant. Il faudrait aussi peut-être laisser un peu plus de liberté aux joueurs dans le jeu. J’aimerai voir un peu plus de magie sur le terrain. »

Laurent Toussaint, In le soir, 3 juillet 2015.

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