Depuis la fin de la Coupe du monde et la décevante cinquième place à La Haye, les langues se sont déliées autour des Red Lions. L’annonce du départ de Marc Lammers pour des motifs personnels a remis de l’eau au moulin des détracteurs du Néerlandais. Selon eux, le feu sacré avait disparu entre le coach et son noyau. Mais l’ex-T1 de l’équipe belge n’accepte pas ces commentaires. Il persiste et signe. Son retrait est lié uniquement à sa vie personnelle et familiale et n’est en aucun cas due à des problèmes relationnels avec ses joueurs. Pour mettre les choses au clair, il a accepté de revenir une toute dernière fois sur les raisons profondes de sa démission.
Marc, quelles sont les véritables motifs de ton départ ?
« J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à travailler avec ce groupe. Mais le hockey international a beaucoup évolué ces dernières années. La multiplication des compétitions avec, par exemple, l’introduction de la World League, et les double week-end dans le championnat de Belgique, tu es très souvent absent de la maison. Cela a amené beaucoup de perturbations dans ma vie privée sur lesquelles je ne veux pas m’étendre. J’ai discuté avec la Fédération après la Coupe du monde et je suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais pas poursuivre de la sorte. Les joueurs méritent un coach concentré à 100% sur son job surtout si c’est l’un des points sur lequel j’insiste avec mon groupe. Mais je ne pouvais plus leur offrir cela. Ma famille a également besoin d’un père durant les périodes de vacances et les week-ends. Je le répète cette décision est d’ordre privé et n’a clairement rien à voir avec les joueurs. »
La confiance n’était donc pas rompue avec le groupe ?
« Selon moi, non ! Nous formions une véritable équipe avec les joueurs. Il n’y avait pas de conflits. Ce groupe était inspirant et talentueux. Il travaillait dur. Je le répète, je ne comprends pas pourquoi on veut en faire un problème relationnel alors que mon choix est purement familial. Toutes les décisions prises l’ont toujours été dans l’intérêt de l’équipe. »
Certains disent qu’il n’était plus possible pour toi de travailler avec le noyau.
« Je ne suis pas d’accord avec cela. Il m’était tout à fait possible de poursuivre le travail au quotidien avec les Lions. Mais si, en tant que coach, je demande un investissement total, de l’implication et de la passion et que, moi-même, je devais également pouvoir leur offrir cela. Ce groupe méritait un coach totalement investi dans sa mission. »
Est-ce que tu penses que tu as commis des erreurs ? Dans la gestion, dans tes choix ou autres ?
« Non. J’ai toujours tout fait dans l’intérêt unique de l’équipe nationale. Nous avons bien progressé, durant les premiers mois, sur l’aspect professionnalisme. En Belgique, il y a de nombreux très bons joueurs. La concurrence est devenue très importante. Aujourd’hui, il n’est plus possible de sélectionner tous ceux qui méritent une sélection. Les Red Lions occupent la quatrième place mondiale. Cela signifie que nous avons donc continué à monter vers le sommet. Naturellement, il y a de petits détails que nous pouvons toujours améliorer… »
Tu n’as donc pas senti de cassure avec les joueurs ?
« Non, je te le répète, je n’ai pas senti une quelconque rupture avec le groupe. Cette décision est uniquement liée à des aspects privés ! »
Certains ont évoqué aussi des problèmes linguistiques ?
« Je n’en sais rien. Mes prédécesseurs étaient Néo-Zélandais, Australien et Sud-Africain. Ils ont toujours dirigé le groupe en anglais. Et c’est ce que nous avons également fait. Je ne pense donc pas qu’il s’agissait d’un problème. »
Pourquoi n’as-tu pas appris le Français ?
« Parce que l’anglais était satisfaisant comme langue véhiculaire pour diriger ce noyau. »
Après la Coupe du monde, tu étais persuadé de poursuivre l’aventure avec les Red Lions ?
« Bien entendu. J’ai été contacté par la Fédération néerlandaise avant et après La Haye. Mais pour moi, il était clair que je poursuivrais l’aventure avec la Belgique jusqu’au Jeux de Rio, en 2016. Après le tournoi, j’ai d’ailleurs analysé nos prestations et notre comportement durant la compétition. J’ai également commencé à travailler sur le programme des deux prochaines années. Ce n’est qu’après que j’ai dû poser un choix définitif suite à ce qu’il se déroulait dans ma sphère privée. »
Entretien : Laurent Toussaint