Même si la Belgique pointe actuellement à la quatrième place mondiale depuis la dernière Coupe du monde à La Haye, l’été dernier, elle mesure, au quotidien, dans ce Champions Trophy, tout le chemin qu’il lui reste à parcourir pour atteindre des podiums et jouer les premiers rôles dans les grandes compétitions internationales.
Face à l’Inde, les Red Lions sont, une fois de plus, retombés les pieds sur terre après une prestation en demi-teinte. Sous les assauts adverses, les protégés de Jeroen Delmee ont semblé débordés dans plusieurs secteurs du jeu. Pourtant, pour Tanguy Cosyns, comme pour la plupart de ses partenaires, ils ont proposé une prestation assez correcte. « Je ne pense pas que nous ayons perdu notre structure au fil du match. Nous avons surtout été mauvais au niveau des détails. Nous n’avons pas bien géré les contre-attaques indiennes alors que nous menions 2-0. Mais, il faut, aussi, tout simplement admettre que nos adversaires ont été très bons. De notre côté, nous sommes très déçus, ce qui signifie que nous voulions réellement remporter cette rencontre. C’est la deuxième fois que nous connaissons une telle désillusion, après celle de la Coupe du monde. »
Après un excellent départ, les Belges ont été submergés par les assauts indiens et ils ont semblé incapables de réagir. «Nous avons clairement manqué de justesse, poursuit l’attaquant bruxellois. Chaque joueur a voulu aider l’équipe mais personne n’a été au niveau, tout simplement. Nous sommes, chacun, un peu trop sortis de notre rôle et de notre match. Cela a ouvert des espaces pour les Indiens, alors que nous aurions dû garder en tête nos tâches initiales et respecter les consignes. »
« C’est quelque chose d’inexplicable »
Alors, après les échecs de l’été dernier, à la Haye, ou de Melbourne, lors du Champions Trophy 2012, les observateurs posent de nouveau la question de savoir s’il s’agit uniquement d’un problème psychologique. Pour Jef Brouwers, le préparateur mental de l’équipe, depuis 2009, la réponse est assez simple. « L’élément le plus important à retenir, c’est que lorsqu’ils doivent le faire, ils n’y arrivent pas. Il est très clair que cette équipe a toutes les capacités pour évoluer au plus haut niveau mais que cela bloque du côté mental. Le début de rencontre face à l’Inde était parfait. Il aurait ensuite fallu s’adapter à la situation alors que nous menions 0-2. Attention, ce n’est pas la peur de gagner, c’est quelque chose d’inexplicable. Le sportif belge ne parvient pas à acquérir une indépendance mentale. Il est toujours influencé inconsciemment par des éléments extérieurs qu’il ne contrôle pas. Les joueurs doivent donc apprendre à se centrer sur le hockey et ne plus être perturbés par le score, l’adversaire, les supporters, etc. »
Certains prétendent également que la Belgique est surcotée dans la hiérarchie mondiale avec une quatrième place qui ne correspond pas au niveau de ses Red Lions. « Faux, rétorque Tanguy Cosyns. Nous sommes à notre place mais notre manière de jouer a changé. Avant, nous étions forts défensivement et nous nous battions l’un pour l’autre. C’était notre force principale. Aujourd’hui, nous essayons de franchir un pas supplémentaire parce que nous en voulons plus. Nous défendons bien mais nous voulons développer un beau jeu offensif. Cela nous expose aux contre-attaques. Mais il s’agit de la meilleure voie pour évoluer vers le top. »
Face aux Pays-Bas, les Lions doivent enfiler leur bleu de travail. Pour eux, il sera essentiel, aussi, de retrouver leurs sensations pour éviter une mauvaise surprise face à un adversaire, lui aussi blessé. Une première réaction permettra d’atténuer quelque peu la déception des quarts de finale mais elle sera, surtout, une première étape vers la cinquième place du tournoi.
Laurent Toussaint (à Bhubaneswar), In Le Soir, samedi 13 décembre 2014.
Photo : FIH – Koen Suyk