Le parcours du combattant des jeunes hockeyeurs

Les rencontres de Pro League de hockey, comme celles qui se sont déroulées ce week-end à Uccle, et qui se dérouleront encore mercredi face aux Pays-Bas, sont autant d’occasions pour les coachs des Red Lions et des Red Panthers d’intégrer les petits jeunes qui devront faire les beaux jours de ces équipes dès demain, ou plutôt après-demain… « Lorsque j’ai reçu ma chance, il y a presque 3 ans, j’avais été frappé par un discours de Shane McLeod, qui estimait à 18 mois le temps minimum nécessaire à l’intégration d’un nouveau joueur dans l’équipe », se souvient ainsi Nicolas Poncelet (24 ans). « Et, de fait, j’ai directement constaté qu’il y avait un monde de différence avec le niveau de la division d’honneur ou même des matchs que je disputais avec les Young Red Lions. »

Avec, à la clef, quelques pépins physiques pour commencer… « Au fitness, par exemple : de petites blessures liées à des charges beaucoup plus lourdes que celles avec lesquelles j’avais travaillé auparavant », poursuit le joueur du Léo. « Et puis les rythmes d’entraînements, eux aussi, sont beaucoup plus élevés. Comme on vient d’arriver, on est prêt à donner tout ce qu’on a, mais le corps ne le supporte pas toujours… »

Viennent alors, mais parfois beaucoup plus tard, les premières intégrations à l’équipe. Samedi, Thibeau Stockbroekx (20 ans, le petit-neveu de Manu) a ainsi décroché sa première sélection dans un match officiel (après les deux premières obtenues en janvier dernier, lors du stage australien) ; la même que celle dont avait bénéficié William Ghislain (21 ans), il y a peu, en Allemagne… « Ce n’est évidemment pas facile d’être plongé dans le bain comme ça », conte celui qui avait pourtant inscrit un goal dès sa première sélection lors de ce match officiel. « Ça l’est peut-être encore moins pour les attaquants qui, à l’image du gardien de but, ne vont peut-être recevoir qu’une balle, mais avec l’obligation d’en tirer le meilleur profit. Il reste que les anciens sont vraiment très accueillants, et puis on sent aussi tout de suite que c’est hyper structuré et bien contrôlé ; on ne risque pas de faire un faux pas. Ou alors, il y a toujours quelqu’un pour nous le dire… »

Entouré de son staff, Shane McLeod observe sa classe biberon avec bienveillance : « Le premier objectif est de confronter ces gars au hockey international de haut niveau », dit le coach néo-zélandais, qui devra bientôt gérer le départ de quelques cadors cependant bien décidés à aller chercher l’or olympique avant cela. « Nos attentes ne sont pas super élevées, et en tout cas moins élevées que les leurs. Car si je suis certain que la plupart d’entre eux aimeraient être du voyage à Tokyo l’été prochain, il est évident que notre plan (NDLR : tourné vers des jeunes nés pour la plupart entre 1999 et 2001) a plutôt pour échéance Paris 2024. »

Comme on a pu le voir ce week-end face à une équipe britannique particulièrement déterminée, l’entrée au jeu de ces « gamins » n’a rien d’une sinécure dans de tels matchs à enjeu. Avec, pour risque, de cirer la banquette plus longtemps que prévu ? « Non », explique McLeod. « Le plan est généralement respecté. Bien sûr, les temps de jeu sont limités (NDLR : de l’ordre de 3 à 5 minutes maximum par quart-temps) et c’est vrai que la pression est d’autant plus grande quand l’adversaire s’avère costaud ou le score serré, mais l’idée est vraiment de les plonger dans le grand bain. Seule exception : si un de nos joueurs prend une jaune (NDLR : 10 minutes d’exclusion), alors le jeune passe son tour car cela demande une réorganisation de l’équipe qu’il est trop compliqué de lui expliquer en si peu de temps, tandis que les titulaires la connaissent par cœur. »

Des titulaires fatalement bien accrochés à leur statut, en plus du fait de présenter des qualités physiques et techniques rarement prises en défaut. « Et puis, il faut reconnaître que la plupart d’entre eux sont encore très jeunes », s’exclame Nicolas Poncelet, qui ne fait pas mystère de l’ambition qu’il partage avec ses potes d’un jour pouvoir s’installer dans l’équipe. « Cela dit, même s’il n’y a parfois que deux ou trois ans d’écart avec certains d’entre eux, ils ont tellement appris pendant ces années-là que le gap reste assez important. Alors, on peut parfois quitter le terrain avec la frustration d’avoir joué si peu. Mais on le comprend pour la stabilité de l’équipe. Et puis, chaque seconde qu’on nous donne, on la joue à fond ! »

Thierry Wilmotte, In Le Soir, mardi 3 novembre 2020.

Photo : FIH.

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