L’analyse vidéo en hockey, un décodage en temps réel

Depuis près de 10 ans, le hockey moderne fait la part belle aux innovations technologiques. Cardio, GPS, applications connectées, plate-forme de codage, la discipline a toujours à la pointe et cela depuis de très nombreuses années. « Le hockey de haut niveau n’est plus envisageable sans l’analyse vidéo, annonce sans détour Emily Calderone (28 ans), analyste vidéo des Red Lions depuis le mois d’août dernier. Et l’évolution technologique a tout simplement été incroyable au cours de ces dernières années. »

C’est à l’aube des années 2000 que le hockey est devenu le premier sport en Belgique à posséder et utiliser un système de codification et d’analyse vidéo de ses matchs. Originaire d’Australie, le logiciel, qui coûtait extrêmement cher à l’époque, fait son entrée chez les Red Lions en 2004, sous l’ère Giles Bonnet. Au départ, il fallait de longues heures pour découper les matchs filmés et les classer en clips, mais la vidéo fait rapidement ses preuves et convainc staff, joueurs et Fédération. « Pendant le match, je suis en haut, dans la tour vidéo avec ma caméra et deux ordinateurs, poursuit l’ancienne joueuse du Victory et du Dragons. Je reste en contact permanent avec Shane McLeod et ses adjoints. Comme toutes les actions et les moments du match sont enregistrés suivant un codage bien précis, ils peuvent m’appeler et me demander les codes pour les consulter immédiatement. »

En effet, l’essentiel à l’heure actuelle, c’est la rapidité et la disponibilité des images. Le staff a besoin de pouvoir interroger, presque en temps réel, cette mine d’or informations pour adapter une tactique, la position d’un joueur ou le choix d’une phase sur penalty. « Lors de chaque rencontre, on installe deux tablettes et un routeur sur le banc, explique Emily Calderone qui collaborait déjà depuis 6 saisons au niveau de la vidéo avec le coach des Red Lions, en club et en équipes nationales d’âge. Les joueurs peuvent ainsi consulter eux-mêmes certaines phases du match. Mais habituellement c’est Craig Fulton qui fait le plus grand usage de ces images et il peut avertir Shane sur le bord du terrain s’il remarque quelque chose d’important. Toutefois, c’est principalement pour les p.c. défensifs et offensifs que cela reste essentiel. »

Disposer de cette base de données constitue une charge de travail énorme, à Bhubaneswar, avec 36 matchs à filmer, regarder, analyser et coder. « C’est vrai que certains Red Lions sont très impliqués tandis que d’autres fonctionnent un peu plus au feeling, souligne encore la vidéo-analyste. Mais mon boulot consiste simplement à leur fournir le maximum d’informations nécessaires. C’est réellement très compliqué de mesurer l’impact de la vidéo sur les performances dans un tournoi car, selon moi, chaque membre du staff apporte sa pierre à l’édifice. Du manager, aux assistants en passant par le physio ou le doc, nous travaillons de manière très complémentaire dans l’intérêt de l’équipe. »

Petite particularité du tournoi mondial, à côté des images filmées depuis les 2 tours vidéo, c’est l’utilisation des images fournies par le diffuseur. « Dans cette Coupe du monde, nous utilisons également les images fournies par la télévision car cela nous offre des images différentes de nos adversaires. Ces gros plans permettent aux joueurs d’analyser, en détail, les mouvements des mains, des pieds ou du corps sur une feinte ou sur un geste technique, par exemple. »

Face à l’Afrique du Sud, samedi, l’adversaire mais surtout les spécificités de son jeu n’auront théoriquement plus aucun secret pour les Red Lions qui devront simplement appliquer les nombreux enseignements tirés de ces heures d’enregistrements, de codages et d’analyses.

Laurent Toussaint ( à Bhubaneswar).

Photo : Photo News.

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