La maîtrise tactique est-elle la clé pour les Red Lions ?

Le grand jour est enfin arrivé pour les Red Lions. Cet Euro anversois, ils en parlent et en rêvent depuis des mois. Tout comme de la médaille d’or qu’ils aspirent enfin à décrocher devant leurs supporters. Mais après la Pro League et la finale perdue, à Amstelveen, certaines critiques ont fusé sur le jeu pratiqué par les ouailles de Shane McLeod ou sur certains choix posés par le stratège néo-zélandais durant les 6 mois de compétition ou ce dernier duel face à l’Australie.

Mais, le groupe l’a répété à loisir, les véritables objectifs étaint ailleurs. C’est bien le Championnat d’Europe qui attire toutes les convoitises et qui est le tournoi majeur à remporter cette année. « Il y a encore beaucoup trop de monde qui sous-estime, ô combien, la tactique. Elle est essentielle au plus haut niveau », embraye Thomas Briels, le capitaine anversois. « Nos adversaires analysent minutieusement notre jeu, nos points forts, nos faiblesses, notre manière de pratiquer le press ou de placer notre système de jeu, la façon dont nous le faisons évoluer au cours du match, notre jeu à la balle en possession, etc. Ils travaillent dur pour tenter de trouver la faille et contrer nos plans. »

Voilà pourquoi Shane McLeod et son staff travaillent aussi minutieusement sur les détails et sur la prise de décision. Les longues heures passées en meeting ou à analyser les vidéos ont permis au groupe de franchir encore de nouveaux paliers et d’atteindre une maîtrise plus complète des schémas tactiques, comme le confirme l’attaquant d’Oranje Rood. « Nous parvenons, à présent, à comprendre et à lire parfaitement le jeu. Cela nous permet de pouvoir adapter notre système durant la rencontre. Si vous atteignez ce niveau d’excellence, vous savez que vous allez pouvoir vous adapter et gagner des matchs importants. Dans le hockey moderne, il est réellement essentiel de toujours disposer de solutions afin de modifier son système de jeu en temps réel. Dans le cas contraire, l’adversaire peut en tirer avantage, marquer 1 ou 2 buts et vous mettre directement dans une situation délicate. Cela peut aller très très vite… »

Face à l’Espagne, en ouverture de la compétition, il faudra assurément se méfier d’une équipe qui a certainement bien plus de valeur que sa 9e place mondiale. « Il s’agit d’un adversaire très difficile à manœuvrer », prévient l’homme aux 331 sélections. « Ce duel constitue le match piège par excellence pour débuter cet Euro devant nos supporters. Nous savons pertinemment bien que nous ne proposerons pas notre meilleur jeu lors des deux premiers quarts-temps. Mais attention, ce n’est pas non plus parce que nous ne gagnons pas ce match que le tournoi sera d’ores et déjà terminé. Il faut éviter de se mettre trop de pression sur les épaules même s’il n’y aura que 5 matchs à disputer en 9 jours. Tout ira très vite. Il faut, enfin, se montrer un peu réalistes. Malgré les attentes du public, nous n’allons pas remporter nos 5 rencontres sur le score de 5-0 en pratiquant un jeu exceptionnel. »

Quoi qu’il en soit, après le titre de champion du monde, les supporters attendent un tournoi exceptionnel et des prestations 5 étoiles de leurs favoris. Fêter un premier sacre européen à domicile constituerait un nouvel aboutissement, d’autant plus qu’il assurerait une qualification immédiate pour les Jeux de Tokyo. « C’est normal que Shane McLeod privilégie ce ticket pour les J.O. », conclut Thomas Briels. « Il pense déjà à l’avenir. C’est son boulot en tant que coach. Mais, pour les joueurs, nous voulons simplement être champions d’Europe, ici, à la maison. Un doublé serait tout simplement exceptionnel. Mais est-ce que rater la médaille d’or constituerait un échec ? Cela dépend. Si nous pratiquons du beau hockey, que le public rêve, que nous atteignons la finale et que nous sommes malheureusement battus par un adversaire plus fort que nous, il faudra simplement l’accepter. »

Les Red Lions ne peuvent plus se cacher. Ils doivent endosser avec fierté leur costume de grandissimes favoris dans ce Championnat d’Europe. Et ils doivent aussi, dès leur première sortie, à Anvers, marquer les esprits en empochant certes les 3 points, mais aussi en proposant une prestation solide et appliquée.

Laurent Toussaint, In Le Soir, vendredi 16 août 2019.

Photo : Kristof Van Accom (Belga).

Commentaires