Applications connectées, cardio, GPS, plate-forme de codage, la technologie occupe une place prépondérante dans le sport moderne. Et le hockey n’échappe naturellement pas à la règle. Aujourd’hui, ces différents outils font partie intégrante du quotidien de nos Red Lions et de nos Red Panthers. « Le GPS est un outil essentiel pour le monitoring des joueurs, explique Julien Rysman, le physio et ostéopathe des Red Lions depuis janvier 2017. La nouvelle génération présente des fréquences hertziennes nettement supérieures aux premiers boîtiers et propose des infos extrêmement précises sur les déplacements. Elle est portée contre la colonne vertébrale entre les omoplates et elle nous communique des données aussi diverses que les appuis, la vitesse, la décélération le nombre de sprints ou le nombre de kilomètres parcourus. Les joueurs les portent aussi bien en club qu’en équipe nationale, durant les matches et les entraînements. Ces milliers de données sont analysées et nous permettent ensuite d’adapter nos entraînements en travaillant sur la récupération ou en augmentant l’intensité ou le volume des exercices. »
L’essentiel, aujourd’hui, est donc de pouvoir suivre en temps réel ou différé les prestations mais aussi les réactions des joueurs. « L’autre outil capital de mesure est le cardio fréquencemètre (Polar), poursuit le diplômé en kiné de l’ULB qui a également travaillé durant quatre ans dans le staff médical du Sporting d’Anderlecht. Celui-ci mesure la fréquence cardiaque et donc l’intensité de l’effort. Les infos qu’il nous envoie sont essentielles. C’est le préparateur physique qui vérifie les fréquences des joueurs. Au besoin, il peut avertir le coach que l’un de ses joueurs ne récupère pas. Que son rythme cardiaque ne descend pas assez rapidement. C’est un des signes de la fatigue… »
En plus d’être suivi durant l’effort, les Red Lions le sont également en dehors du terrain. « Le système AMS est une plate-forme qui enregistre un maximum d’infos de nos joueurs. Nous la tenons à jour avec l’ensemble du staff médical. Nous encodons toutes les pathologies, que ce soit un rhume, une entorse ou une déchirure, ainsi que toutes les circonstances de ceux-ci. Chaque élément est codé. Cela nous offre un historique des blessures le plus précis possible. Nous cumulons cela avec un questionnaire ‘wellness’ qui interroge la fatigue, le sommeil, les courbatures, les raideurs articulaires, qui est complété chaque matin par les joueurs. Toutes ces données nous donnent des moyennes propres à chaque joueur. Nous encodons également d’autres données comme le poids, le pourcentage de graisse ou les résultats des tests physiques. Nous jonglons avec ces chiffres afin de contrôler de manière significative les risques de blessures. Nous recevons immédiatement une alerte lorsqu’un joueur est en dessous de sa moyenne et qu’il n’est pas apte à s’entraîner à 100 %. »
Des contraintes que les joueurs ont rapidement assimilées. « Cette technologie fait partie de notre quotidien, reconnaît Gauthier Boccard, le défenseur des Red Lions. Il a simplement fallu s’habituer à porter, quasi en permanence, une ceinture et une espèce de soutien-gorge pour le polar. Mais ce qui était essentiel dans cette démarche, c’était de nous expliquer les objectifs et la plus-value de ces différentes mesures. Nous nous sommes rapidement rendu compte de l’intérêt de la collecte de ces différentes données. Je suis d’ailleurs persuadé que nous pouvons encore aller un peu plus loin au niveau de l’individualisation des programmes. Même si, parallèlement à cela, je suis un grand adepte du travail en groupes réduits car cela permet toujours de se surpasser et de trouver d’autres sources de motivation. »
Ces évolutions et cette technologie n’ont que deux objectifs : augmenter la performance et gommer les différents facteurs qui pourraient handicaper le collectif. « On le répète assez souvent, le titre de champion du monde se jouera sur des détails, conclut encore Julien Rysman. L’entraîneur dira que la balle n’a pas roulé pour lui, le joueur qu’il lui a manqué le coup de rein nécessaire. De mon côté, ce sont ces détails qui pourraient se révéler déterminants et qui pourraient nous priver de la médaille d’or ou nous l’offrir en décembre prochain ! »
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 29 septembre 2018.
Photo : Yorick Jansens (Belga).