Felix Denayer : « Nous ne gagnons pas suffisamment de rencontres face aux équipes du Top 5 mondial ! »

Après le succès face à l’Espagne, les Red Lions restaient les pieds sur terre. la déception était encore largement présente dans les têtes et il n’était pas question de s’enthousiasmer après cette victoire facile. Felix Denayer, l’un des cadres de l’équipe, a accepté de revenir sur les raisons de l’échec mais surtout d’évoquer le futur à moins d’un an des Jeux de Rio.

Felix, on retiendra donc uniquement la victoire face à l’Espagne car, à part cela, il ne s’est finalement pas passé grand-chose dans cette partie ?
« Je ne suis pas totalement d’accord avec toi. Durant le premier quart, nous sommes rentrés souvent dans le cercle adverse. Nous avons obtenus de belles opportunités pour mettre cette balle au fond mais nous n’avons pas été suffisamment tranchants pour ouvrir la marque. Heureusement, nous avons marqué trois buts en fin de rencontre. A côté de cela, nous n’avons pas encaissé le moindre but, ce qui est une excellente chose. Nous avons contrôlé la partie d’un bout à l’autre. C’est une bonne victoire. Mais où je suis d’accord avec toi, c’est que même si nous sommes satisfaits de ce succès, nous ne pouvons pas nous contenter de notre niveau actuel. Ce que nous avons montré face à l’Espagne, cela doit être la base. Nous ne jouons pas mal mais ce n’est pas extraordinaire non plus. Si on évolue à notre véritable niveau, nous devons remporter cette partie sur un score de six à sept zéro. Ce qui est juste dommage, c’est de se reprendre un match trop tard. »

Comment avez-vous digéré la déception du premier tour ? Vous avez beaucoup discuté entre vous ? Ou cela sera pour après le tournoi ?
« Un peu des deux. Nous avons discuté entre nous pour fixer nos nouveaux objectifs. Mais comme tu dis, c’est surtout après la compétition qu’il faudra analyser cet Euro afin de voir comment faire les choses autrement pour arriver à battre les grosses équipes. Nous avons battu l’Espagne mais si nous sommes honnêtes nous sommes une équipe qui possède beaucoup plus de qualités. Nous devons être bien plus dur avec nous-mêmes. Ce sont les matchs contre les grosses nations comme l’Australie, l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Angleterre qui sont importants et que nous devons apprendre à gagner. »

Maintenant il faut terminer le tournoi avec une belle victoire sans tache face à la Russie ?
« Ce serait bien pour l’équipe mais, même si on termine à la cinquième place et donc que, finalement, nous n’aurons perdu qu’un seul match à Londres… »

Mais c’est toujours ce match capital que la Belgique perd ?
« Oui, tu as raison. Ce sera toujours un tournoi décevant quoi que l’on fasse ou quelle que soit la manière dont nous terminerons la compétition. Mais on ne peut plus rien y changer. Nous avons bien réagi en tant qu’équipe. Pour près de la moitié de l’équipe, il s’agissait certainement du dernier championnat d’Europe et donc ce résultat est une déception. »

Lors de cette phase de groupe, on avait souvent l’impression que les autres équipes avaient plus envie dans les duels ?
« Peut-être bien lorsque je compare à la France et à l’Irlande. Mais c’est une de leurs forces. Par contre, moi ce que j’aime bien, quand je vois les Pays-Bas, l’Allemagne ou l’Australie, ils sont très posés. Ils ne crient jamais, tout est très clair et structuré. Ils ne commettent jamais d’erreur. Il faut être posé et passionné. L’important est de rester serein. C’est quelque chose que l’on doit encore apprendre des grosses nations. »

Loïck Luypaert disait qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir mentalement. Comment est-ce que l’on travaille cet aspect-là ? Cela fait déjà des années que l’on pointe cela comme faiblesse.
« C’est ça la grande question évidemment. Nous travaillons dur, tous ensemble, pour franchir ce nouveau palier. Mais ce n’est pas évident. Je pense que nous ne devons, surtout, pas nous montrer satisfait trop vite de ce que l’on fait. Il faut oser se regarder dans le miroir et être beaucoup plus dur avec nous-même. Mais quand on fait les choses bien, il faut se le dire aussi. C’est dans les moments importants que l’on doit démontrer que nous sommes une véritable équipe. Et là, il reste encore un peu de travail. »

Il reste moins d’un an avant les Jeux de Rio. C’est long et court à la fois ?
« Absolument. Mais j’ai entière confiance en ce groupe. Nous avons beaucoup de qualités. Nous avons fait de gros pas ces dernières années même si nous stagnons à l’heure actuelle. Cela se joue sur des détails. La base est là mais quand nous devons gagner, on ne gagne pas ! Le plus important est de se focaliser sur les grosses rencontres et, enfin, parvenir à réaliser des matchs références. Les autres ne doivent pas être au centre des discussions. »

Si on se réfère aux statistiques, vous n’avez pas perdu beaucoup de rencontre en 2015 ?
« Tout à fait. Mais nous ne gagnons pas suffisamment de rencontres face aux équipes du Top 5. C’est donc là-dessus que l’on doit travailler. Ce n’est pas facile mais on devra se rassembler, le staff, et les joueurs, afin de voir comment, à Rio, nous pourrons tendre vers nos objectifs. Les grosses nations seront présentes avec, elles aussi, de sérieuses ambitions et il faudra donc se surpasser. Mais je le répète, j’ai confiance en ce groupe et en ses qualités. »

Laurent Toussaint (à Londres).

Photo : FIH.

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