Antoine Kina, le stick dans les gènes

Lorsque le Gantois a inscrit son tout premier but en tournoi officiel sous le maillot des Red Lions, vendredi soir, lors du match inaugural de l’Euro, face à l’Espagne, ses partenaires l’ont entouré avec énormément de bienveillance et de fierté. Une nouvelle preuve de son importance grandissante dans ce groupe qui regorge de talents purs à l’image de Victor Wegnez ou d’Arthur De Sloover. A 23 ans, le médian de la Gantoise démontre, au fil des matchs, qu’il est prêt, aujourd’hui, à s’imposer comme l’un des cadres des Red Lions après 56 sélections.

Le hockey coule dans le sang d’Antoine depuis qu’il sait marcher. Il fait partie intégrante de ses gênes. Quoi de plus normal quand on est le fils de Pascal Kina, mentor et coach reconnu dans notre pays (il a emmené les Red Panthers lors des J.O. de Londres). « Avant qu’il ne sache marcher, il avait déjà un stick en main et il jouait, sans relâche, avec et une balle de tennis », se souvient son paternel qui l’a toujours coaché chez les jeunes. « Il avait à peine 10 mois. Puis, comme les autres enfants, vers 5 ans, il a commencé à s’entraîner et à jouer des petits matchs à Gand. A 8 ans, je me disais qu’il serait simplement un bon petit joueur dans la moyenne. Mais, ensuite, il y a eu un déclic lorsqu’il évoluait en U10. Je ne sais pas réellement ce qui s’est passé. Si ce n’est qu’il a toujours énormément travaillé. Plus que les autres. Il s’est également entraîné plus que ses coéquipiers. Ce n’est donc pas uniquement le talent qui lui a permis d’atteindre son niveau actuel. »

En décembre dernier, il a rejoint l’équipe, à Bhubaneswar, après le forfait de Manu Stockbroekx, blessé. Et il a pris une part active dans la conquête du titre du premier champion du monde. Introverti, parfois effacé, Antoine a besoin de ressentir la confiance de ses partenaires pour s’exprimer, donner la pleine mesure de son talent et surtout développer son jeu. « Toute cette agitation autour de lui n’a pas d’influence sur lui », poursuit le coach gantois où le jeune international est devenu le véritable maître à jouer de l’équipe. « Antoine est resté le même que ce soit sur le terrain ou à la maison. Il ne change pas. C’est ce que tout le monde apprécie chez lui. Mais il a évidemment gagné en maturité, en confiance et en expérience. »

De quoi gagner en régularité mais surtout augmenter de manière considérable son volume de jeu. Le Gantois joue juste. Avec audace. Et surtout beaucoup de créativité. Il respire la confiance à plein nez. « Sa plus grande qualité est qu’il lit parfaitement le jeu, et ce, bien avant d’avoir reçu la balle. C’est pour cela qu’il est capable de réussir des actions incroyables. Il réussit à anticiper ce qui va se passer sur le terrain. A côté de cela, il adore la balle. Il possède une technique impressionnante. Enfin, c’est un joueur rapide qui essaie de créer et d’accélérer le jeu. Il regarde toujours vers l’avant. »

Souvent pointé du doigt pour ses râleries ou ses coups de gueule – mais uniquement lors des matchs en division d’honneur – Antoine Kina semble avoir trouvé la sérénité. Il est plus que jamais concentré sur son sujet et surtout sur ses responsabilités. « Il a simplement les mêmes gênes que son père », se marre Pascal Kina. « Mais je corrige immédiatement. Nous n’avons pas un sale caractère dans la famille. Nous sommes tout simplement des gagnants. Des passionnés. C’est très différent. Je reconnais qu’il peut être sanguin. Mais c’est un tempérament qui est souvent lié à la passion. »

Son évolution au sein des Red Lions sera indéniablement liée aux responsabilités qui lui seront confiées dans le futur par le staff. Lorsqu’il endossera un autre rôle dans le dispositif, il pourra continuer à grandir et se révéler dans un milieu de terrain extrêmement concurrentiel avec d’autres jeunes talents comme Augustin Meurmans qui ne figure même pas dans la sélection des 18, à Anvers. Le futur est donc radieux pour le médian qui, avant de penser aux Jeux de Tokyo, qui constitue évidemment son objectif principal pour 2020, rêve de décrocher un premier titre européen devant ses amis, sa famille et… son papa.

Laurent Toussaint, In le Soir, mardi 20 août 2019.

Photo : Dirk Waem (Belga).

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