Cela fait plusieurs semaines que Uccle Sport n’est pas épargné par le milieu du hockey. Les critiques fusent et beaucoup ne comprennent pas pourquoi tant de joueurs ont décidé de quitter le navire après une saison ratée. Mais ce n’est pas tout puisque certains se sont épanchés dans la presse en égratignant au passage leurs anciennes couleurs. Luc Zimmer, le Président d’Uccle a décidé de réagir et il a répondu aux questions de Hockeybelgium sans éviter les sujets sensibles. Un entretien à bâtons rompus avec un dirigeant qui souhaitait remettre les points sur les « i ».
Alors Luc, la question qui taraude tout le monde depuis des semaines, c’est, tout simplement, pourquoi tous ces départs ?
« Tous les clubs connaissent ce type de situation, Uccle n’est pas le seul concerné. L’Orée, Herakles connaissent aussi cette situation. Ceci est la conjonction de plusieurs éléments dont les clubs n’ont pas toujours toute la maîtrise. »
C’est-à-dire ?
« En premier lieu, je parlerai de l’ambition personnelle et le discours de certains intervenants « fédéraux » qui influent sur le choix de club de beaucoup de joueurs. « Vous aurez de meilleures infrastructures et un encadrement qui vous fera évoluer vers le plus haut niveau » est un discours qui malheureusement devenu une réalité. L’ambition d’un sportif est une chose légitime mais il est impératif que la fédération doit imposer un devoir de réserve aux coaches et responsables nationaux. Voici quelques années il avait été interdit à Alain Geens de diriger Uccle Sport tout en étant coach national vu le conflit d’intérêt que cela représentait pour les sélections. Et je constate qu’à ce jour plusieurs coaches de Division Honneur Messieurs et Dames sont impliqués au niveau des équipes nationales. Compte tenu des enjeux, de l’ambition, des challenges, il est légitime que les joueurs soient sensibles aux discours de certains des sélectionneurs. »
© Philippe Demaret
De cette manière, tu pointes également du doigt l’évolution de la discipline vers le professionnalisme ?
« C’est évident. Nous sommes passés, en division d’honneur, d’un statut amateur à celui de semi voire de professionnel, que ce soit au niveau du championnat ou de l’équipe nationale. Dés lors en proposant des valeurs de cœur et d’appartenance à un club, on se retrouve en total décalage avec ceux qui proposent de l’argent sonnant et trébuchant. Evoluer à ce niveau doit se faire en étapes. Depuis plusieurs années des sommes importantes ont été proposées à nos joueurs. Certains n’ont jamais succombé d’autres oui… et pourtant avec un même projet de club. Et cette année, les dérives sont également apparues en Dames puisque des sommes allant de 7.000€ à 15.000€ ont été proposées à des joueuses reprises en équipe nationale… ! »
C’est donc à la Fédération de dessiner un cadre légal pour cette problématique ?
« Oui, il devient urgent de mettre en place les conditions des règles concernant les transferts, car one ne peut pas imaginer de hockey pro et « propre » sans règles strictes. Comment ces pratiques sont-elles possibles dans d’autres sports ? Pourquoi le hockey ne peut-il pas s’inspirer de ces expériences parfois désastreuses ? Certains clubs continuent à investir dans la formation. Le feront-ils encore longtemps dans de telles conditions ? La Fédération doit tout de suite prendre les choses en main pour éviter un désastre car les bons résultats actuels ne seraient alors qu’éphémères. Les clubs comme nous se sentent clairement abandonnés par cette Fédération qui n’a pour unique préoccupation la gestion des équipes nationales. »
Pour en revenir à Uccle Sport, certains joueurs ont pointé le manque de projet sportif ou du moins le manque de réelles ambitions pour la saison prochaine.
« L’an passé nous avions comme projet de jouer le haut du tableau. Mais force est de constater que les résultats n’ont pas été à la hauteur pour des raisons incombant tant au staff qu’à la motivation des joueurs. Devenir semi-pro est une chose, certains bénéficiaient de quelques largesses tandis que d’autres ne recevaient rien. Dans ce contexte, vu les prestations de certains joueurs, d’aucuns se demandaient pourquoi nous « gratifiions » des individus qui ne se comportaient pas de façon exemplaire sur et en dehors du terrain. »
© Philippe Demaret
Le club a donc décidé de remettre de un peu d’ordre dans son noyau…
« Cette année, nous voulons réguler ces pratiques et nous attendons un engagement ferme dans les prestations sportives. Ceci vaut également pour notre école de jeunes et le club en général. Evidement notre objectif n’est d’aucune façon de jouer le haut du tableau, ni de rivaliser avec les budgets les plus importants. Ce n’est pas notre ambition. Il existe une place pour toutes les équipes, preuve en est l’animation connue en fin de championnat, la saison écoulée. »
Quel est alors l’ambition du club ?
« Dans un championnat, quelque soit le sport il faut de toutes façon des petits budgets, des moyens et des gros… Préserver notre équilibre financier est la 1ére motivation du conseil d’administration. Faut-il obligatoirement annoncer le top 4 pour dire que l’on est ambitieux ? C’est aussi un projet sportif que de tout faire pour se maintenir dans le top 8. »
A côté de ça, vous souhaitez mettre en place une structure efficace à tous les niveaux ?
« Nous avons fait un choix. La priorité actuelle reste l’école des jeunes, nous créons une véritable Académie de hockey et allons encadrer spécifiquement toutes nos équipes élites. Créer des talents reste notre priorité. Les équipes ont un cycle, nous en terminons un pour en commencer un nouveau, place aux jeunes et au travail. Pour la saison à venir nos structures d’encadrement sont complètes et professionnelles. En Messieurs, nous aurons le tandem Greg Etienne et Vincent Van Gucht aux commandes de l’équipe, ils s’appuieront sur un préparateur physique permanent Benjamin Pasquet un kiné et un soutien vidéo accru. Chez les Dames, Marcelo Orlando sera accompagné de Nicolas Sinia et de son entraineur Physique Olivier Leonet. »
Est-ce que tu as l’impression que certains font un mauvais procès au club ?
« La critique de ceux qui partent nous indiffère mais laisse un goût amer après les efforts consentis par les équipes dirigeantes pendant de longues années. Un club qui a formé et fait éclore autant de champions sur les dix dernières années doit être respecté. Chez les Messieurs, le club a tout de même été quatre fois demi-finaliste du championnat et deux fois finaliste durant cette période alors que 95 % de nos joueurs avaient été formés chez nous. Et nous ne parlons pas des succès plus anciens. Nous ne nous expliquons d’aucune façon le fait d’être autant la cible de la presse et des sites « spécialisés ». Doit-on y lire des messages de revanche personnelle ? Les ricanements que l’on perçoit nous sidèrent parfois. »
© Philippe Demaret
Mais cela n’altère en rien la motivation des dirigeants d’Uccle Sport ?
« Qu’importe, Uccle est fier d’avoir contribué à former plusieurs joueurs et joueuses qui sont nos élites d’aujourd’hui. Nous continuerons dans cette voie et nous battrons pour qu’un jour la formation soient enfin reconnue à sa juste valeur. Les mentalités évoluent certes et pas toujours en bien. D’autres observateurs critiquent notre manque d’ambition économique. Nous sommes conscients qu’un virage est pris dans le hockey en matière de sponsoring, d’autant plus que la compétition est aujourd’hui avant tout financière ; des hommes travaillent au sein du club mais la crise et d’autres événements sociaux intercurrents ne facilitent pas les choses. Nous évoluons dans une commune où quatre clubs se partagent les parts de marché. Le soutien des autorités politiques reste marginal par rapport à ce que connaissent d’autres régions du pays et nous pratiquons le sport où les cotisations fédérales sont de loin les plus élevées. Où sont donc les retombées que l’on attendait après la qualification aux jeux de Pékin ? »
Quelle sera la structure de l’équipe après tous les départs ?
« Nous ne sommes pas restés inactifs en la matière. En Dames, comme en Messieurs, nous allons bénéficier de quelques renforts étrangers. Nous le savons depuis plusieurs semaines mais nous n’en faisons pas grande publicité. Deux Argentines sont prévues en Dames, tandis que deux Espagnols étudiants à Bruxelles pour un an et un Argentin complèteront notre effectif en Messieurs. De plus, notre gardien Stéphane Moraux nous est resté fidèle, tout comme Jérémy Zembsch et Fabian Beusen. Nous avons là des joueurs qui se mobiliseront pour faire progresser la jeune équipe qui évoluera autour d’eux. Et puis l’inter-saison est encore longue et peut réserver des surprises. Je donne rendez-vous à tout le monde en septembre car les Merles ne sont pas morts ! »
Entretien : Laurent Toussaint
Très chouette article!
Il faut que la Fédé et les clubs se bougent pour donner une valeur financière à la formation : ainsi les clubs comme Uccle Sport obtiendraient au moins un dédommagement chaque fois qu’un joueur ayant bénéficié pendant plusieurs années de l’encadrement du club, part pour un autre club!
D’un côté Uccle fait la même chose depuis des années en jeune!! ils viennent piocher dans les écoles de jeunes moins prestigieuse et récolte le fruit planté par d’autres.
Je suis également choqué par les sommes offertes aux joueurs (-euses?) pour qu’ils (elles?) abandonnent leur club.
Inutile d’ajouter que je souscris entièrement aux considérations de notre Président.
Courage Luc: you will overcome!
Bravo pour l’article, du vrais journalisme de hockey.
Monsieur Zimmer à raison sur beaucoup de points, par exemple le pouvoir de certain dirigeants nationaux,envers leur club, et également pour la protection des écoles de jeunes.
Certain club n’invertisse plus dans leur propre école, et avec l’argent économisé, font tout simplement LEURS COURSES.
Par contre Mr.Zimmer a t’ il oublier avoir fait la même chose que certain dirigeant de club, voir son attitude envers Tanguy Cosyns du Daring.
Un membre du Daring.
Billy, Jean ,
Je voudrais préciser que Tanguy Cosyns n’avait pas caché son désir de partir pour Uccle ( pour être avec son frére dans une équipe compétitive ) il en a décidé autrement vu les départs chez nous et son ambition légitime. Contrairement à ce que vous écrivez Uccle Sport et moi même n’avons JAMAIS harcelé Tanguy ( ce n’est pas le cas de tout le monde), la relation privilégié que nous avions était simplement induite par l’amitié et l’esprit d’équipe qui réunisait les deux Tanguy (Cosyns et Zimmer) en -18.
Par contre coté transfert vous non plus n’avez rien à dire…n’avez vous pas confié le coaching de l’équipe 2 du club au papa de votre nouvelle jeune star en junior, ainsi son fils pourra rejoindre le club plus facilement….Bien joué mais que doivent penser les gens de Renaix !
Jean, sachez que chez les jeunes c’est souvent les joueurs ou les parents qui viennent vers le club. Ils veulent jouer en S1, C1, J1, disposer d’un encadrement de qualité, etc… défendre notre ranking et d’abord notre priorité et ce pour motiver nos propres jeunes.Il est donc normal avec un esprit conquérant (parfois à l’excés) que cela crée des motivations chez des joueurs d’autres clubs. Nous « acceptons » des jeunes joueurs nous n’en débauchons pas.
( exemple : les fréres Temmerman )
Il n’est plus l’heure de donner des leçons à l’un ou l’autre par voix de mail et autres articles, il faut plutôt plancher pour trouver une solution à la rétribution de la formation des meilleurs et qui sont débauchés par les clubs.
Personnelement je trouverais normal de payer 5000 € pour toutes les années de formation données à un joueur comme Tanguy C ou Gauthier B. alors qu’il n’existe pas assez de ressources dans le club recruteur ( soi-disant ) Et que le même club se libére d’un coût important par le départ d’un joueur étranger représentant un coût salarial plus que significatif ( cela c’est une autre histoire, mais cela s’appel aussi une saine gestion… )
L’école des jeunes du Daring est excellente et prouve son efficacité mais comme beaucoup d’autres elle connaîtra encore beaucoup de départ car l’ambition des meilleurs joueurs et d’atteindre le plus haut niveau….regardez Sergei Makotin, Renaix hier, Daring cette année, puis… dans 2 ans nous en reparlerons.
Il faut qu’une solution viennent des clubs, la fédération ne bougera pas compte tenu des enjeux et de sa position « neutre ». J’invite donc les personnes créatives à se manifester pour essayer de faire avancer les choses en notre compagnie.