Si le hockey belge continue à se développer à vive allure, c’est grâce au travail de forçat fourni par la Fédération et ses ligues qui doivent, perpétuellement, renforcer leurs structures et l’accompagnement des membres. L’arbitrage constitue évidemment un des piliers essentiels de cette architecture. Sans arbitres, pas de match. Un audit, publié en 2010, avait mis en lumière le manque d’arbitres, le peu de respect manifesté à leur égard, leur niveau trop bas par rapport aux évolutions du sport et, enfin, le manque de moyens mis à leur disposition. Mais, 8 ans plus tard, la situation a beaucoup évolué même s’il reste encore de nombreux chantiers ouverts…
1. Offrir une meilleure qualité d’arbitrage dans toutes les divisions. C’est aujourd’hui l’axe principal développé par la Commission d’arbitrage. Il est essentiel que tous les niveaux puissent profiter d’un arbitrage de qualité. « Le problème doit être abordé à deux niveaux, précise d’emblée son président, Frédéric Deneumostier. Le niveau de la DH est relativement bon. En dessous, il reste effectivement à améliorer. Par le passé, nous n’avons pas suffisamment soigné l’encadrement, l’accompagnement, la formation et le coaching. C’était dû principalement à un manque de moyens. Mais les budgets ont considérablement augmenté pour atteindre, aujourd’hui, plus de 120.000 euros. Toutefois, nous avons accompli du chemin. Le nombre d’arbitres a augmenté de manière considérable, tout comme leur niveau physique. Le coaching est plus structuré et l’accent a été mis auprès des jeunes. Il faut poursuivre dans cette voie en offrant plus de formations techniques ou mentales. Mais nous manquons encore de coachs pour la D1, la D2 ou la D3. Il est essentiel de visionner et d’accompagner à chaque niveau. »
2. Augmenter le nombre d’arbitres féminines. Si le hockey belge peut se vanter de compter autant de membres des deux sexes, ce n’est pas encore le cas au niveau des arbitres. « C’est effectivement loin d’être le cas puisque nous comptons seulement 23 femmes sur les 260 arbitres nationaux, poursuit Frédéric Deneumostier. Laurine Delforge et Céline Martin-Schmedts constituent deux exceptions. Notre volonté est de pouvoir aligner uniquement des arbitres féminines en division d’honneur féminine dès 2020. Nos deux figures de proue internationales ont d’ailleurs un rôle majeur à jouer dans les actions de promotion et de communication. Il faut vraiment repartir de la base. Laurine Delforge aurait d’ailleurs tout à fait sa place pour arbitrer, aujourd’hui, en Division d’honneur masculine. Ce sont les meilleurs qui doivent arbitrer, quel que soit leur sexe. Elle pourrait d’ailleurs apporter toute son expérience et apprendre énormément de choses à ses collègues ou aux joueurs. Elle possède beaucoup d’empathie. Ce qui constitue une qualité importante pour un arbitre. »
3. Le projet « Top Elite ». Comme pour le football, le hockey souhaiterait pouvoir compter sur des arbitres semi-professionnels. Le niveau a fortement augmenté ces dernières saisons et les enjeux financiers et sportifs sont de plus en plus importants. Il est donc essentiel que l’arbitrage suive le mouvement. « C’est une question qui revient de plus en plus sur la table à la suite des discussions avec les coachs de Division d’honneur, reconnaît le responsable des arbitres belges. Les joueurs se plaignent parfois du manque de consistance ou d’une gestion mentale hasardeuse des conflits sur le terrain. En effet, de nombreux joueurs peuvent aujourd’hui être considérés comme des professionnels. Ils attendent dès lors un arbitrage irréprochable. C’est une demande que nous avons entendue et à laquelle nous souhaitons répondre en créant un statut d’arbitre Top élite sur une base volontaire. Mais nous devons encore mener des discussions pour parvenir à un accord et mettre sur pied un cadre précis et cohérent. Idéalement, je souhaiterais disposer de deux arbitres semi-professionnels pour la saison 2020-21. Toutefois, pour cela, il faudra dégager des moyens. Mais, attention, pas question pour cela de couper les budgets dans d’autres projets. Notre priorité reste bel et bien de relever le niveau général de l’arbitrage dans notre pays. Et donc si je dois amputer les moyens destinés aux échelons inférieurs ou aux femmes pour mener à bien ce projet, nous repousserons à plus tard sa mise en œuvre. »
4. Développer les jeunes arbitres. Le travail doit se poursuivre du côté des moins de 25 ans qui officient de U14 à U19. La fonction d’arbitre a retrouvé du lustre. La nouvelle génération frappe à la porte et rêve d’officier en Division d’honneur comme Mathei Jooris (19 ans), Corentin Hardy (18 ans) ou Lucien Vanderborght (17 ans). « Nous voulons que les très bons jeunes puissent arbitrer plus rapidement en catégorie seniors ou en D1. Nous devons les encadrer en proposant du coaching personnalisé. Il est essentiel qu’ils puissent rapidement se confronter à la réalité du hockey de haut niveau car cela n’a rien à voir au niveau vitesse, physique ou gestion. Il faut être vigilant pour éviter de les griller. »
5. Aider au niveau régional. « C’est la base de la pyramide et c’est là que nous pouvons détecter les futurs grands arbitres », précise encore Frédéric Deneumostier. Le programme « Club Umpire Coach » (CUC) est donc une priorité pour le futur. Il est capital de pouvoir s’appuyer, dans chaque club, de coachs d’arbitres pour poursuivre la formation. La Vlaamse Hockey Liga (VHL) est passée à la vitesse supérieure. La ligue francophone (LFH) doit faire de même.
6. Le projet indoor. Il faut augmenter le nombre d’arbitres et le niveau général. « Nous manquons cruellement d’officiels pour la salle, dit le président du comité d’arbitrage. C’est un arbitrage différent. Certains dénigrent toujours la discipline en disant que c’est du pousse-balle . Mais nous devons prendre le train en marche. Nous avons besoin de monde pour nous aider à mettre des actions en place. »
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 15 septembre 2018.
Photo : Belga.