John-John Dohmen : « Je veux coacher au plus haut niveau à l’issue de ma carrière de joueur »

Même s’il n’a pas eu l’occasion de participer aux 2 premières rencontres de championnat en raison d’une blessure (ischio) avec ses nouvelles couleurs, le milieu de terrain de l’Orée a été un observateur attentif des prestations de son équipe. Le sans-faute des Bruxellois lors des déplacements à l’Antwerp et à l’Herakles a ôté un peu de pression à un groupe qui pourrait se mêler à la lutte pour les playoffs. Mais pour John-John Dohmen (32 ans), il est pourtant bien trop tôt pour tirer des plans sur la comète. La saison sera longue et il ne faudra pas baisser la garde pour se qualifier pour le dernier carré.

John-John, première chose, comment évolue ta blessure ?
« Cela va de mieux en mieux. Je remarche normalement mais si je sens toujours quelque chose. J’ai d’ailleurs fait un peu de vélo ce lundi. Je pense que je devrais effectuer mon retour sur le terrain lors du match face à Louvain dans 15 jours. Mais je ne me mets pas de pression sur les épaules. Si je reviens une semaine plus tard, ce sera très bien aussi. Je ne veux surtout pas me précipiter en cette année de préparation olympique. Les résultats engrangés ce week-end changent d’ailleurs la donner. Ce 6 sur 6 nous apporte beaucoup de sérénité. Et samedi, face à Namur, nous devrions à nouveau empocher les 3 points d’autant plus que Dorian Thiéry sera de retour dans l’équipe. »

La pression était forte sur le groupe en ce début de saison ?
« J’étais surtout inquiet que les résultats ne suivent pas et que nous perdions des points lors de ces 2 déplacements délicats. Nous n’avons pas proposé du très grand hockey face à des équipes défensives mais nous avons remporté ces 2 matchs au caractère. Ce n’était peut-être pas tout à fait le cas les saisons précédentes. Il y a de la maturité dans le groupe et cela pourrait se révéler essentiel lors des prochains mois. A côté de cela, on commence à percevoir le style de jeu que souhaite imposer Xavier De Grève. Et je suis persuadé que cela sera encore plus perceptible lorsque je serai de retour sur le terrain. Mais ce que j’ai vu vendredi et dimanche me rassure. »

Quel est l’objectif de l’Orée cette saison ?
« Pour être tout à fait honnête avec toi, nous n’avons pas encore réellement évoqué cela en équipe. Je ne veux donc pas être le porte-parole de l’Orée. Mais nous visons naturellement une place dans le top 8 à l’issue des 13 premiers matchs. Ensuite, je pense que 6 clubs qui se disputeront les lauriers nationaux : le Léopold, le Dragons même s’il a perdu ses 2 premières rencontres, la Gantoise, le Racing, le Waterloo Ducks et l’Orée. Mais nous sommes capables de créer la surprise. »

Après 13 ans au Watducks, tu avais besoin de changer d’air ?
« Je me sentais parfaitement bien à Waterloo mais j’avais besoin de relever un nouveau challenge après avoir remporté plusieurs titres et une Coupe d’Europe. J’ai tout vécu dans ce club où je n’ai que de bons souvenirs. Le projet de l’Orée me tentait car tout reste à gagner. Le club est ambitieux et cela me correspond totalement. Je voulais également débuter un nouveau cycle après les Jeux de Tokyo. Les circonstances ont changé la donne mais je ne regrette pas mon choix une seule seconde. »

Ce projet global est lié également à l’équipe dames que tu as repris en main.
« Exactement. Je voulais coacher une équipe avec qui je pourrais grandir et apprendre le métier. Celle-ci me correspond totalement avec un groupe qui possède un talent incroyable. Nous évoluons en division 1 mais un jour, ces joueuses viseront le titre en DH même si ce ne sera peut-être pas avec moi. Si c’est le cas, tant mieux mais cela prendra peut-être un peu de temps. Mon objectif, aujourd’hui, est naturellement la montée mais aussi de leur apprendre un maximum de choses. Nous nous entrainons 3 fois par semaine car je veux les préparer dès maintenant pour la division d’honneur. Il y a des joueuses d’exceptions dans cette équipe même je ne donnerai pas de noms. Le niveau global est excellent malgré une moyenne d’âge qui dépasse à peine les 18 ans. J’ai beaucoup discuté avec l’ancien coach, Alex de Paeuw avant d’accepter la mission et je ne suis pas déçu. »

Quel est le style Dohmen en tant que coach ?
« J’essaie de leur apprendre à réfléchir en fonction des différentes situations de jeu. Il faut s’adapter sur le terrain en fonction des circonstances et comprendre ce dont l’équipe a besoin lors des moments clés. Mes joueuses arrivent d’ailleurs déjà à prendre de bonnes décisions. Enfin, un élément essentiel pour moi est évidemment la construction de jeu. Nous travaillons énormément sur cet aspect-là. Nous avons d’ailleurs en moyenne plus de 70% de possession de balle par rencontre depuis l’entame de la compétition. Cela nous a permis de remporter nos 2 premiers duels sans nous faire trop peur. »

Tu restes calme sur le bord du terrain ?
« Je ne crie jamais mais je fais tout de même passer mes messages. Je suis un peu comme Shane McLeod mais en un peu plus expressif. Je ne ressemble à personne mais je m’inspire de chacun des coachs que j’ai fréquenté durant ma carrière. Je sais ce qui fonctionne vu mon expérience. Je reprends par exemple certains enseignements de Jeroen Delmee et je sais à quel moment les utiliser. Idem pour Marc Lammers qui était un grand manager même s’il avait un peu moins de connaissances aux niveau hockey. Je discute aussi énormément avec Philippe Goldberg ou Xavier Reckinger pour me forger ma personnalité en tant que coach. »

Tu as signé pour 3 saisons à l’Orée. Mais tu te vois devenir coach professionnel à l’issue de ta carrière ?
« Effectivement. Je veux arriver au plus haut niveau. Et pourquoi pas avec une équipe messieurs ? J’espère être professionnel. Je veux ainsi participer aux JO 2028 à Los Angeles dans un staff que ce soit avec une équipe dames ou messieurs. Je mettrai tout en œuvre pour y parvenir mais, avant cela, je vais d’abord terminer ma carrière de joueur. Je me sens en excellente forme et mes résultats physiques étaient excellents avant ma blessure. J’ai encore des gros défis à relever que ce soit avec l’Orée ou avec les Red Lions. »

Entretien : Laurent Toussaint

Photo : Marc Lequint.

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