Jean-François Bourlet : « Vu notre budget, la DH, c’est un miracle »

L’AG des clubs a officialisé la montée de l’Old Club en DH et validé la nouvelle formule du championnat. Alors que le déconfinement a permis aux hockeyeurs de retrouver le chemin du gazon, à Rocourt, le président sang et marine Jean-François Bourlet jette un rapide coup d’œil dans le rétroviseur avant d’esquisser les premiers contours d’un exercice 2020-2021 qu’il espère passionnant.

Président, c’est désormais officiel : l’Old Club retrouve la DH chez les messieurs…
« Cela faisait quasi deux mois que la décision était plus ou moins tombée. Nous nous organisons donc en conséquence. Notre coach espagnol (NDLR : José Brasa) est retourné chez lui à l’occasion du week-end de la Pentecôte et reviendra fin juillet pour la reprise. Mais il a déjà établi tout le programme de la future saison et travaille, en collaboration avec un de nos administrateurs, sur les dossiers des éventuelles recrues. Même si notre noyau ne devrait pas subir de gros changements. Nous n’allons pas exploser notre budget – qui représente le cinquième ou le quart de celui des grosses écuries, qui possèdent suffisamment de capitaux pour engager des joueurs étrangers – parce que nous sommes en DH. »

Quel est le sentiment qui vous anime au moment de retrouver les sommets ?
« Cela faisait déjà onze ans que nous avions quitté cette DH. Il est surtout agréable de voir différentes générations que nous formons au club réussir cet exploit. Et, à chaque fois, en affichant un niveau de jeu plus élevé. Il y a onze ans, le challenge était déjà fantastique, mais, depuis, le hockey belge s’est installé sur le toit du monde. Nous sommes sur un petit nuage. Et je trouve que c’est particulièrement chouette pour nos joueurs car, à l’exception de deux étrangers et de deux-trois Bruxellois, ils proviennent tous de la province. »

Cette identité régionale, cette ADN, vous y tenez ?
« Tout à fait. Soyons clairs : l’Old Club est le matricule le plus fort et le plus organisé d’un point de vue sportif dans les environs. C’est inévitable, quand des bons jeunes pointent le bout du nez à gauche et à droite, quand ils voient que nos équipes réalisent des performances, ils viennent frapper à notre porte. »

Être la référence liégeoise est donc une petite fierté…
« Oui et on travaille pour le rester. Cela demande de l’énergie, de l’organisation et des bonnes collaborations. Regardez ce qui se passe avec Hannut, qui est notre locataire depuis trois années : la construction de leur terrain a pris du retard en raison des derniers événements et les Hesbignons devront sans doute rester une saison de plus chez nous. Quand ils nous ont contactés pour reprendre leurs entraînements, nous leur avons immédiatement ouvert la porte. Nous sommes favorables à une multiplication des clubs. Il existe des négociations avec le Fédération pour en créer un à Neupré. Idem à Eupen. Cela ne peut qu’être positif, il ne faut pas regarder tout ça à travers le prisme de la rivalité. Je ne demande pas mieux de voir un club à Visé ou à Waremme. Nous avons également reçu pas mal de félicitations pour notre promotion qui venaient de l’extérieur de la province, nous disant que c’était bien de voir Liège de nouveau présent au plus haut niveau, que la répartition nationale ne se fasse pas toujours dans l’axe Bruxelles-Anvers. »

À quel moment avez-vous senti que vous pourriez ambitionner la montée ?
« Dès le premier match, à domicile, j’ai observé que le niveau de l’équipe avait encore méchamment augmenté, alors que nous venions de retrouver la D1. Au début, nous voulions assurer
le maintien, être dans le top 6. Tout a basculé à la fin du premier tour, quand nous avons vu que nous étions deuxièmes, avec quatre unités d’avance sur le troisième, et que le programme nous était favorable. Le groupe s’est dit qu’il pouvait y arriver. Nous aurions par contre voulu aller jusqu’au bout du championnat. »

La joie est-elle la même que lors des deux précédentes montées en DH de l’Old Club ?
« Non pas du tout, j’ai connu les deux précédentes sur le terrain et je peux vous certifier que c’est autre chose (sourire) ! Ici, c’était très étrange. Nous nous apprêtions à disputer un match et tout a été stoppé. Et nous sommes restés dans l’expectative : va-t-on reprendre ? Après deux-trois semaines, des rumeurs ont commencé à circuler et une décision de la Fédération est finalement tombée. Avec l’option de privilégier un championnat à quatorze pour ne pas pénaliser les deux candidats qui étaient en position de bascule au moment de l’arrêt. »

Était-ce la meilleure solution ?
« Nous aurions pu rester sur un championnat classique, avec douze équipes et deux descendants. Mais même si les deux clubs qui étaient en queue de peloton n’avaient pas engrangé beaucoup de points, ils n’étaient pas encore condamnés, cela aurait été injuste de les sacrifier. Tout comme il aurait été terrible pour le Daring, déjà assuré de sa promotion, de ne pas lui permettre d’accéder à la DH. Et comme, de notre côté, nous étions bien placés pour emboîter le pas des Bruxellois, nous dirons qu’il s’agissait de la moins mauvaise des solutions. »

L’Old Club est-il à sa vraie place en Division d’Honneur ?
« Il faut rester réaliste. Avec notre budget – et l’équipe qui en découle –, la DH, c’est un miracle. Notre place est à l’échelon inférieur. Ce qui n’a rien de dégradant. L’impact de nos équipes nationales et le travail effectué par tous les clubs à la base sont si importants que la DH belge est un des trois meilleurs championnats du monde. S’il existe un fossé entre la DH et la D1, il ne faut pas non plus que cela soit un gouffre. Les équipes qui suivent juste derrière doivent aussi assumer un certain niveau d’exigence et de compétitivité. »

Que vous manque-t-il pour franchir ce fossé ?
« Tout d’abord, une école de jeunes encore plus puissante. Si, au niveau de la structure, tout est en place, la base de la pyramide n’est pas suffisamment large, il manque environ cent garçons et cent filles. L’objectif est d’atteindre les 750 membres. Ensuite, il nous manque des moyens financiers, tout simplement. »

L’objectif sera donc le maintien, et rien d’autre…
« La formule du championnat est très intéressante puisque nous allons affronter tout le monde, ce qui n’a pas toujours été le cas, lorsque les équipes étaient versées dans des poules. Ce qui était très frustrant. Ici, nous aurons droit à treize matches en automne. Avec la certitude de recevoir des gros poissons à domicile, ce qui est très excitant et attractif. Ensuite, les huit premiers disputeront le titre et les six autres le maintien, sous forme d’aller-retour. Il faudra prendre de l’expérience au premier tour et s’en servir pour assurer le maintien, parce que les probabilités de nous voir dans la deuxième partie de tableau sont, il faut être logique, assez grandes. Avec trois équipes qui descendent, le challenge sera passionnant. Nous défierons aussi des adversaires de notre calibre, ce ne sera pas mission impossible. Et l’équipe féminine ? Elle sera toujours active en D2. Il y a quelques années, elle évoluait en DH, mais la relève tarde cependant à venir. Et je ne pense pas que nous pourrons remonter en D1 dès la saison prochaine. Si nous avons de nombreuses équipes dames, la base n’est pas encore assez solide. »

Propos recueilli par Young Kruyts In Sud Presse, 11 juin 2020.

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