Depuis son arrivée à la tête de la Fédération belge de hockey (ARBH), en 2005, Marc Coudron a transformé tout ce qu’il touchait en or. Président visionnaire, le recordman de sélections en équipe nationale a imprimé de sa marque de fabrique et a propulsé le hockey belge vers le sommet mondial tout en veillant à conserver les valeurs et en ne faisant aucune distinction entre ses membres, entre top hockey et hockey loisirs.
Marc Coudron, tout semble réussir au hockey belge depuis 10 ans. Il y a néanmoins de nouveaux grands défis qui vous attendent…
« Ils sont même assez nombreux. Sans surprise, et sans ordre préétabli, il y a le développement des infrastructures, le respect des valeurs, la gestion de la croissance, puisque nous sommes passés de 16.000 à 46.000 membres en seulement 12 ans, et surtout l’accompagnement des équipes nationales dames et messieurs, jeunes et salle pour atteindre les nouveaux objectifs fixés pour les prochaines années. »
Le fondamental, c’est la sauvegarde et la défense des valeurs ?
« Le hockey restera le hockey tant que 99,9 % de ses membres respecteront les valeurs de la discipline, à savoir le respect, l’esprit d’équipe, la tolérance. Si ces notions essentielles disparaissent, notre sport perdra sa nature profonde. Je ne voudrais pas être confronté à certaines dérives auxquelles on assiste dans d’autres sports. Et je constate malheureusement l’apparition de certains débordements dans le milieu du hockey. Ce n’est pas acceptable ! »
Certains pointent pourtant la croissance importante de la discipline comme risque potentiel pour la disparition de l’esprit hockey.
« Soyons sérieux. Certains prétendent en effet que ces débordements seraient liés aux nouveaux membres, c’est n’importe quoi. Il n’y a qu’à voir, parfois, le comportement intolérable de membres historiques dans certains clubs. Tout le monde a un rôle essentiel à jouer pour accompagner cette croissance. Les joueurs, les parents, les clubs, les ligues et la Fédération. Nous ne voulons pas de parents qui font des transferts sur leur enfant en pensant qu’il deviendra le prochain capitaine de l’équipe nationale. De grâce, laissons les enfants s’amuser et s’épanouir dans leur sport. La priorité, à tout âge, c’est de prendre du plaisir sur le terrain. »
La croissance annuelle tourne autour des 10 %. Il y a actuellement plus de 46.500 membres dans notre pays. L’essentiel pour vous est de leur offrir le meilleur accompagnement possible.
« Il y a un travail impressionnant qui est effectué au quotidien par les ligues mais surtout par les clubs qui effectuent 95 % du travail. Ils font de l’excellent boulot. Et je ne dis pas cela par flagornerie. Nous devons donc continuer à offrir les meilleurs outils possible à nos 90 clubs en termes de formation, d’encadrement ou de gestion. Nous sommes parfois un peu directifs, mais c’est notre rôle. Nous devons faciliter la vie et surtout accompagner chacun des clubs dans son quotidien. »
Quand atteindra-t-on ce palier symbolique de 50.000 membres ?
« A mon avis, à la fin de l’année ou au plus tard pour début 2019. Mais ce n’est clairement pas l’essentiel pour le futur. Nous devons juste être prêts à accueillir ces nouveaux membres. »
Et cela passe par la mise à disposition d’infrastructures de qualité. Cela semble être le point noir du développement depuis des années. Alors, pouvez-vous amortir toutes ces arrivées en termes de nombre de terrains ?
« On travaille tous azimuts pour augmenter le nombre de clubs et développer le hockey dans certaines zones moins bien desservies comme le Limbourg, le Brabant flamand, le Hainaut ou autour de la E411 vers le Luxembourg. Il faut continuer à donner un coup d’accélérateur vital pour développer la discipline. Pourtant, nous disposons de plus en plus de terrains. L’évolution du football nous a offert de nouvelles perspectives puisqu’il se dispute de plus en plus sur des terrains synthétiques. Cela a libéré de la place pour d’autres sports, comme le nôtre. »
La clé est donc dans les partenariats mixtes avec d’autres sports ?
« Exactement. Il faut mutualiser les infrastructures sportives. Je suis un fervent défenseur de cette solution. Je travaille déjà, depuis plusieurs années, sur la mise en place d’un « tax shelter » pour soutenir ces initiatives de partenariats. C’est clairement un nouvel appel du pied au monde politique. Cet incitant fiscal a changé la donne dans l’évolution de l’audiovisuel dans notre pays. Le prochain secteur qui doit en bénéficier, c’est le sport. Le problème n’est pas trop le manque de place mais bien l’argent ! Et encore, nous ne pouvons pas trop nous plaindre vu les nombreux investissements consentis aux derniers projets. »
Alors que de nombreuses disciplines se plaignent du manque de soutien du monde politique à leur égard, le hockey s’estime suffisamment écouté ?
« Très certainement. Et sans que cela passe à nouveau pour de la mièvrerie, je dois reconnaître que nous avons une excellente collaboration avec les différents ministres des Sports, l’Adeps ou Sport Vlaanderen, ou le COIB à un autre niveau. Lorsque je jette un œil aux différents projets développés chaque année, à Bruxelles, en Flandre ou en Wallonie, je pense que nous ne pouvons pas nous plaindre. Et dans un sens, c’est logique vu l’augmentation exponentielle du nombre de membres. Les infrastructures ne constituent pas un problème mais bien un défi. Entre l’idée et la concrétisation du projet, il ne faut pas rêver, il faut au minimum quatre ans. »
Les Red Lions et les Red Panthers restent la plus belle vitrine du hockey belge. Mais quand la Belgique parviendra-t-elle enfin à remporter un grand tournoi international ?
« D’ici 2024, nous serons, au minimum une fois, champions d’Europe, du monde et olympiques avec les Red Lions. Chez les dames, ce sera entre 2024 et 2028… »
Propos recueillis par Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 21 avril 2018.
Photo : Pierre-Yves Thienpont.