Les clubs wallons veulent pérenniser leur présence en division d’honneur

Ce dimanche, pour la reprise de la compétition, à huis clos, le duel inédit opposant l’Old Club à Namur sentira la poudre puisque les 2 équipes n’ont toujours pas réussi à prendre le moindre point à l’issue des 8 premières journées. Il s’agira surtout d’une première pour le hockey belge puisque les deux porte-drapeaux du hockey wallon (à l’exception des clubs du Brabant naturellement) ne se sont jamais affrontés à ce niveau. Pour les Principautaires, il s’agit de la troisième expérience parmi l’élite après celles de 2005 et 2008. Ce qui paraît peu pour le club fondé en 1984 et qui approche les 600 membres « C’est avant tout une question de réalisme et de moyens », précise d’emblée Jean-François Bourlet, l’affable président liégeois. « Ce n’est certainement pas une question de formation car nous n’avons pas à rougir de ce que nous offrons à nos membres. Mais ce sont bien les budgets qui nous empêchent de payer des semi-pros ou des professionnels. Soyons clairs, ce sont les membres qui financent les équipes premières avec les sponsors. Mais que ce soit à Uccle ou même du côté du Watducks, les clubs dépassent souvent les 1000 membres et les cotisations sont deux fois plus élevées que chez nous. Il nous est donc impossible de rivaliser. Hors de question de tout miser sur une équipe alors que nous en avons 36. Nos amis namurois pratiquent une politique identique et font preuve du même réalisme dans leur gestion. »

L’argent reste le nerf de la guerre

Le Waterloo Ducks qui, en 30 ans seulement, s’est imposé au sommet du hockey belge fait donc figure d’exception au sud du pays. Premier club wallon avec son titre de champion d’Europe EHL en 2019, ses 5 sacres de champions, ses 1559 membres (il est le 2 e club francophone derrière l’Orée), il peut, en outre, se targuer de disposer du 3 e meilleur centre de formation du pays. Pour le Namurois, Gilles Jacob, directeur de l’école de Namur (800 membres), qui a porté le maillot brabançon (remportant, au passage, 2 titres de champion) tout comme celui du Pingouin, d’ailleurs, la proximité géographique facilite toutefois la vie du club de Waterloo. La réalité est tout autre quand on s’éloigne de Bruxelles. « Il existe plusieurs raisons pour expliquer que le hockey wallon ne réussisse pas, aujourd’hui, à s’imposer au sommet de la division d’honneur. La première, c’est naturellement le nombre de membres. Pour simplifier, quand il y a de la quantité, il peut y avoir plus de qualité. A Namur, nous avions pris pas mal de retard sur la formation des jeunes et des adultes. Mais nous avons investi sur des gens de qualités pour encadrer les équipes premières et nous sommes, heureusement, occupés à résorber ce retard. »

Mais personne ne se voile la face dans ce débat. C’est bien l’argent qui demeure le nerf de la guerre. « Certains prétendent que nous ne sommes pas assez ambitieux mais nous sommes surtout moins riches ! », sourit Gilles Jacob. « Ce qui nous oblige à jouer, à chaque fois, pour le maintien quand nous sommes en DH vu que nous devons nous appuyer sur un noyau souvent jeune et inexpérimenté à ce niveau. Il y a également l’éloignement qui joue un rôle important dans cette discussion. Il demeure extrêmement difficile d’attirer de bons joueurs belges ou étrangers à Namur ou à Liège. Il faut déjà offrir un sacré projet sportif ou une très belle enveloppe pour convaincre quelqu’un de venir s’entraîner 4 fois par semaine chez nous quand on vient de Bruxelles ou même de plus loin. Enfin, les talents ont tendance à quitter le club quand ils possèdent de plus hautes aspirations. »

Mais les choses pourraient néanmoins changer dans un avenir plus ou moins proche. Les clubs wallons at tirent l’attention dans leur région et ils tentent de pérenniser leur présence en division d’honneur. De quoi attirer, enfin, plus de sponsors et ainsi augmenter leurs moyens financiers pour, un jour, rivaliser avec les autres équipes de l’Elite.

Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 21 novembre 2020. 

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