Comme nous vous en avons déjà parlé sur Hockeybelgium, à la fin du mois de septembre, la Fédération a remis sur la table le dossier de scission de l’ARBH. La volonté de Marc Coudron est de réfléchir calmement aux meilleures solutions pour ne léser aucun des différentes intervenants du dossier. Et le monde politique reste naturellement attentif à la situation. La preuve en est avec cette question posée par le député Jean-Luc Crucke au Ministre André Antoine, en charge du Budget, des Finances et des Sports, lors d’une des dernières séances du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous noterons également les bonnes lectures de Monsieur le Ministre puisque celui-ci fera état dans sa réponse d’un article paru dans le Journal Le Soir à ce propose…
« Monsieur le président, je vous rappelle ce proverbe de Marguerite Yourcenar : « C’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt. » Vous vous souviendrez des débats que j’ai eus avec le ministre et sa majorité qui refusaient de donner un centime à la Fédération belge de hockey tant qu’elle n’était pas communautarisée. D’autres efforts avaient certes été consentis et je souligne le respect qu’a toujours eu le ministre pour cette discipline. C’est un des rares sports qui peut nous rapporter une médaille aux Jeux olympiques. Les francophones sont très actifs dans l’équipe nationale. À l’époque, j’avais tenté de convaincre le ministre de faire une dotation pour soutenir la formation des moins de 18 ans. Mais rien n’y fit, dura lex sed lex, j’ai dû m’incliner face aux prescrits législatifs. Aujourd’hui, il semble que l’assemblée générale de la Fédération belge de hockey va décider de sa scission. Je sais que le ministre a des contacts avec elle. Confirme-t-il cette information ? Peut-il assurer la possibilité de cette scission et, dès sa mise en œuvre, garantir aux francophones tous les avantages de subvention dont bénéficie toute fédération sportive de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? On peut imaginer que pour l’année prochaine, les coûts du hockey, indexation comprise, ne seront pas loin des estimations que vous aurez faites aujourd’hui. »
Et voici la réponse du Ministre André Antoine :
« Heureusement, M. Crucke a remis l’église au milieu du village car il était parti sur une mauvaise voie en insinuant que nous n’aurions pas d’intérêt pour le hockey, ce qui est totalement faux ! Effectivement, Marc Coudron, président francophone de la Fédération belge de hockey, s’en est ouvert dans la presse, en indiquant qu’il fallait avancer avec prudence, analyser le dossier et ne pas se précipiter. Il a raison. Au moment où je vous parle, la Fédération de football par exemple ne correspond toujours pas à l’attente de notre administration et des discussions – bien légitimes – sont encore en cours. La Fédération belge de hockey nous a demandé des informations sur la procédure de reconnaissance, de constitution du dossier et sur les conditions pour l’obtenir. Cependant, à ce jour, aucune demande officielle n’a abouti, ni à l’administration ni à mon cabinet. Mais, le 13 octobre, je recevrai personnellement la Fédération pour envisager l’avenir, que ce soit sous le signe de la communautarisation, d’une première évaluation du plan « hockey » ou de notre aide dans la perspective de leur participation aux Jeux olympiques. Quelques difficultés financières s’annoncent et nous serons bien sûr à leurs côtés. Même si nous avons repoussé la proposition de décret de M. Crucke, il n’empêche que nous avons développé, en parfait accord avec M. Coudron et sa fédération, un plan « hockey » en marge même de la reconnaissance qu’il souhaiterait pour l’avenir. J’aborderai ce plan en cinq points. Du côté de l’infrastructure, je relève que sur les dix dernières années, on n’a pas fait plus que sur les deux ans qui viennent de s’écouler. Je me suis engagé auprès de Marc Coudron à installer si possible un terrain synthétique par province. M. Crucke avait plaidé cette cause et l’a gagnée. Plus de deux millions d’euros ont été affectés. Nivelles, Louvain-la-Neuve, Chaudfontaine, Liège, Namur, Verviers, Wavre et La Louvière, toutes ces villes ont été retenues, et nous poursuivrons l’effort pour d’autres clubs qui seraient demandeurs. Par ailleurs, conformément au souhait de la Fédération belge de hockey, nous avons décidé de moderniser et de rénover le centre Adeps d’Auderghem pour en faire un centre de hockey, à Bruxelles mais aux confins de la Flandre et de la Wallonie. J’ai été moi-même avec Marc Coudron présenter les travaux qui débuteront sous peu : il s’agit d’équiper deux terrains en synthétique mouillé avec récupération d’eau, ce qui représente un investissement de deux millions et demi, comprenant aussi la rénovation du local d’accueil des hockeyeurs. Deuxième élément du plan : la création de nouveaux clubs. À ce jour, il y a 65 clubs en Belgique, dont 16 francophones, et nous avons décidé de subventionner la fondation de nouveaux clubs, à l’instar de celui d’Arlon, créé en septembre 2010 et comptant déjà 150 membres, et de Perwez, Le Jaguar, qui possède 153 affiliés. Ils aligneront 12 équipes dans les différents championnats – preuve du succès de ce sport. Le bourgmestre de Rixensart m’a d’ailleurs annoncé la constitution d’un nouveau club. Ces 16 clubs sont trop concentrés dans le Brabant, à Bruxelles et à Anvers et nous devons envisager d’en implanter dans d’autres régions. Troisième élément : la mise à disposition de trois emplois APE pour la coordination provinciale des écoles de jeunes et pour l’organisation des formations à l’encadrement des jeunes et la formation des arbitres. Autre axe : le soutien aux manifestations sportives et à la promotion du hockey. Nous sommes ainsi intervenus à Wavre à la demande du club local à l’occasion de l’organisation d’un grand match international Argentine/Belgique. Ce premier match, dont le coup d’envoi a été donné par le bourgmestre et auquel plus de 2 000 personnes ont assisté, a été retransmis en direct sur la chaîne communautaire. Depuis lors, et j’en suis ravi, AB3 a décidé de retransmettre les matchs de hockey malgré la petite taille et la vitesse de la balle. Dernier point : le hockey à l’école et pendant les vacances, durant lesquelles de nombreux stages sont organisés. Enfin, je suis conscient que le sport de haut niveau requiert des sacrifices pour certains athlètes sélectionnés pour les JO. Cette situation fera l’objet d’une discussion que je poursuivrai avec M. Coudron la semaine prochaine. Nous serons ensuite disponibles pour la communautarisation. M. Crucke veut savoir combien ça va rapporter. Je ne sais pas s’il est bien prudent de lui communiquer les montants. Je me contenterai de lui dire que si une demande est faite, les seize clubs francophones seront subventionnés comme les autres et sans que ce soit au détriment des autres disciplines. Ce fut déjà le cas pour le football. Les communautarisations s’annoncent toujours faciles au début. Regardez ce qui se passe avec la balle-pelote. La situation semblait simple ; elle s’est complexifiée par la suite et paraît redevenir plus facile aujourd’hui. Malheureusement, lors de la revanche du championnat d’Europe, les Espagnols ont battu notre équipe à Louvain-la- Neuve lors des fêtes de Wallonie. C’était un peu triste malgré les efforts que j’ai déployés pour livrer la balle. J’ai alors pu constater que c’était beaucoup plus difficile à faire qu’à regarder. »
Ce à quoi le député Jean-Luc Crucke a répliqué :
« Monsieur le ministre, je suis un peu déçu par votre réponse. Vous êtes un homme qui prépare ses dossiers et qui connaît ses budgets. Aussi, ne pas me communiquer un montant que vous connaissez n’est pas très fair-play. Soit vous n’avez pas le montant et vous bluffez, soit vous en disposez, il est important et vous préférez le communiquer vous-même à la Fédération belge de hockey. Maigre récompense pour un parlementaire qui attend jusqu’à 19 h dans l’espoir d’une bonne nouvelle ! »
© Philippe Demaret – Okey.be