Alors que la discipline se rapproche tout doucement de la barre symbolique des 50.000 membres dans notre pays, et que la croissance annuelle frôle en moyenne les 10 % depuis 2005, l’ARBH (qui s’occupe du Top Hockey, du sponsoring ou encore de la communication) mais surtout ses deux ligues travaillent sans relâche pour offrir à l’ensemble de ses membres des conditions de jeu et un encadrement idéal tout en ne reniant pas, et c’est certainement là que demeure l’essentiel, ses valeurs de respect, de fair-play, de solidarité et d’éthique sportive. Le premier succès mondial des Red Lions devant d’ailleurs encore faire exploser le nombre de curieux qui viendront s’inscrire dans l’un des 94 clubs du Royaume durant les prochains mois.
Du côté de la Ligue francophone (LFH), qui vient tout juste de dépasser les 25.000 membres (ce nombre a doublé en moins de dix ans), le président Yves Henet est conscient du défi majeur face auquel il se trouve. « Nous ne voulons pas que le hockey soit un sport à la mode parce que les résultats de nos équipes nationales sont exceptionnels. Nous voulons au contraire que la pratique du hockey devienne pérenne. Et que chacun puisse évoluer dans de bonnes conditions d’accueil et de jeu au sein des différents clubs, que ce soit pour pratiquer le sport en compétition ou en étant plus orienté vers le loisir. Mais ne nous voilons pas la face : le défi des infrastructures est également immense. Il faut accroître le nombre de terrains mais aussi leur qualité. Il ne faut pas hésiter non plus à ouvrir le débat sur la mutualisation des infrastructures. »
Depuis sa création en 2012, la LFH a toujours souhaité se montrer proactive et développer une vision stratégique de ses activités, en partant des priorités soulevées par les clubs eux-mêmes. « Cette vision stratégique a régulièrement été partagée avec les clubs, souligne le secrétaire général, Dominique Coulon. Nous rencontrons les dirigeants collectivement et même individuellement afin de mieux comprendre les besoins et les attentes de chacune des parties. Et si la Ligue peut servir d’incubateur d’idées et de facilitateur, elle aura réussi une grande partie de son travail, tout en laissant aux clubs le soin de se battre sportivement sur les terrains, le seul endroit où la concurrence a du sens. »
Le nouveau plan stratégique couvre la période 2018-22 et comprend 4 axes principaux. Outre la représentation, qui demeure plus institutionnelle, il s’appuie sur le respect des valeurs (et de la bonne gouvernance !), sur le développement et la création des clubs et surtout sur la formation. « La Hockey Academy est naturellement une des ambitions fortes de notre plan, poursuit Dominique Coulon. La formation, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, des encadrants sportifs, des arbitres ainsi que des dirigeants de clubs est prioritaire dans notre contexte de croissance exponentielle. Sans coachs, sans entraîneurs de qualité, sans arbitres formés, pas d’évolution et pas de progression possible… La LFH a initié une mue vers une digitalisation partielle de la formation afin d’en faciliter l’accès vers le plus grand nombre. Notre objectif pour 2022 est que chaque joueur soit encadré par un moniteur formé. »
Si un encadrement de qualité est un défi permanent car il faut toujours réussir à motiver les candidats animateurs, initiateurs, éducateurs ou entraîneurs, ce sont toujours bien les infrastructures et l’argent qui demeurent le nerf de la guerre comme le confirme le secrétaire-général de la LFH. « Alors que certaines régions sont en saturation, nous mettons tout en œuvre pour que les nouveaux projets qui sortent de terre soient occupés de manière efficiente. En outre, nous sommes satisfaits de la bonne collaboration qui existe entre les clubs, les pouvoirs locaux bien souvent propriétaires des terrains, l’administration et le pouvoir politique. Cependant, les ressources financières des clubs restent limitées et nous devons veiller à ce que le hockey ne rentre pas dans une surenchère qu’il ne pourra pas maîtriser. »
De nombreux nouveaux clubs ont vu le jour en Wallonie comme le Jaguar à Perwez, l’Ascalon à Mons, le Chessy à Enghien. Et des projets sont en chantier, à Andenne, à Neufchâteau et à Marche-en-Famenne. Cette extension géographique est stratégique, tout comme un ancrage durable dans le monde scolaire afin d’amener de plus en plus de jeunes vers le hockey. Mais le constat des deux parties est limpide. C’est uniquement grâce à une étroite collaboration entre les clubs et la LFH que les ambitions pourront être atteintes.
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 2 mars 2019.
Photo : Sylvain Piraux.
Un avenir radieux pour le Chessy Hockey Club
Même si l’engouement pour le hockey est exponentiel aux quatre coins du pays, certaines régions ne sont pas encore extrêmement bien loties. C’est le cas par exemple en Wallonie picarde qui a dû patienter jusqu’au mois de février 2017 pour assister à la naissance du Chessy Hockey Club Enghien-Silly. Portée par plusieurs personnes de « bonne volonté », la création de la nouvelle structure n’a pas été simple d’autant plus que les 190 membres attendent toujours l’inauguration de leur premier terrain dont les travaux devraient débuter en mai prochain sur le site jouxtant Nautisport, à Enghien.
« Le rôle de la LFH est évidemment essentiel, reconnaît Pierre Godfrind, le président enghiennois. Dès le début, et vu qu’ils étaient à l’initiative de la création du club, ils étaient à l’écoute pour le moindre petit souci organisationnel. Nous avions à chaque fois des réponses immédiates. Ils ont également été à nos côtés dans le quotidien en organisant des séminaires de coaching et d’arbitrage. »
Et même s’il juge que le nouveau plan stratégique est plutôt bien ficelé, l’ancien joueur de Hermes (Renaix) se pose tout de même quelques questions sur les ambitions imposées à l’ensemble des clubs francophones, quel que soit leur nombre de membres ou leur passé. « J’ai tout de même le sentiment que tout va trop vite et que le hockey se professionnalise un peu trop vite. On se retrouve comme au football avec des demandes parfois compliquées à honorer en ce qui concerne, par exemple, le nombre d’entraîneurs ou de formateurs. Je rappelle que nous sommes un club dans lequel tout le monde est bénévole. Les règles sont beaucoup plus strictes et c’est loin d’être évident pour des jeunes clubs comme le nôtre. Mais je reconnais que la Ligue est également compréhensive et qu’elle peut se montrer indulgente dans certains domaines. »
Si financièrement, le Chessy parvient à s’en sortir correctement avec des cotisations parmi les plus basses de Belgique (250 euros en dames, 200 euros à partir de 10 ans et 125 pour les plus jeunes), c’est l’encadrement qui pose parfois problème. « Notre principale difficulté, cela reste de trouver des entraîneurs. Pas simple non plus de trouver des solutions en cas de maladie ou d’absence. A l’heure actuelle, on tourne avec 12 ou 13 entraîneurs pour autant d’équipes. »
Mais l’avenir s’annonce tout de même radieux du côté d’Enghien. « Il existe un potentiel énorme mais nous ne voulons pas grandir trop vite, conclut le président Godfrind. Lorsque nous aurons notre terrain, nous pourrons communiquer dans les écoles et organiser des stages. Nous devrions alors pouvoir atteindre les 250 membres dans un an. »
L.T.