John-John Dohmen : « Je suis un homme de challenges »

2020, une année pas comme les autres, même pour John-John Dohmen. L’un des cadres de l’équipe nationale de hockey a, en effet, choisi de balayer toutes les certitudes qui l’habitaient en troquant sa vareuse du Watducks pour celle de l’Orée. Après 13 ans de bons et loyaux services chez les Canards, il s’est lancé dans un nouveau défi à quelques mois, à peine, des Jeux olympiques de Tokyo, reprogrammés à l’été 2021. L’ultime objectif qu’il s’est fixé avec les Red Lions.

John-John Dohmen, en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, que vous inspire cette année 2020 ?
« Elle fut très compliquée, même si en tant que sportif de haut niveau, je fais partie des chanceux. Toutefois, on n’est pas habitué à vivre au gré des annulations et reports de matches ou de compétitions. Lorsque la Division d’Honneur belge a été arrêtée, sans connaître de champion et des playoffs, cela a été très difficile à vivre. Sans parler du report des Jeux olympiques… Il y a quelques mois, on s’entraînait pour être prêt à une date précise. Ces certitudes, actuellement, peuvent rapidement être balayées. »

Un été durant lequel vous avez animé le mercato en quittant le Waterloo Ducks, après treize saisons de bons et loyaux services, pour rejoindre l’Orée.
« Je ne suis pas un joueur qui change de club comme de chemise. Avant le Watducks, j’avais connu trois ans au Léopold et c’est tout. Le challenge proposé par l’Orée me convenait. Après quelques mois, je pense avoir fait le bon choix. »

Cela n’a pas dû être simple de quitter le Wat’, un club où vous avez tout connu…
« J’y ai été champion de Belgique et d’Europe. Il est évident que ces souvenirs resteront gravés dans ma mémoire. J’estimais toutefois avoir apporté tout ce que je pouvais et avoir fait le tour de la question. À l’Orée, il y a cette envie de décrocher un titre avec les messieurs. »

Et ce n’est pas tout, vous avez également pris la tête des dames du club woluwéen.
« Le projet de l’Orée, c’était un tout. C’est ce qui m’a attiré. L’idée est d’accéder à l’élite belge avec les dames et puisque je suis un homme de défis, cela me parlait. Pourtant, je n’avais jamais coaché auparavant, même en jeunes… »

N’y avait-il dès lors pas une sorte d’inquiétude au moment de vous lancer dans cette nouvelle aventure ?
« Non dans la mesure où je dispose déjà d’une solide expérience dans le monde du hockey et que j’ai côtoyé de grands coachs. Je n’ai jamais eu peur de m’ouvrir à de nouveaux horizons. Au fil des années passées en tant que joueur, j’ai eu l’occasion de voir de bonnes choses, de mauvaises également, et je sais ce qu’un hockeyeur aime ou n’aime pas. Ce sont des atouts non-négligeables. »

Cette nouvelle casquette vous rend-elle également meilleur joueur ?
« Meilleur, je ne sais pas. Mais plus complet, sans aucun doute. Pouvoir être de l’autre côté de la barrière, sur le petit banc, cela apporte une autre approche, une connaissance différente du sport. Je grandis encore comme joueur grâce à cela, notamment au niveau de la gestion d’un groupe. En tant que joueur, on pense avant nous à notre prestation, là où un coach doit penser au collectif, faire attention à tout le monde et faire respecter les règles. »

Justement, faire respecter ces règles, est-ce évident ?
« Ce n’est pas chouette et je n’aime pas jouer à l’agent de police. Mais parfois, il le faut (rires). Mais de l’autre côté, il y a aussi cette sensation fantastique lorsqu’un coup tactique apporte quelque chose. »

2020, c’est aussi une blessure à l’ischio qui vous a tenu écarté des terrains durant de longues semaines. Était-ce difficile à vivre ?
« J’avais déjà connu des blessures et je savais donc comment gérer cette période. Mais se blesser à quelques jours du début du championnat au sein d’une nouvelle équipe, ce n’était pas gai. D’autant que je sortais d’une très bonne préparation et que je montais en puissance. La frustration fut immense, mais j’ai tenté d’apporter, comme je le pouvais, mon aide depuis les tribunes. »

L’Orée est d’ailleurs l’une des bonnes surprises de la saison, s’étant qualifié sans trembler pour les playoffs.
« Nous sommes à notre place. Nous n’avons connu que trois défaites, face aux favoris (NDLR : La Gantoise, le Léopold et le Watducks). Lors de chaque revers, on a surtout senti qu’en adaptant certaines choses, nous pouvions lutter avec ces adversaires. C’est donc de bon augure, d’autant que nous avons tout de même sept nouveaux joueurs dans le noyau. Si nous corrigeons nos erreurs, nous pouvons être des candidats au titre en mai 2021. »

2021, ce seront aussi les Jeux olympiques où les Red Lions, médaillés d’argent en 2016, seront favoris.
« C’est le dernier titre manquant à notre palmarès. Cependant, aucune pression ne nous anime. Si nous ne parvenons pas à être champions, nous analyserons la cause et, peut-être, qu’une autre médaille sera tout aussi savoureuse. En 2016, l’Australie était la grande favorite et est passée à côté de son tournoi… »

Mais cela viendrait garnir votre belle armoire à trophées…
« Certainement. D’autant qu’il s’agira de ma dernière Olympiade. Ma carrière en Red Lion est déjà très belle et je n’aurais jamais rêvé en arriver où je suis. L’or, ce serait une cerise sur le gâteau… »

Sébastien Hellinckx, In La Capitale, lundi 21 décembre 2020.

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