Les Namurois ont dû attendre leur 42e match en division d’honneur pour enfin engranger un premier succès au plus haut échelon national. Une victoire historique grâce notamment au retour de quatre anciens. C’est d’ailleurs Gilles Jacob qui a inscrit le but du 2-3.
Namur savait qu’il avait un bon coup à jouer ce dimanche au Old Club, dont le compteur était également toujours vierge. C’était le moment ou jamais d’enfin prendre un point en DH, voire d’y signer une première victoire. Après 22 défaites consécutives en 2013-2014, 12 la saison dernière et 7 depuis l’entame de ce championnat, les Namurois se sont imposés 2-3 en terre liégeoise. Avec notamment deux réalisations signées Alex Willemart et Gilles Jacob, deux joueurs qui avaient raccroché il y a un an et demi. Au même titre que le gardien Harold D’Hayer et l’offensif Paul Navez, ils ont été rappelés pour encadrer les jeunes. Un secret bien gardé mais surtout un choix payant. « Oui, c’était un coup de poker », confirme la coache Joy Jouret. « Ils évoluent toujours avec la deuxième équipe et après l’avoir affrontée en amical, on s’est dit qu’ils pourraient encore nous apporter une plus-value. Ils avaient quitté le noyau A par manque de temps et non pas parce qu’ils n’avaient plus le niveau. Ils essayent de suivre notre programme d’entraînements en fonction de leurs possibilités. J’en ai forcément parlé à l’équipe, qui l’a tout à fait bien compris. »
Des anciens qui ont apporté de la stabilité et de la sérénité ce dimanche mais cette victoire historique est surtout celle de tout un groupe. Les Namurois ont concédé deux buts sur p.c. (1-0 à la 6e et 2-1 à la 41e) mais ont trouvé les ressources pour revenir dans le coup et même passer devant (1-1 à la 14e, 2-2 à la 44e et 2-3 à la 52e). « Se relever à chaque fois et repartir de l’avant, cela demande de l’envie et un gros mental. C’est clairement encourageant pour la suite. On a souvent laissé la possession aux Liégeois, ce n’était pas nécessairement voulu. En règle générale, nous avons du mal à garder la balle dans nos rangs mais le plus important est d’avoir pu respecter la structure qu’on avait mise en place. Tous les joueurs ont effectué leurs tâches et surtout personne n’est sorti de sa fonction. Dans le dernier quart-temps, il a fallu gérer notre avantage, ce qui n’était pas nécessairement évident. C’était une première, pour les gars comme pour moi. »
Pas question de s’extasier au coup de sifflet final ni de se prendre dans les bras. Contexte sanitaire oblige, le succès a dû être fêté dans la retenue. « C’est frustrant mais j’ai bien senti l’émotion qui traversait le groupe. Ces trois points au classement, cela ne vaut rien mais cela signifie tellement de choses à côté. Au moment où je vous parle (ndlr : 30 minutes après le coup de sifflet final), je suis au volant, j’ai un sourire jusqu’aux oreilles et je sais que c’est la même chose pour tous les joueurs. C’est un énorme ouf de soulagement d’avoir pris ces premières unités. »
« Ils étaient au fond du trou »
Il reste 4 rencontres de championnat d’ici la fin de l’année civile et les anciens tenteront d’adapter leur emploi du temps pour y prendre part. « Lors du match amical que nous avons disputé, j’ai pu constater que certains jeunes étaient mentalement au fond du trou », confie Gilles Jacob. « Je les comprends, ils s’investissent comme des fous et n’en sont pas récompensés. Compte tenu du contexte que nous vivons, c’est la troisième ou quatrième préparation qu’ils vivent et ils l’entament à chaque fois sans savoir quelles seront les perspectives. On ne s’est pas rendu disponible parce qu’on affrontait une équipe dans nos cordes mais simplement parce que c’était le bon moment de donner un coup de main. J’ai vu que notre présence soulageait aussi les nouveaux leaders (ndlr : De Moor, Weicker, Oguz et Destrée). Lorsqu’ils sortent du terrain, ils savent que leurs responsabilités seront reprises par d’autres joueurs. Malgré tout, j’ai une pensée pour les jeunes qui ont fait les frais de notre présence et sont sortis de la sélection. Compte tenu du protocole, ils n’ont pas pu assister à cette victoire et ont dû se contenter de regarder la rencontre chez eux en streaming. »
La première rencontre de Namur en division d’honneur remonte déjà au 12 septembre… 2013. Alex Willemart en était et ce dimanche, il inscrit le premier but de son équipe. Tout un symbole. « Je n’irais pas jusque-là mais à la fin du match, j’y ai pensé », sourit-il. « J’avais un peu peur de souffrir physiquement mais cela n’a pas été le cas. Il faut avouer qu’il n’y a pas eu un rythme de fou. Il y a eu beaucoup de un contre un et de pertes de balle, cela m’a plus fait penser à une rencontre de D1 que de DH. Tant qu’on peut être disponible, on sera là mais l’équipe dans laquelle nous évoluons reste notre priorité. On ne sait pas quand on pourra recommencer mais pour l’instant, nous sommes invaincus. Nous sommes en course pour monter dans ce que l’on pourrait considérer être la Réserve en division d’honneur. » Namur occupe désormais l’avant-dernière place au classement, avec trois points, à trois unités du Racing, antépénultième.
Grégory Pierard, In La Meuse, lundi 23 novembre 2020.