La professionnalisation croissante de la discipline en Belgique implique naturellement la mise sur pied d’un cadre général plus strict. Si les clubs de division d’honneur devront obtenir une licence dès la saison prochaine, c’est le marché des transferts qui aurait peut-être, également, besoin d’être un peu mieux balisé.
Si la saison dernière était évidemment singulière suite à l’arrêt anticipé du championnat en raison de la situation sanitaire dans notre pays, certains se demandent s’il ne faudrait pas encadrer de manière plus spécifique les transferts pour éviter certaines dérives. Car, en effet, chaque saison, dès le mois de février, c’est la même histoire. Les rumeurs les plus folles et les annonces les plus improbables se succèdent au bord des terrains et dans les médias. Une situation que regrettent certains dirigeants de clubs afin d’éviter le climat parfois malsain qui s’installe lors des dernières semaines de compétition. « Même s’il s’agit d’un débat compliqué, nous sommes naturellement favorables à imposer une période de transfert », prévient Fabrice Rogge, le président de la Top Hockey League (THL) qui regroupe l’ensemble des clubs de division d’honneur dames et messieurs. « Toutefois, il faut se montrer réaliste et pragmatique. Nous pourrions déterminer une période en sachant très bien que les discussions auront déjà débuté entre les joueurs et les clubs. En effet, les dirigeants aiment finaliser leur noyau avant le mois d’avril. Mais nous pourrions nous mettre d’accord afin que personne ne communique sur des éventuels transferts avant une certaine date. Cela fonctionne d’ailleurs déjà de cette manière aujourd’hui pour certains transferts qui restent secrets un bon moment. »
Du côté des clubs qui ont enregistrés 89 transferts durant l’intersaison, le son de cloche est sensiblement identique. Au Racing, Thierry Le Saux, son président, pense néanmoins qu’il sera compliqué de mettre tout le monde d’accord. « Je pense malheureusement qu’il s’agit d’un vœu pieux. Il y a 2 ans, les clubs de DH avaient déjà signé un « gentleman agreement » à l’initiative de la Top Hockey League mais celui-ci n’a jamais été respecté sans crainte de sanction. Il faudrait pouvoir mener une réflexion globale qui doit, selon moi, être initiée par la Fédération elle-même. La THL peut naturellement soumettre des propositions mais c’est à l’ARBH de décider dans l’intérêt commun. Ce serait idéal de pouvoir mettre en place un véritable mercato comme dans d’autres sports. Il serait également intéressant de prévoir un joker médical comme en rugby en cas de blessure longue durée afin de remplacer un joueur clé du noyau. »
Des contrats de sportif rémunéré qui peuvent se rompre ou se racheter
Contrairement à d’autre disciplines, en hockey, il n’y a ni agents, ni de montants payés entre les clubs, ni indemnités pour les clubs formateurs. Les transferts de joueurs s’apparentent donc à un « simple » changement d’employeur dans n’importe quelle entreprise. « Les joueurs disposent de contrats de sportif rémunéré qui peuvent se rompre ou se racheter », poursuit le président ucclois. « Le Racing a ainsi vu partir plusieurs de ses cadres comme Simon Gougnard, Cédric Charlier ou Tom Boon alors qu’ils étaient toujours sous contrat. Et je tiens à préciser que cela s’est toujours réglé d’ailleurs sans souci. Mais soyons très clair, aucun club ne pourra jamais retenir personne contre son gré. Je comprends d’ailleurs le besoin, pour des joueurs professionnels, de rentabiliser leur carrière et de choisir un autre club si les conditions salariales y sont plus intéressantes. »
La régulation des transferts devrait donc être couplée à l’arrivée des licences pour le championnat de division d’honneur (les dossiers devront être rentrés en février ou mars 2021) comme le confirme Fabrice Rogge. « Les 2 peuvent, en effet, être liés. Mais je pense surtout que cela va arriver de manière naturelle. Nous devrions avoir un règlement sur les transferts dans les 3 ans. Dans ce dossier des licences, c’est l’ARBH qui est à la manœuvre. Mais je le répète, il n’y a pas d’urgence non plus à devoir réguler ces transferts puisque tout se passe plutôt bien à l’heure actuelle. »
Un cadre général pourrait toutefois être profitable aux joueurs, à l’ensemble des clubs mais aussi au championnat de division d’honneur, lui-même, dont l’attractivité ne pourra encore qu’être renforcée.
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 3 octobre 2020.
Photo : News.