L’Indoor se relèvera plus fort de cette saison blanche

Quand la décision d’annuler purement et simplement l’ensemble de la saison indoor en raison de la pandémie de covid est tombée, le 2 octobre dernier, certaines voix se sont élevées pour regretter une annonce prématurée pour un choix si radical. Pourtant, à l’époque, suite à une enquête menée auprès des clubs, 39 % d’entre eux avaient déjà tranché et ne souhaitaient pas participer à la compétition. « Quand la Fédération (ARBH) a décidé d’annuler l’ensemble de la saison pour permettre, en priorité, aux championnats en extérieur de pouvoir clôturer leur 1 er tour, j’avoue que j’y étais totalement opposé », admet sans sourciller Patrick Van den Berghe, président de l’indoor de 2014 à 2019 et membre de la task force pour son développement dans notre pays. « Je souhaitais que l’on maintienne cette activité en salle, essentielle pour nos équipes nationales qui avaient encore en ligne de mire la Coupe du monde à Liège, prévue, initialement, au mois de février 2021. Je pensais sincèrement que la situation allait s’améliorer et que nous allions pouvoir disposer d’une fenêtre pour jouer en indoor. Mais, au final, cette décision était effectivement la meilleure à prendre. »

Si l’ARBH a tranché si rapidement, c’était évidemment, à côté des raisons sanitaires évidentes, pour éviter aux clubs, et à la Fédération, de prendre des risques financiers importants en installant des infrastructures temporaires. « L’objectif était clair et impératif », confirme Patrick Van den Berghe. « En invoquant un cas de force majeur, nous avons pu tout annuler sans débourser le moindre centime, car la quasi-totalité des salles utilisées dépendent du secteur public. Au final, seul le club de Nivelles a décidé de monter un terrain éphémère dans la salle d’une école. Mais les jeunes n’y ont presque pas joué. Habituellement, cela coûte à un club entre 30 et 40.000 euros pour monter ce type de structure – si on inclut le coût du chapiteau, du revêtement et les frais de chauffage. »

Si la culture de l’indoor a mis un peu de temps à s’installer dans notre pays, elle fait partie intégrante du paysage belge depuis une petite dizaine d’années. Avec un budget avoisinant les 600.000 euros (équipes nationales incluses), un nombre de membres qui a doublé en 5 ans et plus de 10.000 heures de compétition chaque saison, la discipline est ancrée dans les clubs, qui ont parfaitement compris son rôle capital auprès des jeunes. « En pratiquant le hockey indoor, les enfants apprennent à dribbler autrement et ils soignent leur apprentissage technique sur une plus petite surface de jeu. Nous pouvons nous comparer aux Pays-Bas ou à l’Allemagne. La Fédération a bien compris tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer de la discipline dans la formation et le développement de ses jeunes joueurs. »

Performer lors de la Coupe du monde 2022… à Liège

Cette hibernation a forcément engendré certaines conséquences pour nos deux équipes nationales. Si les dames doivent reconstruire une équipe compétitive, les messieurs, emmenés par Maxime Bergez, possèdent des objectifs très clairs pour l’hiver prochain, avec un Championnat d’Europe à Hambourg, puis, dans la foulée, une Coupe du monde disputée au Country Hall de Liège (février 2022). « Nos joueurs possèdent un statut amateur et ils n’ont donc pas pu s’entraîner », conclut Patrick Van den Berghe. « Mais cela a également été le cas pour la plupart des grandes nations mondiales. Nous sommes donc tous sur un pied d’égalité. Mais il sera capital de mettre un sérieux coup d’accélérateur dès le mois de septembre. L’objectif sera de reprendre le travail au plus vite en espérant disposer d’un groupe qualitatif et motivé avec, pourquoi pas, l’un ou l’autre Red Lion. Nous voulons que la Coupe du monde à Liège constitue une fête et que nos équipes performent devant leurs supporters. Je pense qu’il y aura une surconsommation de sport et d’événements dès que nous retrouverons une vie plus normale. Ce rendez-vous pourrait encore booster la popularité de l’indoor dans notre pays. »

Tous les amoureux de la discipline espèrent que cette année blanche permettra surtout à l’indoor de revenir encore plus fort l’hiver prochain, en confirmant qu’il est bien loin d’être un phénomène de mode éphémère.

Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 30 janvier 2021.

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