Une campagne malgré tout réussie

Même si c’est avec le costume d’outsider sur les épaules que les Indoor Red Lions ont effectué leur grande entrée sur la scène mondiale du hockey indoor, ils espéraient bien tenir les premiers rôles lors de ces cinq jours de représentations dans le temple de la discipline, en Allemagne, le Max-Schmeling-Halle qui a accueilli la Coupe du monde 2018. Ils auraient également tant voulu faire la démonstration de leur talent et de leurs qualités, lors de la demi-finale face à l’Iran, devant les 8.000 spectateurs qui en avaient envahi les travées tout ce week-end.

Mais la Belgique a tremblé et a même semblé envahie par le trac durant ces six rencontres et, très certainement, lors du quart de finale face à l’Australie, vendredi soir. Une élimination face à un adversaire certainement pas meilleur mais qui a nettement mieux géré ses émotions et qui a été clairement plus malin lors des moments clés. Alors les protégés d’Alexandre de Chaffoy ont-ils loupé leur compétition en terminant à la 6e place de leur première Coupe du monde ?

Pour Philippe Truyens, le directeur technique des équipes nationales indoor, la réponse est plus nuancée que cela. « Notre campagne est évidemment une réussite avec cette médaille d’argent remportée à l’Euro et ce Top 6 mondial qui, rappelons-le était notre objectif initial fixé pour Berlin. Cependant, nous pouvons dire que nous sommes extrêmement déçus du tournoi car nous ne sommes jamais parvenus, pour des raisons obscures, à reproduire nos prestations anversoises de la mi-janvier. Nous n’avons pas encore débriefé le tournoi avec le staff, mais il est très clair que nous pourrons tirer de très nombreux enseignements de ce premier grand rendez-vous mondial. »

Des prestations belges en dents de scie

Dès la première rencontre face à l’Autriche, la machine a semblé grippée et le jeu nettement moins fluide que lors de l’Euro. Ensuite, au fil de la phase de groupe, les prestations belges ont été bien trop en dents de scie pour monter en puissance et arriver en pleine confiance au moment d’aborder le quart de finale. « Il faut reconnaître que nous avons peut-être évolué au-dessus de nos capacités à Anvers, reconnaissait Philippe Truyens. Le public nous a portés vers l’exploit. Cela nous a clairement poussé à nous sublimer dans les moments difficiles. Cette médaille d’argent a également peut-être joué inconsciemment un peu dans les têtes. Durant l’Euro, nous avons proposé du bon hockey et nous avons évolué collectivement. Ici, les individualités ont voulu faire la différence tandis que notre structure défensive n’était pas suffisamment solide. Enfin, il y avait un peu tro p de déchet dans notre jeu. »

Certains ont également pointé l’arrivée dans le groupe de Tom Boon et Cédric Charlier pour tenter d’expliquer ces prestations en dents de scie. Une supposition que le directeur technique national balaie sans ménagement. « Même si leur rendement aurait pu être meilleur, ils n’ont certainement pas affaibli l’équipe en rejoignant les troupes pour le tournoi mondial. Ce sont deux très bons joueurs. Si nous avions atteint les demi-finales, personne n’aurait rien trouvé à redire à leur présence. Et, si nous n’avions pas atteint les quarts, cela aurait été certainement de leur faute. Pour moi, il n’y a pas de débat. La décision de leur accorder notre confiance avait déjà été prise au mois d’octobre avec l’accord de l’ensemble du noyau. C’était donc très clair pour tout le monde. Nous voulions nous présenter à Berlin avec la meilleure équipe possible. Alors je le reconnais, ils n’ont pas performé au-dessus de leurs partenaires mais ils ont été au niveau de l’équipe avec de bons moments. »

Ces derniers résultats vont, en tout cas, offrir un nouveau statut aux Indoor Red Lions qui devraient passer de la 16e à la 7e ou à la 8e place mondiale Mais, dès demain, il faudra reconstruire une équipe compétitive pour 2020 (puisque certains devraient quitter le groupe) en fixant de nouveaux objectifs. Et pour confirmer cet attrait toujours plus important pour la discipline dans notre pays, la Belgique se portera candidate pour accueillir, à nouveau, le Championnat d’Europe femmes et hommes en 2020.

Laurent Toussaint (à Berlin), In Le Soir, lundi 12 février 2018.

Photo : Philippe Demaret – Okey.be

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