Vincent Vanasch : « L’arrogance fait un peu partie de la culture du club »

C’est avec un large sourire et sa bonne humeur habituelle que Vincent Vanasch nous accueille à l’entrée du petit stade du Crefelder HC, où les Red Lions avaient infligé une correction historique (0-8) à l’Allemagne, en Pro League, en juin 2019. Quelques heures plus tard, son nouveau club, le Rot-Weiss Cologne, y a disputé le premier duel de la nouvelle saison après 10 mois sans Bundesliga. Mais c’est pourtant depuis le bord du terrain que le gardien des Red Lions a assisté à la victoire facile de ses nouvelles couleurs. Blessé à l’ischio droit lors de la préparation, le Bruxellois ronge son frein et attend de pouvoir étrenner son nouveau maillot floqué du célèbre numéro 21. « Je me suis blessé lors des tests physiques à Cologne. Ma nouvelle expérience ne débute donc pas comme espéré. Mais je suis le plus présent possible aux côtés de mes coéquipiers. Je devrais être de retour fin septembre. Je ne veux prendre aucun risque avec les Jeux, l’été prochain. Cela me rend fou de ne pas jouer, mais j’essaie de trouver un rôle à côté du terrain pour accompagner le jeune gardien qui sera dans les buts pour cette entame de saison. Je ne jouerai pas non plus les 2 matchs de Pro League à Düsseldorf dans 3 semaines. De quoi entrevoir encore plus sereinement ma rééducation. »

A 32 ans, Vincent Vanasch a donc décidé de s’offrir un nouveau défi dans un 7e club. Formé au White Star, le triple meilleur gardien du monde (2017, 2018 et 2019), a évolué sous le maillot du Pingouin, de Louvain, du Waterloo Ducks, d’Oranje-Zwart et des Delhi Waveriders. Des expériences qui lui ont forgé un caractère en acier trempé et un palmarès impressionnant. « Tous mes changements de club m’ont fait évoluer dans le bon sens », explique-t-il après avoir posé pour une photo avec une jeune fan. « Même mon passage raté à Louvain m’a fait grandir mentalement. J’ai vécu des moments très difficiles dans ma carrière. Tout le monde pense que tout a toujours été rose, mais c’est loin d’être le cas. J’ai eu envie d’arrêter ma carrière car ils m’ont détruit à Louvain. J’ai vécu des moments très difficiles, mais j’ai fini par rebondir grâce à Pascal Kina et au Watducks, qui m’ont fait confiance et qui m’ont relancé. D’ailleurs, nous avons été champions et Colin Batch m’a propulsé aux Jeux de Londres dans la foulée. »

« Réaliser le doublé en 2022 »

A Cologne, le Bruxellois a également retrouvé son ami Mink van der Weerden, l’international néerlandais, avec qui il avait remporté son tout premier titre EHL sous les couleurs d’Oranje-Zwart. Une présence qui facilite d’ailleurs grandement son intégration. « Les Allemands sont bien plus chaleureux qu’on ne le pense. Malgré la barrière de la langue, je suis très bien intégré et je me sens déjà comme un poisson dans l’eau ici. J’ai la chance d’évoluer dans l’une des meilleures équipes européennes. C’est vrai que l’arrogance fait un peu partie de la culture du club, mais je vais essayer de faire changer cela. Nous avons 7 internationaux, mais c’est collectivement que nous ferons la différence et que nous irons chercher des titres. Ma seule grosse déception, c’est que le club ne disputera pas l’EHL la saison prochaine suite à l’interruption de la saison dernière. Mais cela nous permettra de nous concentrer à fond sur le championnat et de réaliser le doublé en 2022. »

Photo : Hockeybelgium

La conquête des titres. Un des raisons qui ont poussé Vincent Vanasch à rejoindre la Bundesliga. Il rêve, en effet, d’entrer encore un peu plus dans l’histoire du hockey mondial en remportant une 3e fois la prestigieuse EHL, après ses victoires en 2015 avec OZ et en 2019 avec le Watducks. « On ne va pas se mentir. Il y a évidemment un beau contrat sportif à la clé qui doit me faire vivre moi et ma famille. Mais le défi sportif m’a évidemment emballé. Nous sommes actuellement 6 joueurs à avoir remporté l’EHL avec 2 équipes de pays différents, mais personne n’a encore réussi cet exploit dans 3 pays. Je veux être le premier. Les rêves évoluent avec la carrière et c’est important de se fixer continuellement de nouveaux objectifs. »

« The Wall » est un homme de défis. Rarement satisfait. Constamment à la recherche du bon équilibre entre la force de travail, le plaisir et l’ambition de faire toujours mieux. « La clé de la réussite, c’est un savant mélange des 3. Si je suis arrivé à ce niveau, c’est uniquement parce que j’ai travaillé très dur. Mais moi, ça m’amuse et ça m’éclate de bosser comme un dingue. L’ambition, c’est de vouloir gagner tout ce qu’il y a à gagner. Ce sentiment n’a pas disparu. Je suis toujours aussi passionné. Mais je tiens tout de même à préciser que changer de club, ce n’est pas simplement remporter des trophées en plus. C’est également découvrir une nouvelle culture, une autre mentalité. C’est également un élément essentiel pour continuer à grandir. »

A le voir échanger et plaisanter avec ses nouveaux partenaires, dont la superstar allemande Christopher Rühr, il ne fait aucun doute que Vincent Vanasch laissera une trace indélébile de son passage (normalement 4 ans) en bord de Rhin. Après quelques semaines, il fait déjà l’unanimité dans un groupe aussi ambitieux que le gardien belge.

Laurent Toussaint (à Krefeld), In Le Soir, samedi 5 septembre 2020.

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