Le CEO de la FIH, Thierry Weil, a convié la presse belge à une conférence téléphonique, ce lundi après-midi, afin de préfacer la prochaine édition de la Pro League qui débutera le 11 janvier prochain avec le match opposant la Chine aux Pays-Bas, à Changzhou. Le format subira quelques adaptations de sa formule initiale comme annoncé en juin dernier lors du Final 4, à Amsterdam.
Thierry, avec le recul, vous étiez satisfaits de la 1e saison de la Pro League ?
« C’était clairement un succès de pouvoir initier cette nouvelle compétition. Il s’est avéré que c’était une véritable promotion du hockey à l’échelle mondiale. Nous étions très contents au niveau sportif. Nous avons néanmoins décidé d’apporter certaines adaptations. Outre la participation de l’Inde à la compétition masculine, nous avons décidé de modifier quelque peu le format afin de répondre à la demande des joueurs et des coachs. Ceux-ci se sont plaints des trop nombreux voyages que nécessite la Pro League sur de courtes périodes. Nous conserverons le principe des rencontres, à domicile et à l’extérieur mais, par exemple, en 2020, la Belgique se rendra en Australie et elle disputera 2 rencontres en quelques jours. L’année suivante, les Red Lions recevront, 2 fois, les Australiens. Cela diminuera de moitié le nombre de voyages par saison. Nous avons également discuté avec l’ensemble des Fédérations afin afin de voir quels étaient les points à améliorer pour le futur. »
Justement, quelle est la recette pour amener plus de monde dans les tribunes ?
« Certains diront qu’il n’y avait peut-être pas suffisamment de public dans les tribunes mais, au total, l’ensemble des rencontres a tout de même accueilli un total de plus de 240.000 spectateurs dans les stades. Peut-on faire mieux ? La réponse est certainement oui. Je reconnais que tout avait été lancé un peu tard à ce niveau-là, en 2018. Il n’y avait pas eu suffisamment d’efforts entrepris au niveau du marketing et de la billetterie. Le story-telling pour la compétition n’avait pas été non plus effectué de manière optimale. Cependant, certains pays comme les Pays-Bas ont réussi à créer l’évènement en attirant beaucoup de spectateurs lors de la plupart des matchs. L’Allemagne est le pays qui nous a le plus déçu pour être très honnête. Il n’y avait personne dans les tribunes alors que les matchs se déroulaient dans une région propice à accueillir un public bien plus nombreux. Il y a donc moyen de faire beaucoup mieux même s’il faut accepter les spécificités de chaque pays. La Chine et les Etats-Unis sont toujours en phase de développement et accueillent donc beaucoup moins d’amateurs de hockey. C’est assez logique. »
Quelle était l’évaluation de l’organisation en Belgique ?
« Elle était bonne. Votre pays fait clairement partie des bons élèves à l’issue de cette 1e édition. Et ce même si vous ne disposez toujours pas d’un stade national. Ce n’est pas simple de travailler avec des tribunes temporaires et de devoir composer de la sorte pour accueillir autant de rencontres. Cela engendre des difficultés supplémentaires. »
Quand la Pro League sera-t-elle enfin rentable ?
« Le but de la Pro League, sur le long terme, est évidemment de rapporter un maximum d’argent aux nations participantes. Mais pour cela, il faut que l’on prenne les bonnes décisions et que nous soyons intransigeants sur certains points dans le futur. Nous avons pris des risques financiers pour lancer ce nouveau format. Mais nous avons adapté notre business plan pour les 3 prochaines années. Cette 2e saison sera neutre en termes budgétaires. La 3e devrait être légèrement positive tandis que la 4e édition de ce premier cycle rapportera de l’argent. Je suis persuadé que la compétition possède encore un bel avenir et qu’elle s’installera de manière durable dans le futur. »
Les prize-money seront-ils identiques à ceux de la 1e édition ?
« Cela n’a pas encore été défini. Tout ce que je peux confirmer, c’est qu’ils seront moins importants car nous avons décidé, en accord avec les fédérations, de diminuer les dépenses pour arriver à un équilibre. Mais je pense que ceux-ci remonteront, dès 2021, pour retrouver leur niveau initial. »
Il n’y aura pas de Grand Final en juin prochain en raison des JO. Qu’en sera-t-il les années suivantes ?
« Nous n’avons pas programmé de Grand Final en 2021 et en 2022. Il faudrait déjà pouvoir compter sur un pays hôte mais c’est trop compliqué voir risqué à ce stade. Les Néerlandais ont été courageux de relever le défi en juin dernier. Les autres nations ne sont pas prêtes à prendre le risque sans garantie que leur équipe ne soit qualifiée pour le dernier carré. Ce n’est actuellement pas viable commercialement. Nous avons donc décidé de nous concentrer en priorité sur la ligue. »
La présence de l’Inde était essentielle pour assurer le développement de la compétition ?
« Bien évidemment. Ce sont, à présent, les 9 meilleures équipes messieurs au monde qui se disputeront le titre. Cela augmentera de manière importante le nombre de spectateurs et de fans qui s’intéresseront à la Pro League. Cela augmentera également de manière considérable les audiences TV. Nous ne pouvons pas nier l’importance commerciale de la présence indienne dans ce format. »
En juin dernier, lors de notre entretien, tu nous avais soufflé la possibilité d’une rencontre avec la Top Hockey League (THL) en Belgique afin de discuter de la cohabitation entre les clubs et les équipes nationales. Vous avez pu mettre cela sur pied ?
« Non. Mais je répète que je suis prêt à venir les rencontrer. Je ne veux pas le faire seul mais bien avec Marc Coudron et Serge Pilet. C’est important de discuter de tous les sujets et d’aplanir d’éventuelles tensions. Les clubs constituent la base du hockey. Je suis d’ailleurs convaincu qu’il faut développer cette structure de clubs dans d’autres pays. Ils ne constituent en aucun cas un frein ou un problème. Le calendrier international doit être mis en place en tenant compte des clubs et des championnats nationaux. C’est une évidence. Si les clubs veulent me voir, je serai donc ravi de les rencontrer. On peut faire beaucoup de choses en se mettant tous ensemble autour de la table. Cela ne peut être que bénéfique pour l’ensemble des parties. »
Un dernier mot tout de même sur l’attribution de la Coupe du monde à l’Inde. N’aurait-il pas été plus logique de changer de continent pour le prochain rendez-vous et de ne pas retourner à Bhubaneswar ?
« Je comprends parfaitement cette remarque et les doléances de plusieurs nations européennes. Mais je défends cependant notre choix avant tout pour des raisons financières. La FIH a attribué le tournoi à l’Inde pour se refaire une santé financière après avoir engagé de nombreuses dépenses pour la Pro League. C’était la priorité pour nous de pouvoir compter sur cette manne financière afin de poursuivre le développement du hockey. A côté de cela, il faut reconnaitre que l’organisation était une véritable réussite et que ce stade est parfait pour accueillir un tournoi de cette envergure. »
Laurent Toussaint