Même si la Belgique ne participait à la Coupe du monde en salle à Poznan, notre pays était bien représenté en Pologne puisque Grégory Uyttenhove faisait partie des meilleurs arbitres internationaux retenus pour le tournoi. Une belle reconnaissance pour le Sifflet d’Or 2009.
Grégory, c’était important pour toi d’arbitrer lors de ce rendez-vous ?
« Important ? C’est inespéré et tant rêvé, pardi ! Je ne pensais, en effet, pas faire parti des prétendants pour être qualifiés parmi les arbitres sélectionnés pour la Coupe du Monde en salle, même si j’en ai toujours rêvé. Inutile de dire que j’ai fait des bons de joie lorsque j’ai appris ma qualification. C’était un rêve devenu très vite réalité. C’est d’autant plus merveilleux que je ne suis pas convaincu de préférer une coupe du monde sur gazon à l’extérieur plutôt qu’une coupe du monde en salle… »
Quelle est l’importance de la salle pour toi ?
« La salle a et aura toujours une saveur particulière. D’abord, parce que c’est en salle que j’ai commencé à jouer puis à arbitrer, sous l’égide de Raymond Distave, à la Gantoise. Ensuite, en ce qui me concerne, j’ai pu goûter aux plaisirs de la salle en division honneur bien avant qu’il ne fut même question de m’y envoyer sur gazon. Il en va de même pour le niveau international. Je suis arbitre couronné – « grade one » – en salle. Je fais donc partie des 25 meilleurs mondiaux, alors que j’appartiens toujours à la « promising list » sur gazon. Les carrières des arbitres internationaux en salle et sur gazon sont, en effet, totalement séparés et hermétiques, ce qui implique que l’on rencontre certains arbitres en Coupe du Monde salle que l’on n’imaginerait même pas rencontres dans un tournoi majeur à l’extérieur. »
Qu’y a-t-il donc de si particulier en salle pour un arbitre ?
« Je prends un malin plaisir à reprendre la saison salle chaque année. L’arbitrage en salle a ceci de particulier pour un arbitre que soit on l’adore, soit on l’exècre. Il n’y a pas de zone grise. Et lorsqu’on est pris du virus, on ne peut qu’être impatient que la saison salle recommence. En Belgique, on arbitre deux rencontres et on passe donc son dimanche avec quatre arbitres au lieu de deux, ce qui double déjà le plaisir vu la qualité des convives. Mais, plus sérieusement, c’est essentiellement le fait que l’arbitrage en salle implique une participation constante. On est concerné par l’entièreté du terrain et donc, même, par le cercle de son collègue. Il y a un très grand nombre de décisions à prendre. Le jeu est bien plus influencé par l’arbitrage qu’à l’extérieur et il y a plus d’avantages potentiels. On peut y ajouter de nombreux moments de gestion durant la rencontre, des contacts constants avec les joueurs, une collaboration essentielle avec le collègue et, surtout, une ambiance chaude et explosive ! Tous les ingrédients sont réunis pour vivre un superbe moment de passion. »
Une compétition de ce niveau te fait encore beaucoup progresser ?
« Absolument. J’ai énormément progressé durant cette coupe du Monde. Tout d’abord parce que nous nous retrouvons avec les 12 meilleurs arbitres mondiaux, et que l’on rencontre de vrais arbitres desquels on doit prendre exemple, mais également parce que l’encadrement est de très grande qualité au niveau des managers d’arbitres. Nous recevons également des débriefings vidéo, ce qui décuple l’apprentissage et la progression des arbitres, si souvent mal lotis à ce point de vue-là. La préparation d’avant tournoi et d’avant match, ainsi que le suivi postérieur font le reste. Le résultat à travers de la prestation du groupe arbitral lors de cette coupe du monde est là : nous n’avons eu aucun incident majeur durant le tournoi, et aucune équipe n’a introduit de plaintes par rapport à l’arbitrage pendant la Coupe du Monde. C’est unique et réjouissant ! »
Quels sont les échos de tes prestations ?
« Mes rencontres ont été très intéressantes, même si force est de constater que je n’ai pas eu les rencontres les plus difficiles sur papier. On remarque très clairement dans les désignations que parmi les arbitres, nous avions 9 « confirmés » et 3 « potentiels », dont moi-même. Et c’est dans cette optique que j’ai pu arbitrer de nombreuses rencontres avec souvent des collègues d’expérience et/ou des rencontres qui n’étaient pas les affiches les pus difficiles sur papier. Mais aucune rencontre n’est facile à ce niveau-là. Et puis espérons que lors d’une prochaine coupe du Monde, j’ai l’opportunité de transmettre à mon tour cette expérience. Mon rapport était en tous les cas très positif et il est clair que j’ai appris pas mal de choses au niveau de la gestion que je compte mettre en pratique à l’extérieur ! »
Tu as d’autres ambitions pour la suite de l’année ?
« Nous ne pouvons pas avoir d’ambition dans la mesure où nous sommes totalement dépendants des désignations décidées par la FIH et la FEH. Et elles ne se demandent pas, sous peine de voir l’effet contraire… Mes ambitions ne sont, de toute façon, pas immédiates, mon année étant déjà plus que réussie. Pour le moment, je suis concentré sur mon prochain match en Belgique et le plaisir que j’y prendrai. »
Pas trop difficile de combiner l’arbitrage avec ta profession ?
« Si, c’est dur dur. Et ça ne va pas s’améliorer avec le temps, puisqu’avec un peu de chance, je serai de plus en plus demandé au niveau arbitral, professionnel et familial… »
Entretien : Laurent Toussaint