Le Léopold va affronter la « super star » Rebecchi

Les Uccloises du Léopold vont ce soir à l’Antwerp pour la 5 e journée en Division d’Honneur. Un déplacement périlleux face aux championnes en titre qui ont attiré une hockeyeuse de classe internationale pendant l’été. L’Argentine Carla Rebecchi possède un CV long comme le bras et a déjà planté quatre buts en deux matches. Focus et interview de l’une des joueuses les plus fortes de son époque.

Championne du monde 2010. Médaillée d’argent et de bronze aux Jeux Olympiques de Londres et Pékin. Quatre fois nominée au trophée de meilleure joueuse de la planète. Environ 300 sélections pour plus de 150 goals. Voici Carla Rebecchi, un monument du hockey argentin et international. À 36 ans, l’attaquante s’offre une pige en Europe avec Tokyo 2021 en ligne de mire. Évocation du phénomène de l’Antwerp avec une compatriote, une adversaire et une coéquipière.

1. Martina Ocampo du Léo est la compatriote de la joueuse argentine
« Carla est vraiment une fierté pour tout le pays. Elle est aimée dans le monde du hockey argentin mais aussi à l’international. Que ce soit chez les filles ou les garçons, elle est un vrai modèle. Elle a énormément travaillé pour avoir une telle carrière. Elle fait partie des meilleurs éléments que la nation a connus. Comme Delfina Merino, c’est une référence dans notre discipline. Devant elles, il n’y a évidemment que Luciana Aymar (NDLR : meilleure joueuse de tous les temps, considérée comme la Diego Maradona du stick). Je me suis mesurée à Carla quand nous étions jeunes. Elle était déjà dangereuse. Ce soir avec le Léo, ça ne va pas être facile. On fera bien entendu attention à elle, surtout sur penalty corner. Mais notre plus grande force, c’est notre collectif. On est très solidaire. Le hockey reste un sport qui se pratique à onze contre onze. Nous allons réfléchir ensemble comment la maîtriser elle, et son équipe. »

2. Jill Boon l’a croisée avec les Red Panthers et dans le championnat espagnol
« C’est le type de personnes contre lequel tu ne veux pas jouer. Lors des briefings d’avant match, il arrivait au coach de faire un zoom sur elle. C’est normal. Elle est tellement déterminante sur un terrain. Il y a peu de hockeyeuses que j’admire dans notre sport. Mais elle, c’est une légende. Surtout que je suis également attaquante. J’ai eu la chance d’être de sa génération. Je l’ai vue évoluer. Son style de jeu offensif fait vraiment vibrer. Puis elle affiche une telle longévité. Elle a 36 ans, est revenue de grossesse. Elle n’a pas juste des qualités balle au stick. Elle a aussi un gros mental. Elle n’abandonne jamais rien. »

3. Élodie Picard, la gardienne wavrienne, est sa coéquipière en club
« L’Antwerp ramène d’excellents transferts chaque année. Avec Carla, c’est encore un autre calibre. En deux apparitions, elle a déjà marqué quatre fois. Face au Wellington, elle s’est créé des actions incroyables. Au Daring, on récupère la balle puis elle part en contre, élimine une Molenbeekoise et plante tranquillement son but, comme si elle était en promenade au parc, sans pression. Techniquement, elle sait ce qu’il faut faire et à quel moment. Elle est très intelligente, anticipe beaucoup et a toujours un coup d’avance sur son opposante, que ce soit la gardienne ou une défenseuse. Sa lecture du jeu est son principal atout, selon moi. Puis on ne remarque pas du tout qu’elle a 36 ans et qu’elle a déjà eu une fille. Physiquement elle est hyper affûtée. C’est la meilleure joueuse de notre noyau. »

« Nous sommes très heureux de notre décision »

Carla, comment vous êtes-vous retrouvée en Belgique ?
« En Argentine, les clubs sont fermés. Nous ne pouvons donc pas jouer ni nous entraîner. Vu les prochains Jeux olympiques, impossible de rester sans compétition. Le coach de l’équipe nationale m’a donné l’autorisation de venir ici pour trois mois. »

Cela signifie que vous ne serez pas là toute la saison ?
« À la base, je dois reprendre en février avec ma sélection pour la préparation de Tokyo. Mais on ne sait pas encore si les Jeux auront vraiment bien lieu avec le coronavirus. Je reste donc trois mois, puis on voit comment ça se passe. »

À 36 ans, c’est encore une nouvelle aventure pour vous.
« La seule fois que j’ai joué pour un club européen, j’avais 22 ans. Désormais j’ai un mari et une fille, Vera. Donc oui, c’est une belle expérience pour ma famille et moi. Car nous sommes à trois ici. Tout a été assez vite. Mais nous sommes très heureux de notre décision. »

C’était important de venir ensemble ?
« Oui. Depuis que j’ai repris avec l’Argentine après ma grossesse, nous avons été beaucoup séparés à cause des tournois et entraînements. Ma fille me manquait vraiment. D’ailleurs le report des Jeux a été très difficile à accepter. Un an supplémentaire à moins voir ma famille, c’est dur. D’un autre côté, je veux y être (NDLR : l’or aux JO est le seul titre collectif qui lui échappe). Nous verrons comment tout ça évolue et ce que je ressens. »

À votre âge et avec votre palmarès, qu’est-ce que la Belgique et l’Antwerp peuvent vous apporter ?
« Le hockey belge est différent des autres. Les systèmes de jeu aussi. Il faudra donc que je m’adapte. Donc je vais apprendre. Puis je vais beaucoup m’entraîner et faire des sessions supplémentaires pour être la mieux préparée possible en vue des Jeux. »

Valentin Thiery, In Sud Presse, jeudi 1er octobre 2020.

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