A moins d’une semaine du coup d’envoi du tournoi olympique face aux Pays-Bas, la délégation belge a quitté Hiroshima pour rejoindre Tokyo. Après une semaine d’adaptation, les Lions vont donc entamer la dernière ligne droite de leur préparation dans la capitale japonaise. Le groupe est prêt et serein au moment d’entamer un tournoi auquel ils rêvent depuis près de 5 ans. Après l’argent à Rio, en 2016, les protégés de Shane McLeod veulent s’emparer du dernier titre majeur qui manque à leur palmarès. Pour Victor Wegnez, qui disputera ses premiers Jeux, rien n’est acquis. La concurrence sera rude au Japon et l’équipe devra être au sommet de son art pour décrocher l’or. Mais cela tombe bien, les Red Lions sont déterminés pour atteindre leur objectif. Comme en décembre 2018, lorsqu’ils avaient décroché leur premier titre mondial à Bhubaneswar.
Victor, l’excitation est totale à 6 jours du coup d’envoi du tournoi olympique ?
« Je ne réalise pas encore totalement. Je pense qu’une fois que nous arriverons dans le village olympique, je me rendrai réellement compte que nous y sommes réellement. Je suis impatient de voir comment cela vit dans le village. Je ne les ai jamais vécu mais j’en ai tellement entendu parler. »
Il y a eu une réelle appréciation avant la sélection de Shane McLeod ?
« Même si ma place semblait acquise, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il faut toujours rester humble et faire attention. Rien n’est acquis. Cela fait partie de ma mentalité même si je sais que j’avais fait le nécessaire pour mériter celle-ci. »
La médaille de bronze remportée lors du Championnat d’Europe a eu quelles conséquences sur la dernière ligne droite de la préparation ?
« Personnellement, cet Euro m’a fait beaucoup de bien après une saison en club difficile. J’ai été blessé à l’épaule et à la cheville et cela m’a privé des 2 derniers mois de compétition. Le tournoi européen m’a donc permis de rejouer au hockey au niveau international. Cela m’a fait du bien pour retrouver le rythme. J’ai également joué un peu au back droit pour aider l’équipe. Cela m’a fait du bien pour prendre mes marques même si le résultat final n’était pas celui que nous espérions. Cela a fait du bien à toute l’équipe de se prendre une petite claque et de redescendre un peu les pieds sur terre. Nous ne sommes pas invincibles et il faut être un peu plus fort dans tous les aspects du jeu pour gagner. Mais j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver l’équipe, les connexions et de me sentir à nouveau joueur des Red Lions. »
Tu l’as dit les standards n’ont pas toujours été à la hauteur à Amstelveen. Mais on vous a senti également un peu plus perméables à la critique que d’habitude. Comment tu expliques cela ?
« C’est vrai que nous avons été un peu surpris des critiques en provenance des médias. C’est vrai que la prestation face à l’Angleterre n’était pas à la hauteur. Mais cela fait partie du sport. On ne doit pas trop réagir par rapport à cela si on est confiant sur nos capacités. Ensuite, on a remis les pendules à l’heure face aux Néerlandais. Même si nous avons perdu cette rencontre, nos adversaires n’ont obtenu que 3 occasions sur le match. Nous étions solides tactiquement et collectivement. Il faudra encore effectuer un pas en avant pour aller chercher quelque chose à Tokyo. Malgré tout ce qui a été dit avant l’Euro, tous les joueurs étaient là pour gagner le tournoi. Ce n’était pas uniquement un tournoi préparatoire. Mais remporter une médaille de bronze ne constitue pas un drame si on s’empare de l’or aux Jeux. »
Ce Championnat d’Europe vous a permis de tirer de très nombreux enseignements avant les J.O.
« Beaucoup de joueurs ont évolué comme ils le faisaient en club et ce n’est pas suffisant. Nous avons remis en place les standards obligatoires pour évoluer sous le maillot des Red Lions. Nous devons également respecter le plan. Perdre nous a fait du bien après avoir engrangé pas mal de succès ces dernières années. Je ne vais pas dire que nous prenions la grosse tête mais la mentalité était toutefois un peu différente ces derniers temps. »
Les 2 clés pour gagner demeurent un jeu collectif et une défense de fer. Sinon la machine a tendance à s’enrayer…
« Oui, exactement. Nous avons encaissé beaucoup trop de buts durant cet Euro. En 2019, nous en avions pris 2 et ici, en encaisser 10, ce n’est pas acceptable ! Cela fait aussi partie de l’apprentissage pour Tokyo. On a donc mis le focus là-dessus durant ces dernières semaines pour retrouver la solidité défensive qui étaient la nôtre quand nous avons remporté nos derniers grands tournois. »
L’ambiance générale des Jeux de ne sera pas idéale vu la situation sanitaire. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur vos performances ?
« Honnêtement, l’équipe qui s’adaptera le mieux aura le plus de chance de remporter le tournoi olympique. Il faudra être flexible et ne pas s’énerver. Il faudra rester relax. En ce qui concerne le public, nous y sommes à présent habitués. Même si on aurait évidemment préféré évoluer devant des tribunes pleines. Mais cela reste les J.O. et ce sera un événement unique. »
La Belgique est le grand favori pour ce tournoi ?
« Il faut être honnête. Nous ne sommes pas les seuls candidats à revendiquer le titre olympique. Je pointerai l’Allemagne qui a progressé de manière impressionnante ces 18 derniers mois, les Pays-Bas, l’Australie et l’Inde. »
Le début de tournoi sera déjà capital avec 2 duels face aux Pays-Bas et l’Allemagne en moins de 48 heures…
« Il ne faudra rien dramatiser même si on ne réussit pas un 6 sur 6. L’important sera de proposer du bon jeu et de mettre en place nos standards. Chaque match constituera un apprentissage vers la finale. Il faudra grandir au fur et à mesure de la phase de poule. L’important sera de gagner le quart de finale, la demi et la finale. Le format permet de prendre ses marques lors de la phase de poule. C’est clair que terminer aux 2 premières places de notre groupe nous permettra, sur papier, d’éviter 2 grosses nations en quarts. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver dans ce type de tournoi. Il faudra évoluer à son meilleur niveau lors des 8 matchs qui se disputeront en seulement 12 jours pour terminer sur le 1ère marche du podium. Il faudra donc rester dans sa bulle pour y parvenir. »
Les Red Lions visent l’or à Tokyo. Si vous n’y parvenez pas, ce sera obligatoirement un plantage ?
« Revenir sans médaille constituerait un échec. Mais ce serait une grosse déception si on perdait en finale. Revenir en Belgique avec l’argent autour du cou serait très douloureux. Nous n’avons qu’un objectif au moment d’aborder ces Jeux, c’est de remporter l’or. Toutefois, tout peut arriver lors d’un tournoi olympique et n’importe quelle médaille ne pourra, dès lors, pas non plus être sous-estimée. Il y a au moins 5 équipes qui peuvent revendiquer cette 1e place sur le podium à l’issue du tournoi olympique. C’est réellement beaucoup… »
Entretien : Laurent Toussaint