Si le Championnat d’Europe tombe un peu tôt dans le processus engagé par les Red Panthers depuis le départ de Niels Thijssen, le 3 décembre dernier, les joueuses belges abordent la compétition, à Amstelveen, avec un moral gonflé à bloc et des ambitions mesurées et légitimes. En effet, depuis la fin de l’année dernière, la 12e nation mondiale a retrouvé le feu sacré qui faisait défaut depuis la non-qualification pour les Jeux de Tokyo. Le groupe était frustré, démotivé voire à la dérive. Mais un homme a réussi à inverser la tendance, en seulement quelques mois, alors que la mission s’annonçait longue et périlleuse.
Adjoint et compatriote de Thijssen, qui avait lui-même succédé à Ageeth Boomgaardt (qui n’était restée en poste que 10 mois !), Raoul Ehren (47 ans) a accepté de relever le défi proposé par la Fédération, abandonnant, au passage, son poste de coach à succès à Den Bosch. Un chapitre exceptionnel dans sa carrière puisqu’il a réussi à construire une équipe redoutable qui a conquis pas moins de 9 titres de champions et 7 Coupe d’Europe de 2010 à 2021. Une success-story que les supporters des Panthers rêvent déjà de voir transposer à nos couleurs en quête de renouveau.
Au sein du groupe, les retours sont unanimes. Pour Alix Gerniers (213 sélections), l’une des 3 co-capitaine, ce choix était clairement le bon : « Chaque coach a mis son grain de sel dans l’évolution de notre équipe depuis une dizaine d’années. Ils nous ont, chacun, permis de franchir un nouveau cap. Mais Raoul possède un palmarès tout simplement incroyables. Il a également 3 filles à la maison et il sait donc parfaitement comment gérer des joueuses (Rires). Il nous a apporté énormément de confiance en offrant le même crédit à chacune d’entre nous. »
Des joueuses libérées et enthousiastes
Plutôt discret comme T2 – en tous cas vers l’extérieur – le Néerlandais s’est révélé depuis sa prise de fonction. Charismatique, travailleur, pointilleux, il sait parfaitement où il va. Sympathique et pédagogue avec la presse, il a rapidement mis tout le monde d’accord avec ses discours francs et ses analyses sans langue de bois. En quelques semaines, ses méthodes ont convaincu le groupe qui avait besoin de reconnaissance et de dialogue. « La grande qualité de Raoul est qu’il a réussi à nous mettre totalement en confiance et qu’il nous offre une véritable liberté sur le terrain », poursuit la Gantoise. « Nous pouvons faire ce que nous voulons tant que nous respectons la structure. Cela a libéré beaucoup de joueuses qui avaient besoin de cette autonomie. Cela permet, en outre, de nourrir certains objectifs sans nous mettre trop de pression sur les épaules. »
Pour Anouk Raes, ancienne capitaine de l’équipe nationale (281 sélections), ce choix pourrait offrir cette impulsion salutaire à un groupe qui manquait cruellement de repères. « Il était essentiel de retrouver une cohésion entre le staff et les joueuses. Le Néerlandais possède un bagage très solide au niveau tactique. Il a mis un projet concret en place mais surtout il a fixé des objectifs réaliste. On sent beaucoup de plaisir et de liberté. Mais pour être ambitieux, il faudra oser jouer son jeu, se focaliser sur soi-même et être créatif sur le terrain. »
Dimanche, face à l’Allemagne, les Panthères passeront un premier test dans cet Euro. Les demi-finales constituent un objectif audacieux mais finalement pourquoi pas réaliste si ce groupe accorde une confiance totale à Raoul Ehren qui sait parfaitement où les mener. Le Néerlandais semble avoir trouvé la clé pour sublimer son équipe. Un résultat à Amstelveen pourrait mettre un coup d’accélérateur supplémentaire au projet qui devra se concrétiser, à Paris, en 2024.
Laurent Toussaint (à Amstelveen), In Le Soir, samedi 5 juin 2021.