C’est à Valence, en décembre dernier, que les Red Panthers ont posé les jalons de leur renouveau. Une parenthèse qui a permis au groupe de relancer la machine sous l’impulsion du successeur de Niels Thijssen, dont la tâche s’annonce des plus ardues. Néanmoins, les premiers résultats engrangés lors des trois duels face à l’Espagne (deux succès et un partage) laissent entrevoir de belles perspectives pour cette équipe qui doit entreprendre de nombreux chantiers pour retrouver de sa superbe et, surtout, proposer des prestations à la hauteur de ses ambitions.
Pour Anouk Raes, ancienne capitaine de l’équipe nationale, la nomination de Raoul Ehren pourrait donner une impulsion salutaire à un groupe toujours en manque de repères. « Il sera essentiel de retrouver rapidement une cohésion entre le staff et les joueuses. Le Néerlandais doit obtenir l’adhésion de toutes les filles au projet. L’ensemble du noyau doit regarder dans la même direction. Ce n’était malheureusement plus le cas depuis la non-qualification pour les Jeux olympiques. Je ressens un chouette engouement et il faut reconstruire sur des bases solides. Cette équipe a montré de belles choses en Pro League, notamment qu’elle possédait le niveau pour rivaliser avec les grandes nations. »
Il semble donc que, 455 jours après la défaite face à la Chine lors du match décisif pour la qualification olympique, la Belgique éprouve toujours de terribles difficultés à chasser les démons de Changzhou et à effacer les stigmates de cet échec retentissant. « Nous avons effectué un pas en arrière dans les moments décisifs », poursuit la jeune maman aux 281 sélections, remerciée durant l’été 2019, juste avant le Championnat d’Europe à Anvers. « L’Euro 2017 avait été parfaitement négocié. Mais, après cela, nous avons connu des moments de doute. Nous avons moins cru au jeu proposé et à la tactique, et nous avons perdu la cohésion dans l’équipe. Si nous avions pu expliquer ces manquements, nous aurions pu rapidement corriger le tir. Mais ce n’était pas le cas. Après avoir loupé les Jeux, le staff a décidé de se débarrasser des plus anciennes. Il ne fallait dès lors pas s’attendre à des résultats immédiats sur le terrain. Cela manquait de leadership avec les départs de Jill Boon et d’Emilie Sinia. Le staff a ensuite perdu la confiance de plusieurs joueuses. »
Des attentes trop élevées ?
Mais plus question de ruminer le passé. Il faut dès à présent se focaliser sur l’avenir et sur le projet qui doit permettre aux Red Panthers de participer aux Jeux de Paris, en 2024. « Lors des derniers matchs, on a déjà assisté à de sérieux progrès. Vu les désillusions de ces dernières années, cette équipe n’a plus rien à perdre. L’essentiel est de retrouver du plaisir sur le terrain. Et c’est ce que l’on a vu lors des dernières sorties face à la Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, lors desquelles l’équipe a fait montre de beaucoup plus de créativité. Il faut reconstruire tactiquement sur le long terme et trouver un style de jeu qui correspond à l’ensemble du groupe. »
Néanmoins, pour relever ces nouveaux défis, il faudra peut-être écouter un peu plus le ressenti des joueuses, qui ne se sentent pas toujours suffisamment prises en considération. Le pas de côté effectué par Barbara Nelen, la capitaine, après les derniers duels de Pro League allait d’ailleurs dans ce sens. « On écoutait bien plus l’ancienne génération, incarnée par Gaëlle Valcke et Charlotte De Vos », conclut Anouk Raes. « J’ai toujours éprouvé le sentiment qu’on nous infantilisait. On attend parfois un peu trop de ce groupe. On a effectivement octroyé beaucoup de moyens aux Red Panthers, mais on exige énormément en retour. Il faut surtout faire attention à ne pas cramer l’équipe. »
Le processus pour réduire l’écart avec les autres nations bat donc son plein. Mais il faudra se montrer indulgent avec ce groupe, qui aura besoin de temps pour atteindre sa vitesse de croisière. L’Euro, programmé à Amsterdam, en juin prochain, tombera peut-être un peu tôt dans l’évolution des Red Panthers. Des prestations de qualité, un système efficace, de l’envie et du plaisir seront déjà de sérieux indicateurs d’un renouveau salutaire pour un groupe qui possède les qualités pour s’installer durablement dans le top 8 mondial.
Laurent Toussaint, In Le Soir, samedi 23 janvier 2021.
Photo : Virginie Lefour (Belga).